Danscet extrait de Juste la in du monde, le thĂšme de CaĂŻn et Abel est trĂšs prĂ©sent : À ce moment-lĂ  de la piĂšce, Louis n’a toujours rien rĂ©vĂ©lĂ© Ă  ses proches et envisage son
Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde - Partie I, scĂšne 4 Analyse linĂ©aire. DerniĂšre mise Ă  jour 02/12/2021 ‱ ProposĂ© par jllesaint Ă©lĂšve Texte Ă©tudiĂ© LA MERE. ─ Le dimanche... ANTOINE. ─ Maman ! LA MERE. ─ Je n’ai rien dit, je racontais Ă  Catherine. Le dimanche... ANTOINE. ─ Elle connaĂźt ça par cƓur. CATHERINE. ─ Laisse-la parler, tu ne veux laisser parler personne. Elle allait parler. LA MERE. ─ Cela le gĂȘne. On travaillait, leur pĂšre travaillait, je travaillais et le dimanche ─ je raconte, n’écoute pas ─, le dimanche, parce que, en semaine, les soirs sont courts, on devait se lever le lendemain, les soirs de la semaine ce n’était pas la mĂȘme chose, le dimanche, on allait se promener. Toujours et systĂ©matique. CATHERINE. ─ OĂč est-ce que tu vas, qu’est-ce que tu fais ? ANTOINE. ─ Nulle part, je ne vais nulle part, oĂč veux-tu que j’aille ? Je ne bouge pas, j’écoutais. Le dimanche. LOUIS. ─ Reste avec nous, pourquoi non ? C’est triste. LA MERE. ─ Ce que je disais tu ne le connais plus, le mĂȘme mauvais caractĂšre, bornĂ©, enfant dĂ©jĂ , rien d’autre ! Et par plaisir souvent , tu le vois lĂ  comme il a toujours Ă©tĂ©. Le dimanche ─ ce que je raconte ─ le dimanche nous allions nous promener. Pas un dimanche oĂč on ne sortait pas, comme un rite, Je disais cela, un rite, une habitude. on allait se promener, impossible d’y Ă©chapper. SUZANNE. ─ C’est l’histoire d’avant, lorsque j’étais trop petite ou lorsque je n’existais pas encore. LA MERE. ─ Bon, on prenait la voiture, aujourd’hui vous ne faites plus ça, on prenait la voiture, nous n’étions pas extrĂȘmement riches, non, mais nous avions une voiture et je ne crois pas avoir jamais connu leur pĂšre sans une voiture. Avant mĂȘme que nous nous marions, mariions ? avant qu’on ne soit mariĂ©s, je le voyais dĂ©jĂ  ─ je le regardais ─ il avait une voiture une des premiĂšres dans ce coin-ci, vieille et laide et faisant du bruit, trop, mais, bon, c’était une voiture, il avait travaillĂ© et elle Ă©tait Ă  lui, c’était la sienne, il n’en Ă©tait pas peu fier. ANTOINE. ─ On lui fait confiance. LA MERE. ─ Ensuite, notre voiture, plus tard, mais ils ne doivent pas se souvenir, ils ne peuvent pas, ils Ă©taient trop petits, je ne me rends pas compte, oui, peut-ĂȘtre, nous en avions changĂ©, notre voiture Ă©tait longue, plutĂŽt allongĂ©e, aĂ©rodynamique», et noire, parce que noir, il disait cela, ses idĂ©es, noir cela serait plus chic », son mot, mais bien plutĂŽt parce qu’en fait il n’en avait pas trouvĂ© d’autre. Rouge, je le connais, rouge, voilĂ , je crois, ce qu’il aurait prĂ©fĂ©rĂ©. Le matin du dimanche, il la lavait, il l’astiquait, un maniaque, cela lui prenait deux heures et l’aprĂšs-midi, aprĂšs avoir mangĂ©, on partait. Toujours Ă©tĂ© ainsi, je ne sais pas, plusieurs annĂ©es, belles et longues annĂ©es, tous les dimanches comme une tradition, pas de vacances, non, mais tous les dimanches, qu’il neige, qu’il vente, il disait les choses comme ça, des phrases pour chaque situation de l’existence, qu’il neige, qu’il pleuve, qu’il vente », tous les dimanches, on allait se promener. Quelquefois aussi, le premier dimanche de mai, je ne sais plus pourquoi, une fĂȘte peut-ĂȘtre, le premier dimanche aprĂšs le 8 mars qui est la date de mon anniversaire, lĂ , et lorsque le dimanche tombait un dimanche, bon, et encore le premier dimanche des congĂ©s d’étĂ© ─ on disait qu’on partait en vacances », on klaxonnait, et le soir en rentrant on disait que tout compte fait, on Ă©tait mieux Ă  la maison, des Ăąneries ─ et un peu aussi avant la rentrĂ©e des classes, l’inverse, lĂ  comme si on rentrait de vacances, toujours les mĂȘmes histoires, quelquefois, ce que j’essaie de dire, nous allions au restaurant, toujours les mĂȘmes restaurants, pas trĂšs loin et les patrons nous connaissaient et on y mangeait toujours les mĂȘmes choses, les spĂ©cialitĂ©s et les saisons, la friture de carpe ou des grenouilles Ă  la crĂšme, mais ceux -lĂ  ils n’aimaient pas ça. AprĂšs ils eurent treize et quatorze ans, Suzanne Ă©tait petite, ils ne s’aimaient pas beaucoup, ils se chamaillaient toujours, ça mettait leur pĂšre en colĂšre, ce furent les derniĂšres fois et plus rien n’était pareil. Je ne sais pas pourquoi je raconte ça, je me tais. Des fois encore, des pique-niques, c’est tout, on allait au bord de la riviĂšre, oh lĂ  lĂ  lĂ  ! bon, c’est l’étĂ© et on mange sur l’herbe, salade de thon avec du riz et de la mayonnaise et des Ɠufs durs, ─ celui-lĂ  aime toujours autant les Ɠufs durs─ et ensuite, on dormait un peu, leur pĂšre et moi, sur la couverture, grosse couverture verte et rouge, et eux, ils allaient jouer Ă  se battre. C’était bien. AprĂšs, ce n’est pas mĂ©chant ce que je dis, aprĂšs ces deux-lĂ  sont devenus trop grands, je ne sais plus, est-ce qu’on peut savoir comment tout disparaĂźt ? ils ne voulurent plus venir avec nous, ils allaient chacun de leur cĂŽtĂ© faire de la bicyclette, chacun pour soi, et nous seulement avec Suzanne, cela ne valait plus la peine. ANTOINE. ─ C’est notre faute. SUZANNE. ─ Ou la mienne. Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde - Partie I, scĂšne 4 Juste la fin du monde est une Ɠuvre rĂ©digĂ©e par Jean Luc Lagarce en 1990 suite Ă  la prise de conscience de son Ă©tat de santĂ©. Il s'agit d'une piĂšce de théùtre mettant en scĂšne Louis, un jeune homme de 34 ans allant rendre visite Ă  sa famille qu'il n'avait pas vue depuis longtemps. Cependant, la raison de sa visite n'est en aucun cas porteuse de bonnes nouvelles. Au bout de 12 ans sans avoir vu sa famille, Louis leur rend visite dans le but de leur annoncer qu'il est mourant. NĂ©anmoins, sa famille contrariĂ©e du fait qu'il n'a pas prĂ©venu avant de venir et du fait qu'il ne leur a jamais rendu visite auparavant, empĂȘche Louis d'en venir Ă  ce sujet sensible. Cette piĂšce va exprimer plusieurs thĂšmes qui vont tourner autour de la famille. L'auteur va introduire son histoire en prĂ©cisant le jour oĂč elle se dĂ©roule c'est-Ă -dire un dimanche et va durer prĂšs d'une annĂ©e. De plus, il traite les problĂšmes de familles qui sont assez courants tels que les reproches, le manque de communication, les difficultĂ©s de comprĂ©hension entre les personnages. Dans cette scĂšne, la mĂšre profite de la rĂ©union familiale afin d'Ă©voquer des souvenirs d'enfance de Louis et d'Antoine ayant une relation fraternelle tendue. Ceci va permettre de retracer l'Ă©volution des liens qui unissent chaque membre de la famille. Ainsi, on peut alors se demander comment la mĂšre raconte-t-elle les prĂ©mices de la tragĂ©die familiale ? Dans un premier temps, nous verrons la contrition d'Antoine que l'on retrouve de la ligne 1 Ă  la ligne 45. Par la suite, nous traiterons des souvenirs nostalgiques de la mĂšre de la ligne 16 Ă  la ligne 114. Et enfin dans un troisiĂšme et dernier temps nous Ă©tudierons le dĂ©litement familial de la ligne 115 Ă  la ligne 140. I. La contrition d'Antoine ligne 1 Ă  45 Tout d'abord, dĂ©s la premiĂšre ligne dimanche...» la mĂšre, s'apprĂȘte Ă  raconter une anecdote en l'introduisant par le jour de la semaine reprĂ©sentant le jour du seigneur et des rĂ©unions familiales. C'est un jour important pour elle puisqu'elle est proche de sa famille et que c'est le jour dans lequel de nombreux souvenirs refont surface. Cependant, Antoine va interrompre sa mĂšre Maman ! » ligne 2 puisqu'il ne veut pas faire resurgir ces anciens souvenirs qui peuvent pour lui ĂȘtre douloureux. Antoine a comme Ă©tĂ© victime du passĂ© puisqu'il a dĂ» surmonter seul le dĂ©part de son frĂšre, et prendre le rĂŽle de l'aĂźnĂ© avec sa petite sƓur, un rĂŽle qu'il a peut-ĂȘtre eu du mal Ă  tenir ce qui peut expliquer son cĂŽtĂ© agressif. On peut relever un manque de communication ici puisqu'il empĂȘche son entourage de divulguer n'importe quelles informations relevant du passĂ©. Suite Ă  cela, la mĂšre nie ses propos puis les justifie par le fait qu'elle raconte seulement des souvenirs du passĂ© Ă  sa belle fille Je n'ai rien 
 dimanche
 » ligne 3-5. Elle use de la figure de style de l'Ă©panorthose puisqu'elle se contredit en disant n'avoir rien dit puis en suivant son propos par le fait qu'elle Ă©tait seulement en train de raconter. C'est une maniĂšre de se dĂ©fendre et de se justifier par la mĂȘme occasion pour ne pas assumer ses torts. Antoine va donc affirmer que sa mĂšre raconte souvent des histoires du passĂ©, au point mĂȘme que son Ă©pouse puisse connaĂźtre ces histoires de façon prĂ©cise. elle connaĂźt 
 cƓur » ligne 6 Il s'agit encore d'une excuse pour esquiver le passĂ© et ces souvenirs pesants. Catherine, elle, va prendre la dĂ©fense de sa belle-mĂšre et exiger Ă  Antoine de la laisser raconter ce qu'elle a besoin de rapporter Laisse la parler 
 allait parler » ligne 7-9. On retrouve la rĂ©pĂ©tition du verbe "parler"’ pour insister sur le manque de communication prĂ©sent au sein de cette famille. Elle insiste sur le fait qu'Antoine cherche Ă  tout contrĂŽler sĂ»rement due Ă  l'absence de son frĂšre, mais aussi de son pĂšre. Sa mĂšre, quant Ă  elle, va employer les mots cela le gĂšne » ligne 10, provenant des Ă©crit bibliques, gĂ©henne exprimant l'enfer et fait donc parti du champ lexical de la souffrance physique et psychologique. Dans la phrase on travaillait 
 le dimanche » ligne 11 Ă  13, la mĂšre prĂ©cise de qui elle parle lorsqu'elle dit on travaillait ». En effet elle dit qu'elle-mĂȘme et le pĂšre travaillaient. On peut dire que c'est une forme d’épanorthose ici aussi puisqu'elle reprend son propos et tente de le corriger et mĂȘme d'y apporter des prĂ©cisions. Elle va finir par se rendre compte dans la phrase Je raconte, n'Ă©coute pas » que son fils ne l'Ă©coute pas et cherche Ă  fermer toutes les portes de communication. Il refuse catĂ©goriquement d'Ă©couter la moindre information lui rappelant son passĂ©. Elle commence donc Ă  raconter les souvenirs en insistant sur le jour du dimanche pour accentuer le fait qu'il s'agit pour elle d'un jour important, le jour du repos, le jour de la famille, le jour des souvenirs. Suzanne va alors interrompre sa mĂšre et s'adresser directement Ă  son frĂšre Antoine qui s'apprĂȘte Ă  s'en aller puisqu'il refuse catĂ©goriquement d'assister Ă  cette remĂ©moration de souvenirs oĂč est-ce que tu vas, qu'est-ce que tu fais ? » ligne 21-22. Dans la rĂ©ponse d'Antoine, nous retrouvons la rĂ©pĂ©tition du terme nulle part » pour bien insister sur la justification d'Antoine nulle part 
 le dimanche » ligne 23-27. En effet mĂȘme s'il ne veut pas assister Ă  la narration de sa mĂšre, il ne veut pas non plus que son entourage ait une image de lui similaire Ă  celle de son frĂšre Louis qui lui est rĂ©ellement parti. Suite Ă  cela Louis va faire preuve d'impudeur puisqu'il ose dire Ă  son frĂšre Reste avec, pourquoi non ? C'est triste » lignes 28-29, qui refuse simplement d'Ă©couter sa mĂšre raconter des souvenirs d'enfance or que lui-mĂȘme Ă  rĂ©ellement quittĂ© son foyer familial sans jamais prendre des nouvelles des siens. Par la suite, la mĂšre dresse un portrait d'Antoine qui est trĂšs entĂȘtĂ© depuis sa plus tendre enfance. Elle le dĂ©crit auprĂšs de Louis qui n'a assistĂ© ni Ă  l'Ăąge tendre ni Ă  l'adultisme de son petit frĂšre. Elle dit qu'il n'a pas pris en maturitĂ© et qu'il est tout autant puĂ©ril qu'autrefois. Elle paraĂźt rancuniĂšre suite Ă  l'impudicitĂ© de son fils. On peut apercevoir des tensions entre Antoine et la mĂšre qui doivent ĂȘtre prĂ©sentes depuis quelque temps maintenant. Dans la phrase Le dimanche ... impossible d'y Ă©chapper » ligne 36-42, nous retrouvons la rĂ©pĂ©tition du jour dimanche qui exprime un jour important pour la famille. On pourrait mĂȘme aller jusqu'Ă  dire qu'il s'agit d'un jour sacrĂ© puisqu’ici, la mĂšre parle d'un rituel d'oĂč l'utilisation du nom rite » qui est rĂ©pĂ©tĂ© deux fois. Elle insiste sur le fait que cela se produit chaque dimanche en utilisant les mots habitude » et impossible d'y Ă©chapper ». On peut alors comprendre qu'il s'agit d'une obligation et que cela peut ĂȘtre la source de souvenirs douloureux pour certains. Suzanne quant Ă  elle, malgrĂ© tout ses efforts reste celle qui vient aprĂšs, celle qui n'est pas concernĂ©e par les histoires familiales, car, trop jeune, elle n'Ă©tait pas consciente des affaires familiales antĂ©rieures C'est l'histoire d'avant 
 lorsque je n'existais pas encore » ligne 43-45. II. Les souvenirs nostalgiques de la mĂšre ligne 16 Ă  la ligne 114 Ensuite, dans la premiĂšre ligne de ce deuxiĂšme mouvement, la mĂšre insiste encore une fois sur le retour au prĂ©sent pour exprimer une coupure entre les Ă©vĂšnements du passĂ© et ceux du prĂ©sent. Elle aurait peut-ĂȘtre aimĂ© avoir les mĂȘmes habitudes qu'autrefois ce qui n'est pas le cas et ce qui la dĂ©sole. Nous retrouvons Ă©galement la rĂ©pĂ©tition du mot voiture pour exprimer une forme de fiertĂ© On prenait 
 une voiture » ligne 46-51. En effet, malgrĂ© leur statut modeste, ils avaient un vĂ©hicule qui est l'un des Ă©lĂ©ments les plus importants de ce deuxiĂšme mouvement. Cette voiture a permis de crĂ©er des souvenirs qui ont marquĂ© la famille, principalement la mĂšre. Cependant la personne la plus fiĂšre de cette acquisition Ă©tait le pĂšre. De plus, dans ce mouvement nous pouvons observer la confusion de la mĂšre qui rĂ©flĂ©chit en mĂȘme temps qu'elle parle ce qui la dĂ©soriente et la fait hĂ©siter entre le prĂ©sent de l'indicatif et le prĂ©sent du subjonctif Avant mĂȘme 
 dĂ©jĂ  » ligne 52-53. Ceci nous Ă©claire sur les problĂšmes de communication qu'elle peut avoir dus Ă  ses pensĂ©es illuminĂ©es par le passĂ©. Le pĂšre, lui est reprĂ©sentĂ© comme un ouvrier ayant travaillĂ© pĂ©niblement et longtemps pour obtenir un bien qui lui est cher comme sa voiture je le regardais 
 confiance » ligne 55-61. Il en est fier puisqu'il n'a pas acquis cette voiture gratuitement, au contraire il l'a mĂ©ritĂ© suite Ă  son implication dans son travail. La mĂšre cherche des dĂ©fauts Ă  ce bien en disant qu'il Ă©tait usĂ© et bruyant. Elle ne prend pas en compte le fait que, dĂ» Ă  son revenu modeste, il n'aurait pas pu obtenir une voiture de qualitĂ© comme elle aurait pu l'espĂ©rer. Il reprĂ©sente la fiertĂ© ouvriĂšre du 19e siĂšcle. De plus la mĂšre transforme le nous avions une voiture » en c'Ă©tait la sienne ». Elle appuie le fait que la voiture Ă©tait au pĂšre en premier avant d'ĂȘtre Ă  la famille. Elle dresse un portrait de lui comme quelqu'un de coutumier, de traditionnel. On pourrait mĂȘme affirmer qu'il a une prĂ©fĂ©rence pour son bien acquis que pour elle-mĂȘme. Ces propos sont confirmĂ©s par la remarque d'Antoine. Par la suite nous pouvons observer que la mĂšre semble perdue dans ses souvenirs. Elle croit vivre dans le passĂ© et semble se souvenir de chaque Ă©lĂ©ment du passĂ© comme si elle y Ă©tait coincĂ©e et pourtant elle a des doutes sur ce qu'elle raconte. Notamment lorsqu’elle emploie le peut-ĂȘtre » ligne 65. Elle a quelques fois des retours Ă  la rĂ©alitĂ© lorsqu'elle dit trop petits » ligne 64 elle rĂ©alise ailleurs qu'il est possible qu'il ne s'en rappelle plus au cours de leur maturitĂ©. On sent un dĂ©calage entre l'Ă©poque dans laquelle elle se sent et la rĂ©alitĂ©. En effet elle est persuadĂ©e d'ĂȘtre encore dans le passĂ© et pourtant elle emploie des termes tels que plus tard » ligne 62. D'aprĂšs la mĂšre et noire 
 son mot » ligne 69-71, le pĂšre disait avoir des idĂ©es noires ce qui reflĂšte son ressenti. Il devait se sentir comme dĂ©valorisĂ© ou de cĂŽtĂ©. Cela nous permet d'en savoir davantage sur les Ă©motions du pĂšre puisque nous ne savons pas grand-chose de lui au cours de la piĂšce. Il dit que le noir reprĂ©sente Ă©galement le chic ce qui fait lĂ©gĂšrement contradiction avec les revenus de la famille. En effet il s'agit d'une famille modeste, et le terme chic» reprĂ©sente surtout les classes sociales riches. De plus la prise de soin de la voiture passe en prioritĂ©. Par la suite la famille rĂ©alise ces activitĂ©s hebdomadaires. Le sens de prioritĂ© est influencĂ© par les prĂ©fĂ©rences de chacun, dans ce cas on peut affirmer que l'amour que le pĂšre a pour sa voiture est peut-ĂȘtre plus important que celui qu'il a pour sa famille. NĂ©anmoins la mĂšre est vraiment attachĂ©e Ă  ces annĂ©es qui regroupent tous ses meilleurs souvenirs Plusieurs annĂ©es, belles et longues annĂ©es » ligne 82. Elle aurait prĂ©fĂ©rĂ© que ces traditions perpĂ©tuent, mais un Ă©lĂ©ment Ă  dĂ©clenchĂ© la fin de ces traditions et donc de ses merveilleux souvenirs. Le pĂšre Ă©tait Ă©galement attachĂ© Ă  ces petites habitudes jusqu'Ă  les appliquĂ©s mĂȘme dans les pires conditions mĂ©tĂ©orologiques Qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il vente » ligne 88. Ceci explique sĂ»rement l'attachement que la mĂšre a pour ses coutumes. Du Ă  toutes ces Ă©motions, la mĂšre commence Ă  se mĂ©langer les pinceaux lors de son explication, elle traite du premier dimanche de mai puis le premier dimanche aprĂšs le 8 mars. Elle ne sait plus oĂč elle en est ou mĂȘme ce qu'elle dit. Elle ne finit plus ses phrases puisqu'elle-mĂȘme ne sait pas quoi dire ni comment complĂ©ter ses propres phrases. Elle paraĂźt confuse et ne se souvient plus vraiment de cette pĂ©riode de leur vie. La famille va alors s'inventer des vacances, car pour eux les vacances ne sont pas reprĂ©sentĂ©es par le lieu, mais bien avec quelles personnes elles sont rĂ©alisĂ©es. on disait 
 histoires » ligne 98-104. La mĂšre Ă©tablit une description du pĂšre comme quelqu'un qui n'est pas aventurier qui ne possĂšde rien d'Ă©tonnant. Un pĂšre de famille basique qui ne sort pas du lot, mais qui ne lui dĂ©plaĂźt pas pour autant. Elle se contente de cela et est nostalgique de cette pĂ©riode. Elle emploie le terme Ăąneries » comme pour dire que ce sont des bĂȘtises influencĂ©es par un comportement puĂ©ril du pĂšre. À la fin de ce deuxiĂšme mouvement, la mĂšre explique que la famille se rendait parfois au restaurant et oĂč on leur servait des spĂ©cialitĂ©s de saisons malgrĂ© leur instabilitĂ© financiĂšre nous allions 
 ça » ligne 106-113. Ceci se passe encore une fois le dimanche un jour vraiment spĂ©cial pour l'intĂ©gralitĂ© de la famille. Cette famille semble comme sociable puisqu'elle a fini par ĂȘtre assez proche des gĂ©rants du restaurant. Ceci appuie le caractĂšre spĂ©cial du dimanche rapprochant la famille, mais aussi les inconnus de cette derniĂšre. Nous pouvons relever le terme ceux-lĂ  », employĂ© par la mĂšre pour dĂ©crire ses enfants auprĂšs de Catherine, ce qui insiste sur les tensions prĂ©sentes au sein de la famille. III. Le dĂ©litement familial ligne 115 Ă  140 Enfin, dĂšs le dĂ©but de ce troisiĂšme mouvement, la mĂšre tient ses enfants responsable de la rupture de ces habitudes familiales, causĂ©e par leur croissance AprĂšs 
 pareil » ligne 114-118. Elle leur reproche d'avoir grandi et d'ĂȘtre coupables de ce dĂ©litement familial par leur dispute. Ceci en dit long sur le rapport que la mĂšre a avec ses enfants, elle se dit que s'ils Ă©taient restĂ©s aussi petits qu'avant peut-ĂȘtre que ces traditions auraient perpĂ©tuĂ©. Ce qui explique la raison pour laquelle ses idĂ©es restent constamment dans le passĂ©. C'est Ă  partir de ce moment lĂ  que l'union familiale c'est fragilisĂ©e. Elle va par la suite se rendre compte de ce qu'elle a dit devant ses enfants et tente de se rattraper en s'excusant indirectement. Elle poursuit son propos en disant qu'elle arrĂȘte de parler et finit par changer de sujet et raconter la suite de ses joyeux souvenirs je ne sais pas pourquoi je raconte ça, je me tais » ligne 119. Encore une fois, on remarque une difficultĂ© de communication puisque la mĂšre se retient de parler pour Ă©viter de rabaisser ou de blesser ses enfants. Elle a eu le rĂ©flexe de changer de sujet, ce qui est arrivĂ© de nombreuses fois au cours de la piĂšce lorsque des propos blessants font surface dans la discussion. Dans la phrase des fois encore, des piques-niques, c'est tout 
 oh lĂ  lĂ  lĂ  », on peut apercevoir la remontĂ©e de souvenirs immĂ©diate exprimĂ©e par le oh lĂ  lĂ  lĂ  ». Elle est heureuse de raconter ces moments merveilleux passĂ©s avec sa famille avant que celle-ci ne se dĂ©truise. Elle utilise Ă©galement le c'est tout » pour insister sur la banalitĂ© des activitĂ©s rĂ©alisĂ©es en ce temps. Une activitĂ© banale pour les autres familles, mais considĂ©rable pour elle. Nous pouvons observer une utilisation du prĂ©sent de l'indicatif exprimĂ©e par la mĂšre, comme si elle racontait un Ă©vĂšnement actuel. Elle rĂ©flĂ©chit en mĂȘme temps qu'elle parle et fais donc des erreurs entre le moment oĂč elle raconte et celui oĂč l'histoire se dĂ©roule. La mĂšre revient ensuite immĂ©diatement Ă  l'imparfait lors de sa narration. Elle utilise encore une fois la figure de style de l'Ă©panorthose lorsqu'elle prĂ©cise son propos au moment mĂȘme oĂč elle parle de la couverture. En disant c'Ă©tait bien », la mĂšre exprime le fait que ça ne l'ait plus puisqu'elle emploie l'imparfait pour qualifier l'Ă©poque ou tout allait bien. Elle regrette ce temps et insinue que le temps actuel, sans le pĂšre, avec un retour de Louis brutal, et les tensions prĂ©sentes dans la maison est un temps qu'elle aurait prĂ©fĂ©rĂ© Ă©viter de vivre. Avant mĂȘme de commencer Ă  rapprocher quoi que ce soit, elle tente d'attĂ©nuer ses mots pour Ă©viter de brusquer qui que ce soit. Indirectement elle accuse ses enfants d'ĂȘtre la cause de la dĂ©sagrĂ©gation de la famille AprĂšs, ce n'est pas mĂ©chant ce que je dis non, aprĂšs ces deux-lĂ  sont devenus trop grands, je ne sais plus » ligne 31-33. Elle va Ă©galement user d'une question rhĂ©torique dans laquelle la mĂšre rĂ©alise que tout ça appartient au passĂ© et que rien ne fera revenir ces doux moments est-ce qu'on peut savoir comment tout disparaĂźt ? » ligne 134. Elle cherche tout de mĂȘme Ă  comprendre quoi ou bien qui a dĂ©clenchĂ© tant de facteurs ayant participĂ© Ă  cette destruction. GrĂące Ă  la phrase Ils ne voulurent 
 pour soi » ligne 135-136, nous pouvons comprendre que Louis n'est pas le seul responsable de cette destruction familiale. En effet, bien avant le dĂ©part de Louis, la famille Ă©tait dĂ©jĂ  presque totalement dĂ©truite principalement dĂ» Ă  l'Ă©loignement des deux frĂšres dans leur enfance. Ils ont pris des chemins diffĂ©rents exprimĂ©s par la mĂ©taphore chacun de leur cĂŽtĂ© faire de la bicyclette ». La bicyclette reprĂ©sente le chemin de vie, les objectifs, les ambitions de chacun qui Ă©taient contradictoires. La mĂšre paraĂźt triste, nostalgique, déçue lorsqu'elle parle de l'Ă©loignement des deux frĂšres. Suzanne, elle, est encore une fois mise de cĂŽtĂ©. Son enfance ne compte pas aux yeux de la famille puisque les parents ont dĂ©cidĂ© de mettre fin Ă  ces coutumes suite Ă  la sĂ©paration des deux frĂšres et n'ont pas tenu compte du fait que Suzanne aurait pu Ă©galement avoir une enfance comme celle de ses frĂšres. Elle a toujours Ă©tĂ© Ă  l'Ă©cart, que ce soit par rapport aux histoires familiales, ou bien par son Ăąge trop jeune qui l'a empĂȘchĂ© de vivre une belle enfance auprĂšs de sa famille. Elle a Ă©tĂ© dĂ©laissĂ©e par ces deux frĂšres puisqu’aprĂšs le dĂ©part de Louis, Antoine n'a pas eu un rĂŽle de grand frĂšre trĂšs protecteur, mais plutĂŽt rabaissant. À la fin de ce troisiĂšme mouvement, et de cette scĂšne, Antoine se rend compte de la peine qu'il a provoquĂ©e auprĂšs de sa famille du fait qu'il se soit mis Ă  l'Ă©cart de sa famille durant son adolescence. Il reconnaĂźt ses fautes C'est notre faute » ligne 139. Suzanne s'excuse Ă©galement et se sent responsable de sa propre naissance et pense que celle-ci a jouĂ© durant ce dĂ©litement Ou la mienne » ligne 140. Cependant elle n'y est pour rien, mais tente quand mĂȘme d'attirer l'attention sur elle. Elle se sent tellement Ă  l'Ă©cart de toutes ces histoires familiales qu'elle serait prĂȘte Ă  se rendre responsable de tout cela pour obtenir sa place au sein de la famille. Contrairement Ă  son frĂšre et sa sƓur, Louis fait preuve de silence comme depuis le dĂ©but de la piĂšce. Il ne se sent pas responsable de tout cela alors que le facteur ayant dĂ©truit la famille dĂ©finitivement est son dĂ©part de la maison qui a durer des annĂ©es. Conclusion Pour conclure, dans cette scĂšne, la mĂšre tente d'exprimer de façon la plus dĂ©taillĂ©e les souvenirs merveilleux qu'elle possĂšde avec le reste de sa famille. Des souvenirs qu'Antoine cherche Ă  oublier. Il Ă©vite d'Ă©couter comme il peut ces histoires lui rappelant son passĂ© avec son frĂšre et son pĂšre, avant mĂȘme qu'il prenne la dĂ©cision de les quitter. On peut relever de la souffrance chez Antoine notamment dans le premier mouvement, cette histoire racontĂ©e par sa mĂšre est une histoire qu'il a entendue de nombreuses fois et qu'il refuse d'entendre de nouveau. Louis reste comme il peut silencieux et ne dĂ©cide de parler que pour faire une remarque assez dĂ©placĂ©e. Dans cette scĂšne nous pouvons Ă©galement comprendre Ă  quel moment les relations familiales ont commencĂ© Ă  se fragiliser et se dĂ©truire. La mĂšre raconte comment une famille heureuse et trĂšs proche a pu se retrouver sĂ©parĂ©e comme actuellement. Elle raconte l'histoire de toute une vie qui met fin, une forme de peste effacĂ©e, et tente comme elle peut d'avoir un minimum d'attention sur elle et de participer aux histoires familiales auxquelles elle n'a pas assistĂ©.
DucĂŽtĂ© de son frĂšre Antoine (Vincent Cassel), Mais Juste la fin du monde n’est pas seulement un film sur une famille dysfonctionnelle. Au cƓur du rĂ©cit, imaginĂ© par Jean-Luc
Louis, le personnage principal de Juste la fin du monde n’est pas PhĂšdre, ni Oedipe, et pourtant, il joue au HĂ©ros tragique. DĂšs le titre, son destin est Ă  la fois exagĂ©rĂ© et attĂ©nuĂ© quelle est cette apocalypse annoncĂ©e de maniĂšre si Ă©trange ? Ce titre mĂ©riterait d’ailleurs une vidĂ©o entiĂšre, oĂč on pourrait s’amuser Ă  y trouver, mettons, 12 figures de style
 Ce qu’on retient surtout pour l’instant, c’est que la tragĂ©die est bien prĂ©sente dĂšs le titre, mais de maniĂšre ironique, dĂ©calĂ©e, paradoxale. On va donc tout de suite revenir sur cette notion de tragĂ©die c’est un peu thĂ©orique, mais vous allez voir, ça vaut le coup ! Le HĂ©ros tragique est toujours Ă  la fois un peu coupable et un peu innocent. Certes, Ă©crasĂ© par un destin qui le dĂ©passe, mais aussi toujours un peu responsable de ses aveuglements. Alors c’est vrai, ces notions datent de la PoĂ©tique d’Aristote mais elles continuent de nous toucher aujourd’hui le HĂ©ros, victime de son destin fatal, suscite la terreur et la pitiĂ©, et produit la catharsis la purgation de nos passions. Et c’est lĂ  que s’ajoute l’ironie de Lagarce on va voir qu’il reprend ces mĂ©canismes de la tragĂ©die, pour affĂ»ter notre esprit critique nous sommes invitĂ©s Ă  douter des personnages, pour mieux les juger et soupeser leur Ăąme
 VoilĂ  le privilĂšge du spectateur ! Et maintenant, prenons encore de la hauteur et si le théùtre, feignant de nous divertir, Ă©tait ce personnage jouant sa propre perte ?... Lagarce avance cette idĂ©e dans le mĂ©moire de philosophie qu’il Ă©crit sur l’Histoire du théùtre, Ă©coutez Il s’agit de refuser la convention et de fait, l’utilisation du théùtre comme simple divertissement [...]. Il s’agit [...] que le théùtre aille Ă  sa perte c’est lĂ  le seul théùtre possible. Jean-Luc Lagarce, Théùtre et pouvoir en occident, Les Solitaires Intempestifs, 1980-2011. Avant de commencer, je tenais Ă  adresser tous mes remerciements aux Éditions des Solitaires Intempestifs qui ont rendu cette vidĂ©o possible. Pour incarner les personnages, plusieurs comĂ©diens m’ont prĂȘtĂ© leur voix Franck Tonnelier, fondateur d’une Ă©cole de théùtre en ligne, ouverte Ă  tous L’Espace du Songe. Il incarne Louis. Fanny Chevalier, disponible sur RS doublage, sera Suzanne. JĂ©rĂ©mie Hamon, qui joue par ailleurs dans la Compagnie Étincelle, prĂȘte sa voix Ă  Antoine. Jeannine Milange, propose ses lectures sur sa page facebook, et jouera le rĂŽle de La MĂšre. Natalia Fintzel publie rĂ©guliĂšrement ses rĂ©alisations sur sa chaĂźne Théùtre Histoire et LittĂ©rature ». Elle sera Catherine. Prologue Un personnage arrive sur scĂšne, seul. On reconnaĂźt le rĂŽle introducteur du chƓur antique, qui prĂ©sente l’intrigue et les rĂ©actions attendues d’un public idĂ©al l’intĂ©rĂȘt, l’empathie. Mais comme pour nous inviter tout de suite Ă  la mĂ©fiance, la tirade de ce personnage, trĂšs subjective, tient plus du journal intime que du discours explicatif d’un coryphĂ©e. LOUIS. — Plus tard, l’annĂ©e d’aprĂšs — J’allais mourir Ă  mon tour — [...] je dĂ©cidai de retourner les voir, [...] pour annoncer [...] ma mort prochaine et irrĂ©mĂ©diable. Ce personnage aime brouiller les pistes ! Est-ce un revenant, est-il dĂ©jĂ  mort ? On suppose qu’il est malade, mais ce n’est jamais dit dans la piĂšce. Les commentateurs rappellent souvent que Jean-Luc Lagarce est lui-mĂȘme atteint du Sida en 1988, dont il mourra en 1995. Mais attention, la piĂšce n’a rien d’autobiographique ! Je dirais mĂȘme que ce personnage de Louis n’est malade que de sa posture tragique, de cette fatalitĂ© qu’il nous dĂ©clare d’emblĂ©e, comme pour mieux se dĂ©finir Ă  nos yeux. Peut-ĂȘtre, un malade imaginaire, un tragĂ©dien imaginaire
 À mon tour » À qui Louis fait-il allusion ? À d’autres qui sont malades comme lui ? À son pĂšre qui est dĂ©jĂ  mort ? Aux HĂ©ros de tragĂ©die ? À tout ĂȘtre humain ? À Dieu lui-mĂȘme ? En tout cas, dĂšs ce prologue, on dĂ©couvre plusieurs niveaux de lecture personnel, familial, théùtral, philosophique
 Pour mieux les dĂ©couvrir, j’ai rĂ©alisĂ© pour vous une vidĂ©o d’explication linĂ©aire de ce passage, sur mon site. PremiĂšre partie ScĂšne 1 Louis arrive dans la maison familiale, il ne connaĂźt pas encore Catherine, la femme de son frĂšre Antoine, c’est sa petite sƓur Suzanne, 23 ans, qui fait les prĂ©sentations. SUZANNE. — Tu lui serres la main ? [...] On dirait des Ă©trangers. [...] Ne lui serre pas la main, embrasse-la. [...] ANTOINE. — Suzanne, ils se voient pour la premiĂšre fois ! Souvent chez Lagarce, les paroles sont ainsi dĂ©passĂ©es par ce qui n’est pas dit gestes, intonations. On devine Suzanne heureuse de retrouver son frĂšre — Antoine plus rĂ©ticent — et la MĂšre semble vouloir oublier toutes ces annĂ©es d’absence. LA MÈRE. — Ne me dites pas ça, ils ne se connaissent pas. [...] Louis, tu ne connais pas Catherine ? [...] ANTOINE. — Comment veux-tu ? Tu sais trĂšs bien. VoilĂ  l’un des thĂšmes principaux de notre piĂšce l’intrigue familiale. Chacun Ă  sa maniĂšre reproche Ă  Louis son absence... Pour explorer l’implicite de ce passage, je vous propose une vidĂ©o d’explication linĂ©aire, sur mon site. ScĂšne 2 Catherine et Antoine ont deux enfants, une fille de 8 ans, et un garçon de 6 ans, qui ne sont pas lĂ . VoilĂ  un sujet de conversation parfait ! Mais Antoine interrompt sa femme ANTOINE. — Laisse ça, tu l'ennuies. LOUIS. — Pourquoi est-ce que tu as dit ça ? c’est mĂ©chant, pas mĂ©chant, non, c’est dĂ©plaisant. Cela ne m’ennuie pas du tout, tout ça, mes filleuls, neveux. Voyez comment Louis donne le mauvais rĂŽle Ă  son frĂšre, par un reproche attĂ©nuĂ© mĂ©chant » devient dĂ©plaisant ». C’est une figure courante chez Lagarce l’épanorthose, reformuler pour gagner en exactitude. Mais le premier jet reste rĂ©vĂ©lateur ! Lagarce en parle notamment dans un trĂšs bel article qu’on trouve dans Du Luxe et de l’Impuissance, et oĂč il confie ses secrets d’écriture Avec l'ordinateur, ont disparu le brouillon, la rature et le remords. [...] Ne reste, au bout du compte, Ă  tort, que le dernier mot choisi. Jean-Luc Lagarce, Du Luxe et de l'impuissance, Comment j'Ă©cris », Les Solitaires intempestifs, 1995. Ces hĂ©sitations, ces corrections qui envahissent le langage rĂ©vĂšlent bien les crises que traversent les personnages. Quel rĂŽle joue la parole dans les crises de la piĂšce ? Pour en savoir plus, je traite ce sujet de dissertation, pas Ă  pas, sur mon site. On apprend alors que le garçon de six ans s’appelle Louis, Catherine explique CATHERINE. — Il porte avant tout le prĂ©nom de votre pĂšre et fatalement, par dĂ©duction... Nous nous sommes dit ça, que nous l’appelions Louis, comme votre pĂšre, donc, comme vous, de fait. ANTOINE. — Les rois de France. On devine alors que ce prĂ©nom, qui est le prĂ©nom du pĂšre, symbolise une certaine responsabilité  Dans une dynastie comme celle des Bourbons les rois de France » comme le fait remarquer Antoine, le prĂ©nom Louis trace un destin
 ScĂšne 3 C’est le premier tĂȘte-Ă -tĂȘte de la piĂšce Louis se retrouve seul avec sa jeune sƓur Suzanne. Elle lui parle des cartes postales qu’il envoie rĂ©guliĂšrement SUZANNE. — Parfois, tu nous envoies des lettres, [...] de petits mots, juste des petits mots [...] comment est-ce qu’on dit ? elliptiques. Suzanne met le doigt sur quelque chose ces cartes postales ne sont-elles pas des excuses qui lui Ă©vitent de demander de rĂ©elles nouvelles, et qui lui permettent de rester absent ? Chaque personnage a comme ça, des arrangements plus ou moins conscients. Pour creuser leur complexitĂ©, je reviens sur chacun des personnages, en dĂ©tail, sur mon site. Suzanne admire beaucoup son frĂšre il Ă©crit, il prend l’avion
 Elle a une voiture, mais c’est surtout pour conduire sa mĂšre, et elle se rĂ©signe Ă  rester lĂ , amĂ©nageant l’étage qu’elle oppose Ă©trangement au rez-de-chaussez, ici-bas. SUZANNE. — C'est comme une sorte d'appartement. [...] Mais ce n'est pas ma maison, [...] il y a plus de confort qu'il n'y en a ici bas. Ce mĂ©tier d’écrivain qui Ă©loigne Louis du reste de sa famille, fait qu’on peut le dĂ©crire comme un transfuge de classe » une notion de philosophie sociale, qui dĂ©signe un individu qui a changĂ© radicalement de milieu social. En tout cas, par sa profondeur et sa complexitĂ©, cette piĂšce se prĂȘte bien Ă  un regard pluridisciplinaire moderne quand la sociologie Ă©claire les dynamiques familiales et leurs rĂ©percussions psychologiques. ScĂšne 4 Les voilĂ  Ă  nouveau tous rĂ©unis. Par nostalgie, la mĂšre raconte le passĂ©, quand son mari Ă©tait encore en vie. Elle s’adresse Ă  Catherine, tandis qu’Antoine veut l’interrompre. LA MÈRE. — Tous les dimanches, comme une tradition [...] qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il vente » tous les dimanches, on allait se promener. ANTOINE. — Maman ! [...] Elle connaĂźt ça par cƓur. L’histoire de la mĂšre est pleine d’indices concernant le passĂ©. Et on devine finalement pourquoi Antoine n’aime pas entendre cette histoire c’est un reproche cachĂ©. LA MÈRE. — AprĂšs, [...] ces deux-lĂ  sont devenus trop grands, [...] et nous seulement avec Suzanne, cela ne valait plus la peine. ANTOINE. — C’est notre faute. SUZANNE. — Ou la 5 Dans ce monologue, Louis nous rĂ©vĂšle une de ses pensĂ©es la conviction que fatalement, on va cesser de l’aimer. Mais, et si c’était lui-mĂȘme qui dĂ©courageait les autres de l’aimer ?
 LOUIS. — Ils renoncĂšrent Ă  moi, tous, d’une certaine maniĂšre [...] parce que je les en dĂ©courage, Cette absence d’amour dont je me plains [...] toujours fut pour moi l’unique raison de mes lĂąchetĂ©s. Il faut lire et relire ces monologues de Louis, parce qu’ils donnent accĂšs Ă  ses pensĂ©es, un peu comme la focalisation interne d’un roman, rĂ©vĂ©lant la subjectivitĂ© d’un personnage. Mais restons mĂ©fiants des indices nous laissent entendre qu’il peut nous mentir et/ou se mentir Ă  lui-mĂȘme. Quelle est la cause de ce sentiment de manque d’amour ? Un arrangement une lĂąchetĂ© ? La naissance du frĂšre ou la mort du pĂšre ? Une orientation sexuelle secrĂšte ? Ce passage soulĂšve des non-dits et rĂ©vĂšle des zones d’ombre. ScĂšne 6 et 7 DeuxiĂšme tĂȘte-Ă -tĂȘte de la piĂšce cette fois-ci avec Catherine. Elle lui parle surtout d’Antoine CATHERINE. — Sa situation, vous ne la connaissez pas [...] Ce n’est pas un reproche, — Je ne voudrais pas avoir l’air de vous faire un mauvais procĂšs — [...] Mais lui, [...] il en dĂ©duit certainement que sa vie ne vous intĂ©resse pas. [...] et ce n’est pas ĂȘtre mĂ©chant, [...] que de penser qu’il n’a pas totalement tort. Catherine aussi reformule sans cesse ses propos, pour mieux faire passer son message. Je ne voudrais pas avoir l’air de vous faire un mauvais procĂšs » On peut parler ici d’une prĂ©tĂ©rition laisser entendre ce qu’on affirme ne pas dire. Et en effet, la piĂšce elle-mĂȘme ressemble Ă  un procĂšs chaque personnage vient tĂ©moigner. Le spectateur peut alors soupeser l’ñme de Louis, comme des dieux antiques
 Et vous, Ă  quel point nous semble-t-il innocent, ou coupable ? Ironie de la situation alors que Louis venait annoncer sa mort, il va devoir Ă©couter, c’est-Ă -dire, devenir spectateur. Mais saura-t-il vraiment entendre les autres ? Le prĂ©nom Louis » rĂ©sonne comme le sens de l’ouĂŻe, ce n’est certainement pas un hasard
 En tout cas, quand il tente d’expliquer ce qu’il est venu faire, Catherine l’interrompt elle ne veut pas transmettre de message, ce n’est pas son rĂŽle ». La scĂšne 6 mĂ©rite alors qu’on la relise en gardant Ă  l’esprit l’avis que Suzanne donne dans la scĂšne suivante il ne faut pas s’y fier, elle sait dĂ©cider, elle Ă©nonce bien »  ScĂšne 8 TroisiĂšme tĂȘte-Ă -tĂȘte de Louis, cette fois-ci avec sa mĂšre, qui le prĂ©vient son frĂšre et sa sƓur vont profiter qu’il soit lĂ , pour essayer de lui parler, mais maladroitement. LA MÈRE. — Ce qu’ils voudraient, c’est que tu les encourages peut-ĂȘtre — [...] que tu dises Ă  Suzanne — mĂȘme si ce n'est pas vrai, un mensonge qu'est-ce que ça fait ? [...] qu'elle pourrait te rendre visite, [...] Que tu lui donnes Ă  lui, Antoine, le sentiment qu’il n’est plus responsable de nous. On retrouve bien ici le mythe biblique du fils prodigue qui abandonne sa famille, mais restera toujours bien accueilli. C’est une parabole que JĂ©sus raconte dans le Nouveau Testament, pour dire une chose tout pĂ©cheur peut racheter ses fautes, s’il montre des remords. C’est donc un moment Ă©mouvant, parce qu’un geste de Louis semble pouvoir rĂ©soudre les conflits de cette famille
 Mais en relisant le passage, vous verrez que de nombreux indices remettent dĂ©jĂ  en cause cet espoir. Un peu comme la Pythie antique, la mĂšre ne rĂ©alise pas la portĂ©e de ses propres mots. En autorisant Louis Ă  mentir, elle lui fournit en fait une parfaite Ă©chappatoire vers son destin... ScĂšne 9 Tout le monde se retrouve autour d’un cafĂ©. Mais comme Catherine vouvoie Louis, Suzanne s’étonne, Antoine se moque, elle rĂ©pond, c’est une nouvelle crise ANTOINE. — Comment est-ce que tu me parles ? [...] c’est parce que Louis est lĂ , c’est parce que tu es lĂ , tu es lĂ  et elle veut avoir l’air. Il est particuliĂšrement intĂ©ressant de comparer cette scĂšne avec la version, trĂšs diffĂ©rente, du film de Dolan
 Finalement, tout le monde quitte la table, sauf Catherine, qui reste seule. C’est l’une des rares didascalies de la piĂšce ! ScĂšne 10 Nouveau monologue de Louis, qui se prend Ă  espĂ©rer que le monde disparaisse avec lui LOUIS. — Étranger. Je pense du mal. Je n'aime personne, je ne vous ai jamais aimĂ©s, c'Ă©tait des mensonges, Pourquoi la Mort devrait-elle me rendre bon ? Ce mot Ă©tranger » nous rappelle Meursault, l’étranger de Camus, incontestablement coupable d’un meurtre absurde, condamnĂ© Ă  mort surtout pour n’avoir pas pleurĂ© Ă  l’enterrement de sa mĂšre
 La derniĂšre piĂšce de Lagarce, Le Pays Lointain, en dit plus long sur Louis, cette fois-ci entourĂ© de personnages du passĂ©, comme l’ami de longue date LONGUE DATE. — Revenir aprĂšs tant d'annĂ©es, revenir sur ses propres traces et avoir commis quelques crimes, et pourquoi non ? [...] Crimes ou abandons, [...] ce n'est pas loin d'ĂȘtre la mĂȘme chose. Jean-Luc Lagarce, D’un Pays Lointain, Les Solitaires Intempestifs, 1995. VoilĂ  l’énigme
 Quel grand enquĂȘteur finit par dĂ©couvrir que le coupable du crime, c’est lui-mĂȘme ? Ayant abandonnĂ© ses parents et croyant Ă©chapper Ă  son destin, il le prĂ©cipite au contraire, assassine son pĂšre, Ă©pouse sa mĂšre
 ƒdipe est lĂ  bien sĂ»r prĂ©sent en filigrane tout au long de la piĂšce
 ScĂšne 11 C’est une scĂšne trĂšs attendue le dialogue entre Louis et son frĂšre. Pour engager la conversation, Louis dit Ă  Antoine qu’il Ă©tait arrivĂ© en avance Ă  l’aĂ©roport, mais qu’il n’a pas osĂ© venir plus tĂŽt
 Cela ressemble Ă  une mauvaise excuse... En tout cas, Antoine ne veut pas l’écouter, il se mĂ©fie, et on peut mesurer Ă  quel point la communication est rompue entre les deux frĂšres ANTOINE. — Ne commence pas, [...] tu vas me raconter des histoires [...] Je n’ai pas envie d’écouter, [...] Les gens qui ne disent rien, on croit juste qu’ils veulent entendre, mais souvent, tu ne sais pas, je me taisais pour donner l’exemple. Quand on connaĂźt le souhait de Louis d’annoncer sa mort prochaine, l'exemple d'Antoine produit un effet d’ironie tragique une allusion au dĂ©nouement fatal. On dirait mĂȘme ici que le personnage sur scĂšne nous met en garde contre ces histoires » auxquelles nous assistons. C’est la double Ă©nonciation propre théùtre les mots prononcĂ©s sur scĂšne sont aussi adressĂ©s aux spectateurs. Avertir le spectateur de la supercherie des conventions théùtrales
 C’est justement le rĂŽle que Lagarce donne au dramaturge, dans son mĂ©moire de philosophie Le dramaturge joue les francs-tireurs », refusant d’entrer dans l’institution que les siĂšcles passĂ©s ont construite autour du théùtre il est dĂ©sormais de son devoir de dĂ©monter et de dĂ©montrer les mĂ©canismes de la supercherie. Jean-Luc Lagarce, Théùtre et pouvoir en occident, Les Solitaires Intempestifs, ScĂšnes 1 Ă  5 Dans cet intermĂšde, les scĂšnes sont trĂšs courtes Louis raconte un rĂȘve qu’il a fait. LOUIS. — Dans mon rĂȘve [...] toutes les piĂšces de la maison Ă©taient loin les unes des autres. [...] Je me chantonne [...] la pire des choses, serait que je sois amoureux ». Ces petites paroles chantonnĂ©es rĂ©vĂšlent bien sa crainte des liens affectifs. On peut aussi se demander si ce n’est pas un indice de la difficultĂ© qu’il aurait Ă  annoncer Ă  sa famille son homosexualitĂ© prĂ©sumĂ©e. Dans son film, Xavier Dolan choisit de montrer, ce qui n’est dans la piĂšce, qu’une hypothĂšse de lecture. Pendant ce temps, Suzanne et Antoine discutent dans une autre piĂšce. On peut relire ces scĂšnes en gardant Ă  l’idĂ©e que le verbe entendre » prononcĂ© par chacun des membres de la famille, est plus qu’un verbe de perception il reprĂ©sente le dĂ©sir qu’ils ont de se comprendre sincĂšrement. ScĂšnes 6 Ă  9 Dans une autre piĂšce, Suzanne et Antoine reviennent sur leurs impressions concernant le dĂ©part de Louis. Suzanne se trouve malheureuse
 ANTOINE. — Mais tu ne l’es pas et tu ne l’as jamais Ă©tĂ©. C’est lui, l’Homme Malheureux, [...] tu ne peux pas le rendre responsable, [...] c’est juste un arrangement. Ce mot arrangement » revient plusieurs fois dans cet intermĂšde... Il rĂ©vĂšle le mensonge que chaque personnage se fait Ă  soi-mĂȘme — comment chacun s’efforce de tourner son malheur Ă  son avantage
 DeuxiĂšme partie ScĂšne 1 Dans ce dernier monologue, Louis raconte son dĂ©part il se fait narrateur. LOUIS. — Plus tard, vers la fin de journĂ©e [...] sans avoir rien dit de ce qui me tenait Ă  cƓur — c’est juste une idĂ©e mais elle n’est pas jouable — sans avoir jamais osĂ© faire tout ce mal, [...] je demandai qu’on m’accompagne Ă  la gare [...] Sans avoir jamais osĂ© faire tout ce mal » la formulation est ambiguë  Est-ce un choix hĂ©roĂŻque, Ă©pargnant la douleur Ă  sa famille, ou bien, est-ce qu’au contraire il ne s’apprĂȘte pas Ă  les accabler d’une nouvelle absence sans explication ? Et comme cela a dĂ©jĂ  dĂ» ĂȘtre le cas par le passĂ©, Louis rejette habilement la culpabilitĂ© sur son frĂšre LOUIS. — Il semble vouloir me faire dĂ©guerpir, [...] Il ne me retient pas, et sans le lui dire, j’ose l’en accuser. Le flash-back, c’est ce qu’on appelle une analepse en français, un retour dans le passĂ©. Ici, le dĂ©part de Louis revient sans cesse. Ces effets de boucle sont la marque d’un théùtre particuliĂšrement conscient de lui-mĂȘme En tant que spectateur, je n’arrive pas Ă  croire au prĂ©sent du théùtre non, ça ne se passe pas lĂ , devant moi, en ce moment. [...] Je n’aime pas les acteurs [qui feignent] de ne pas savoir comment l’histoire va finir. Jean-Luc Lagarce, Entretien pour Lucien Attoun, Vivre le théùtre et sa vie », Les Solitaires Intempestifs, 1995. ScĂšne 2 Cette scĂšne se situe tout juste aprĂšs le moment oĂč Louis demande qu’on le raccompagne Ă  la gare. Antoine se propose de le raccompagner — de toutes les façons, c’est sur son chemin. Louis place alors cette expression, comme un piĂšge LOUIS. — Cela joint l'utile Ă  l'agrĂ©able. ANTOINE. — C'est cela, voilĂ , exactement, comment est-ce qu'on dit ? d'une pierre deux coups ». SUZANNE. — Ce que tu peux ĂȘtre dĂ©sagrĂ©able, [...] tu vois comme tu lui parles, tu es dĂ©sagrĂ©able, ce n'est pas imaginable. L’expression utilisĂ©e par Antoine d’une pierre deux coups » a quelque chose de violent, elle Ă©voque la chasse, le crime, peut-ĂȘtre mĂȘme le meurtre biblique d’Abel par son frĂšre CaĂŻn. Et cela enferme Antoine dans son rĂŽle. CATHERINE. — Tu es un peu brutal, [...] tu ne te rends pas compte. ANTOINE. — Un peu brutal ? Pourquoi tu dis ça ? Non. Je ne suis pas brutal. Vous ĂȘtes terribles, tous, avec moi. LOUIS. — Non, il n’a pas Ă©tĂ© brutal, je ne comprends pas ce que vous voulez dire. ANTOINE. — Oh, toi, ça va, la BontĂ© mĂȘme ». Dans sa derniĂšre rĂ©plique, Louis est bel et bien hypocrite
 Comme Tartuffe, qui dĂ©fend son ennemi pour avoir le beau rĂŽle et mieux inspirer confiance. ScĂšne 3 DerniĂšre scĂšne La MĂšre, Suzanne et Catherine restent spectatrices. Antoine dĂ©nonce le rĂŽle de tragĂ©dien que Louis joue depuis leur enfance. ANTOINE. — Tu dis qu’on ne t’aime pas [...] C'est ta maniĂšre Ă  toi, ton allure, le malheur sur le visage. [...] Tu attends, repliĂ© sur ton infinie douleur intĂ©rieure [...] Moi, je devais faire moins de bruit, te laisser la place, [...] et jouir du spectacle apaisant enfin de ta survie lĂ©gĂšrement prolongĂ©e. Ce malheur, portĂ© sur le visage, comme un masque, par Louis, ressemble Ă  la maladie du malade imaginaire, une douleur ostensible ; qui met en pĂ©ril le bonheur des autres membres de la famille la comĂ©die porte en elle la tragĂ©die. On peut aussi penser Ă  l’humour noir d’un Beckett, qui raconte une interminable dĂ©chĂ©ance dans Fin de Partie, ou encore, la tragĂ©die comique de deux vagabonds, abandonnĂ©s par Godot, qui ne reviendra probablement jamais
 Et en effet, la tragĂ©die n’est-elle pas pire pour ceux qui survivent ? Antoine, les spectateurs, ou encore par extension cette humanitĂ© cherchant Ă  se libĂ©rer des ressentiments, dans un monde oĂč Dieu n’est plus audible ? Ce sont ces diffĂ©rents niveaux de lecture que je vous propose d'explorer dans ma vidĂ©o sur ce passage. Épilogue Louis revient devant le public, mais bien aprĂšs la fin on peut se demander est-il dĂ©jĂ  mort ? Est-ce une nouvelle maniĂšre de nous prendre, de nous attraper par l'illusion théùtrale ? LOUIS. — AprĂšs, ce que je fais, je pars Je ne reviens plus jamais. Je meurs quelques mois plus tard, une annĂ©e tout au plus. [...] Dans une derniĂšre tirade qui tient de la poĂ©sie, et que je vous invite Ă  relire, Louis regrette de n’avoir pas osĂ© pousser un grand et beau cri. LOUIS. — C'est ce bonheur-lĂ  que je devrais m'offrir, hurler une bonne fois, mais je ne le fais pas ; je ne l'ai pas fait. Que symbolise ce cri ? La piĂšce de théùtre elle-mĂȘme ? La vĂ©ritĂ© qu’il n’a pas rĂ©vĂ©lĂ©e aux autres ? Je vous propose une explication linĂ©aire en vidĂ©o sur ce passage, pour mieux rĂ©pondre Ă  ces questions. Et si la vĂ©ritable tragĂ©die de cette piĂšce, ce n'Ă©tait pas la mort du personnage, ni la mort de l'auteur, mais l'envahissement par le silence et l'oubli ? Et si le geste du dramaturge, paradoxalement, consistait Ă  peindre l’oubli, pour mieux le conjurer ? À Ă©voquer le cri, pour mieux nous confier sa voix, malgrĂ© la mort ? En tĂȘte de son recueil d’articles Du Luxe et de l’Impuissance, Jean-Luc Lagarce cite ce passage cĂ©lĂšbre de La Mort de l’Auteur de Roland Barthes L'Ă©criture est destruction de toute voix, [...] l'auteur entre dans sa propre mort, l'Ă©criture commence. Roland Barthes, La Mort de l'Auteur, 1968. ⇹ Lagarce, Juste la fin du monde 📜 Le texte du rĂ©sumĂ©-analyse au format PDF ⇹ Lagarce, Juste la fin du monde đŸŽžïž Le diaporama du rĂ©sumĂ©-analyse ⇹ Lagarce, Juste la Fin du Monde 🎧 La piĂšce de A Ă  Z rĂ©sumĂ©-analyse
scÚnescomparées en vidéo & pistes pédagogiques. Juste la fin du monde. Jean-Luc Lagarce, Michel Raskine. Créé en 2008. Consulter sur Théùtre en acte. Juste la fin du monde. Jean-Luc Lagarce, François Berreur. Créé en 2007.

Juste la fin du monde est une piĂšce de théùtre Ă©crite par Jean-Luc Lagarce Ă  Berlin en 1990, dans le cadre d'une bourse LĂ©onard de Vinci, alors qu'il se savait atteint du sida. Traduite et jouĂ©e en plusieurs langues[1],[2], cette piĂšce a Ă©tĂ© inscrite au programme des sessions 2008 Ă  2010 de l'Ă©preuve théùtre du baccalaurĂ©at et de la session 2012 des agrĂ©gations de lettres modernes, de lettres classiques et de grammaire[3], puis aux programmes des classes de premiĂšres gĂ©nĂ©rales et technologiques du baccalaurĂ©at de français pour les session 2021 et 2022. Le rĂ©alisateur de cinĂ©ma Xavier Dolan a adaptĂ© la piĂšce dans un film franco-canadien du mĂȘme nom sorti en 2016. RĂ©sumĂ© Louis rend visite Ă  sa famille pour la premiĂšre fois depuis des annĂ©es. Il retrouve sa mĂšre, sa sƓur Suzanne, son frĂšre Antoine et sa belle-sƓur Catherine. Il a l'intention de leur annoncer sa maladie et que sa mort prochaine est inĂ©luctable, mais son arrivĂ©e fait resurgir souvenirs et tensions familiales. Chacun exprime divers reproches et Louis repart sans avoir pu faire l'annonce de sa mort. Personnages Louis, personnage principal 34 ans Suzanne, sƓur cadette de Louis et d'Antoine 23 ans Antoine, frĂšre cadet de Louis 32 ans Catherine, femme d'Antoine 32 ans La mĂšre 61 ans ThĂšmes La piĂšce aborde la question de l'absence du fils et de son retour auprĂšs de sa famille. Dans ses premiĂšres Ɠuvres, Retour Ă  la citadelle et Les Orphelins, avant d’apprendre sa sĂ©ropositivitĂ©, Jean-Luc Lagarce s’était dĂ©jĂ  intĂ©ressĂ© au sujet du retour[4]. La piĂšce s'inspire non seulement de la parabole du Fils prodigue, mais aussi du mythe de CaĂŻn et d’Abel. Antoine s’offusque du retour de son frĂšre qu’il jalouse, il ne veut pas que Suzanne se rĂ©jouisse de sa visite. Selon Antoine, Louis ne mĂ©rite pas qu’on l’accueille avec joie ; il a failli Ă  ses responsabilitĂ©s et a menĂ© une existence qu’Antoine n’a jamais connue. Les rapports entre la mĂšre et Antoine sont difficiles, d’autant plus que Louis est le fils favori. La piĂšce est aussi liĂ©e Ă  l’OdyssĂ©e homĂ©rique. Les deux histoires narrent la quĂȘte, l’odyssĂ©e d’un protagoniste – Louis est Ulysse – qui poursuit un but se faire reconnaĂźtre des siens dans le cas de Louis, retrouver sa patrie dans le cas d’Ulysse. La piĂšce est Ă©galement dominĂ©e par les thĂšmes de la solitude, de la difficultĂ© de communication entre les membres de la famille. Enfin face Ă  la mort inĂ©luctable, le personnage cherche Ă  rassembler des Ă©lĂ©ments de sa vie et Ă  donner de la cohĂ©sion Ă  son existence. Le titre Le titre ressemble Ă  l’expression ce n’est pas la fin du monde » pour dire ce n’est pas grave ». Ce titre est Ă  double sens. L’adverbe juste » et l’ellipse attĂ©nuent de façon ironique la brutalitĂ© de l’action qu’introduit le titre. Il annonce que ce n’est rien de grave, c’est juste la fin du monde. Mais ce monde se rĂ©duit Ă  celui de Louis, Ă  sa vie menacĂ©e, et non Ă  celui de l’humanitĂ©. Il y a une forme d’ironie dans ce titre car Louis est soumis Ă  son destin, et ne peut pas de toute façon rĂ©sister Ă  sa ”fin du monde”. Mise en scĂšne L'absence de didascalies octroie au lecteur une grande libertĂ© d’interprĂ©tation. Les dialogues trahissent parfois une certaine mĂ©fiance Ă  l’égard du langage, mĂ©fiance qu’on retrouve chez beaucoup de dramaturges du XXe siĂšcle. Les dialogues sont construits par l'apposition de longs monologues, mettant ainsi l'accent sur l'importance du langage, de la communication et de la formulation de la pensĂ©e. Jean-Luc Lagarce s’abstient de dĂ©crire le dĂ©cor de la scĂšne, sauf pour dire que la maison d’enfance de Louis oĂč vivent dĂ©sormais Suzanne et la mĂšre – c’est-Ă -dire le lieu de l’intrigue – se trouve Ă  la campagne. Il y a lĂ  l’idĂ©e de la routine et d’un monde figĂ©, mais aussi l'idĂ©e d'un isolement. Ceci permet Ă©galement de mettre l'accent sur une opposition entre les espaces associĂ©s au personnage de Louis la grande ville, l'urbanitĂ© et l'espace d'Antoine petite maison de campagne. Structure de la piĂšce La piĂšce repose essentiellement sur des monologues, mĂȘme si ceux-ci sont entrecoupĂ©s de scĂšnes plus dialoguĂ©es. L'impossibilitĂ© de Louis Ă  dire son message empĂȘche l'action d'avancer et enferme les autres personnages dans un verbiage logorrhĂ©ique. Chacun parle, mais ne parvient pas rĂ©ellement Ă  communiquer avec la personne Ă  laquelle il s'adresse. La parole sert de fuite, et paradoxalement l'on pourrait mĂȘme dire que la parole empĂȘche de formuler. Elle est le masque du malaise qui existe entre les personnages. La piĂšce est structurĂ©e temporellement de maniĂšre relativement prĂ©cise dans la mesure oĂč elle suit l'arrivĂ©e de Louis, puis son dĂ©part de la maison. La piĂšce est encadrĂ©e par un prologue et un Ă©pilogue pris en charge par Louis. Ces deux monologues ne sont pas directement adressĂ©s et tendent Ă  rendre compte des motivations intĂ©rieures du personnage. Prologue Au moment oĂč il s’adresse Ă  son auditoire, Louis, qui a longtemps niĂ© l'approche de sa mort, a acceptĂ© l'idĂ©e de l'au-delĂ . Il veut revoir ses proches pour leur annoncer la nouvelle. Il a toujours feint d’ĂȘtre son propre maĂźtre, alors qu’en rĂ©alitĂ©, il ne peut dĂ©cider de rien face Ă  la mort. Le retour de Louis chez ses proches est un retour sur lui-mĂȘme. Le prologue ressemble au chƓur du théùtre antique. PremiĂšre partie Cette partie narre l’arrivĂ©e de Louis, l’accueil embarrassĂ© des siens, les banalitĂ©s d’usage, les premiers sous-entendus lors des retrouvailles, l’évocation du passĂ©, les reproches de moins en moins voilĂ©s sur son absence, l’hostilitĂ© d’Antoine. ScĂšne 1 Louis est isolĂ© de sa famille, il n’embrasse personne. Quand Louis est prĂ©sentĂ© Ă  Catherine, sa mĂšre est choquĂ©e. C’est maintenant qu’elle s’aperçoit des consĂ©quences que le dĂ©part inexplicable de Louis a engendrĂ©es Louis, tu ne connais pas Catherine ? » Catherine reproche Ă  Louis d’avoir boycottĂ© son mariage avec Antoine ; depuis, les occasions ne se sont pas trouvĂ©es ». Suzanne est un peu déçue que Louis ne l’ait pas prĂ©venue de son arrivĂ©e, car elle aurait bien voulu aller le chercher. Elle pense que Louis a achetĂ© une voiture, mais celui-ci est en rĂ©alitĂ© venu en taxi depuis la gare. Elle croit que si Louis est parti pour avoir une vie que ses proches n’ont pas eue, il a dĂ» rĂ©ussir. Antoine et Suzanne se querellent sans qu’on sache pourquoi, les rapports entre Antoine et Suzanne sont hostiles. ScĂšne 2 Les enfants de Catherine sont chez leur grand-mĂšre maternelle. S’ils avaient su que Louis viendrait, ils seraient peut-ĂȘtre venus. Catherine et Antoine auraient voulu que leurs enfants voient leur oncle un autre reproche sur l’absence de Louis. Catherine laisse entendre que les proches de Louis ignoraient s’ils allaient le revoir Nous vous avions, avons envoyĂ© une photographie d’elle [...]. » Louis n’est pas tout Ă  fait sĂ»r du nombre de ses neveux et niĂšces, rĂ©vĂ©lant ainsi sa trĂšs longue absence. Il prĂ©tend s’intĂ©resser Ă  sa famille. Catherine essaie de justifier le fait que son fils soit prĂ©nommĂ© Louis. Antoine s’indigne, et Louis se sent mal. Antoine s’excuse sur un ton rĂ©probateur, mais continue de profĂ©rer des injures. Antoine dit que vous n’en aurez pas [d’enfants]. » Catherine ne cesse de se heurter aux limites du langage logique, ce n’est pas un joli mot pour une chose Ă  l’ordinaire heureuse et solennelle, le baptĂȘme des enfants, bon ». Elle cherche Ă  trouver un sujet de discussion pour crĂ©er de la convivialitĂ©, et Ă©voque dans son monologue par sous entendus la possible homosexualitĂ© de Louis, d’oĂč son incapacitĂ© Ă  avoir ou vouloir un enfant. ScĂšne 3 Suzanne rĂ©sume sa vie oĂč rien ne s’est passĂ©. Elle admoneste Louis Lorsque tu es parti / – je ne me souviens pas de toi – / je ne savais pas que tu partais pour tant de temps [...]. [...] Ce n’est pas bien que tu sois parti, [...]. » Pendant que Louis voyageait, Suzanne ignorait s’il Ă©tait toujours en vie. Elle vacille sans cesse entre le passĂ© et le prĂ©sent. Louis est un Ă©crivain probablement homosexuel, ce qui l’éloigne de sa famille je pensais que ton mĂ©tier Ă©tait d’écrire serait d’écrire ». Suzanne lui reproche d’avoir Ă©crit Ă  beaucoup de personnes sans jamais correspondre avec sa famille, de mĂ©priser les siens, et de leur avoir envoyĂ© des messages superficiels que n’importe qui pouvait lire. À un moment, elle a envie de pleurer, car elle trouve qu’elle a dilapidĂ© sa vie Je voudrais partir mais ce n’est guĂšre possible. » ScĂšne 4 Antoine a hĂąte d’interrompre une conversation que Catherine et sa mĂšre ont Ă  peine entamĂ©e. Il veut attĂ©nuer sa fureur en agressant quiconque a l’air joyeux. Antoine s’indigne quand sa mĂšre mentionne son enfance, qu’il a partagĂ©e avec Louis. Quand il lance une incorrection, sa mĂšre est rancuniĂšre [
] le mĂȘme mauvais caractĂšre, / bornĂ©, / enfant dĂ©jĂ , rien d’autre ! » Les relations entre Antoine et la mĂšre sont tendues. La famille Ă©tait fiĂšre de la voiture qu’elle possĂ©dait malgrĂ© son statut modeste. Le pĂšre Ă©tait apparemment traditionaliste et provincial, il aimait les voitures – peut-ĂȘtre plus que sa femme. Son orgueil Ă©tait nĂ©anmoins mal placĂ©, il n’était pas aventurier, n’avait rien d’étonnant. Symboliquement, la mĂšre raconte la vie de Louis dont la mort est imminente. La famille menait une vie harmonieuse que quelque chose – peut-ĂȘtre le dĂ©part de Louis – a interrompue. La mĂšre aussi a des problĂšmes de communication ; elle hĂ©site entre le prĂ©sent de l’indicatif et celui du subjonctif Avant mĂȘme que nous nous marions, mariions ? » Ses paroles rĂȘveuses trahissent sa tendance Ă  vivre dans le passĂ©, Ă©poque oĂč elle et son mari Ă©taient ancrĂ©s Ă  leurs coutumes. Puis il y eut un changement AprĂšs, ils eurent treize et quatorze ans, / Suzanne Ă©tait petite, ils ne s’aimaient pas beaucoup, ils se chamaillaient toujours, ça mettait leur pĂšre en colĂšre, ce furent les derniĂšres fois et plus rien n’était pareil. » Elle accuse ses fils d’avoir tout gĂąchĂ© en devenant trop grands ». Le retour de Louis l’a Ă©videmment poussĂ©e Ă  ressasser ses souvenirs. Grosso modo, elle verbalise des rĂ©flexions trĂšs banales sur une famille plutĂŽt banale. ScĂšne 5 Cette scĂšne est cruciale, car Louis y justifie son retour. Il craint que ses proches aient cessĂ© de l’aimer. Il pense qu’ils ont renoncĂ© Ă  lui aprĂšs avoir tant cherchĂ© Ă  me garder auprĂšs d’eux ». Louis croit qu’il se sent plus aimĂ© quand les autres font mine de ne pas penser Ă  lui. Il est venu les voir parce que cette absence d’amour fit toujours plus souffrir les autres que moi. » Mais sa famille a fini par l’abandonner elle ne l’aime pas comme un vivant, mais comme un mort. Louis se mĂ©fie du langage je ne sais pas si je pourrai bien la dire ». Il s'agit probablement d'un monologue dans lequel Louis, seul sur scĂšne, s'exprime soit Ă  lui-mĂȘme, soit aux lecteurs/spectateurs. ScĂšne 6 Les relations entre Antoine et Louis sont toujours tendues Il veut toujours que je ne m’intĂ©resse pas, / il a dĂ» vous prĂ©venir contre moi. » Selon Catherine, Antoine est furieux parce qu’il trouve que Louis ne s’intĂ©resse pas Ă  lui. La situation d’Antoine n’est pas mauvaise » il travaille dans une petite usine d’outillage », mais Catherine ignore les dĂ©tails. D’aprĂšs elle, la supposition d’Antoine que Louis ne s’intĂ©resse pas Ă  lui n’est peut-ĂȘtre pas tout Ă  fait fausse. Elle refuse cependant que Louis lui parle des choses importantes, qu’il “est prĂ©fĂ©rable que vous ne me disez rien”. D’aprĂšs elle, “je ne compte pas”, et il ne faut pas que Louis passe par elle pour atteindre Antoine”. ScĂšne 7 Louis et Suzanne ont une brĂšve conversation. Suzanne donne son avis sur cette fille-lĂ  », et Louis s’indigne. ScĂšne 8 La mĂšre tient un long monologue. Elle dit Ă  Louis Ils veulent te parler, / ils ont su que tu revenais et ils ont pensĂ© qu’ils pourraient te parler, / un certain nombre de choses Ă  te dire depuis longtemps et la possibilitĂ© enfin. » Elle rĂ©vĂšle qu’ [i]ls voudront t’expliquer mais ils t’expliqueront mal, / car ils ne te connaissent pas, ou mal. » D’aprĂšs elle, ils craignent que Louis ne leur donne pas le temps nĂ©cessaire pour lui expliquer tout ce qu’ils voudraient. Elle essaie de prĂ©voir la rĂ©action de Louis tu rĂ©pondras Ă  peine deux ou trois mots, / ou tu souriras, la mĂȘme chose [...]. [
] et ce sourire aura aggravĂ© les choses entre vous, / ce sera comme la trace du mĂ©pris, la pire des plaies. » D’aprĂšs la mĂšre, Suzanne sera triste », tandis qu’Antoine sera plus dur encore ». Elle sait que Suzanne veut changer de vie, et qu’Antoine voudrait pouvoir vivre autrement avec sa femme et ses enfants / et ne plus rien devoir [...]. » La mĂšre voit juste [
] la journĂ©e se terminera ainsi comme elle a commencĂ©, / sans nĂ©cessitĂ©, sans importance. » Elle dit Ă  Louis que les autres voudraient qu’il les encourage, qu’il encourage Suzanne Ă  lui rendre visite de temps en temps et qu’il donne Ă  Antoine le sentiment qu’il n’est plus responsable de nous ». Antoine aurait toujours cru ĂȘtre responsable de tous, ce qui est faux. Elle veut que Louis lui donne l’illusion qu’il pourrait Ă  son tour, Ă  son heure, m’abandonner ». À la fin, la mĂšre demande que Louis lui rĂ©vĂšle son Ăąge. ScĂšne 9 Suzanne demande si Louis et Catherine vont continuer Ă  se vouvoyer. Antoine rĂ©torque qu’ils font comme ils veulent, et Suzanne s’indigne. Leur dispute explose sur une trivialitĂ©, mais celle ci est due Ă  l’intĂ©rioritĂ© continue des Ă©motions de ces deux personnages qui ne parviennent pas Ă  exprimer leurs pensĂ©es, c’est la goutte qui fait dĂ©border le vase. Louis ne semble pas remarquer leurs invectives ; il rĂ©pond Ă  Catherine qu’il aimerait bien un peu de cafĂ©. Suzanne et Antoine se fĂąchent davantage et finissent par s’en aller, suivis de Louis et de la mĂšre. ScĂšne 10 Louis essaie de se rassurer. Il espĂšre que sa mort fera disparaĂźtre le monde et que les autres le rejoindront pour lui tenir compagnie. Il fait de son mieux pour rĂ©sister Ă  la mort Je suis un meurtrier et les meurtriers ne meurent pas, / il faudra m’abattre. » Il croit pouvoir dĂ©cider de tout, la mort incluse. Celle-ci l’a obsĂ©dĂ© durant ses pĂ©riples jusqu’à ce qu’un certain Ă  quoi bon » l’encourage Ă  terminer ses dĂ©risoires et vaines escapades ». ScĂšne 11 La conversation entre Louis et Antoine est ponctuĂ©e de mercuriales. Quand Louis essaie de justifier son arrivĂ©e, Antoine rĂ©pond Pourquoi est-ce que tu me racontes ça ? » Louis a trouvĂ© son voyage assez banal. Antoine pense que Louis regrette son voyage et qu’il ignore les raisons de son propre retour. Il l’accuse de ne jamais l’avoir rĂ©ellement connu. Les raisons du retour de Louis ne l’intĂ©ressent pas. Que Louis soit prĂ©sent ou pas, aux yeux d’Antoine, cela ne fait aucune diffĂ©rence. Antoine s’en va, il ne veut plus Ă©couter Louis Les gens qui ne disent jamais rien, on croit juste qu’ils veulent entendre, / mais souvent, tu ne sais pas, / je me taisais pour donner l’exemple. » IntermĂšde ScĂšne 1 Louis se lamente C’est comme la nuit en pleine journĂ©e, on ne voit rien, j’entends juste les bruits, j’écoute, je suis perdu et je ne retrouve personne. » Sa mĂšre ne comprend pas. ScĂšne 2 Suzanne dit Ă  Antoine qu’elle a entendu la dispute entre lui et Louis. Antoine rĂ©pond qu’ils se sont Ă©nervĂ©s et qu’il ne s’était pas attendu Ă  de telles maniĂšres de la part de Louis. ScĂšne 3 Louis a fait un rĂȘve les piĂšces dans la maison de sa mĂšre Ă©taient tellement Ă©loignĂ©es les unes des autres qu’il marchait pendant des heures sans jamais les atteindre, sans rien reconnaĂźtre. ScĂšne 4 Suzanne demande pourquoi Louis ne les a pas visitĂ©s plus souvent et rien de bien tragique non plus, / pas de drames, des trahisons, / cela que je ne comprends pas, / ou ne peux pas comprendre. » Antoine trouve son frĂšre dĂ©sirable et lointain, distant, rien qui se prĂȘte mieux Ă  la situation. Parti et n’ayant jamais Ă©prouvĂ© le besoin ou la simple nĂ©cessitĂ©. » ScĂšne 5 Catherine aussi a entendu la dispute entre Louis et Antoine, et c’est maintenant comme si tout le monde Ă©tait parti / et que nous soyons perdus. » ScĂšne 6 Antoine rassure sa sƓur d’aprĂšs lui, elle n’a jamais Ă©tĂ© malheureuse, c’était plutĂŽt Louis le malheureux. Il prĂ©tend que Suzanne ressemble Ă  Louis et qu’elle voulait ĂȘtre malheureuse parce qu’il Ă©tait loin, / mais ce n’est pas la raison, ce n’est pas une bonne raison, / tu ne peux le rendre responsable, / pas une raison du tout, / c’est juste un arrangement. » ScĂšne 7 La mĂšre dit Ă  Catherine qu’elle les a cherchĂ©s. Quand elle appelle Louis, c’est Suzanne qui rĂ©pond. ScĂšne 8 Suzanne s’indigne parce que soit Antoine, soit Louis – nous ignorons Ă  qui elle s’adresse – ne rĂ©pond jamais Ă  ses appels. Elle rĂ©vĂšle que la famille a essayĂ© plusieurs fois de contacter Louis. Antoine essaie de rassurer sa sƓur en affirmant qu’il n’a jamais Ă©tĂ© loin ou introuvable. Mais Suzanne s’indigne elle prĂ©tend connaĂźtre les petits arrangements » d’Antoine. ScĂšne 9 La mĂšre demande Ă  Louis s’il l’a vraiment entendue Je ne sais pas. / Ce n’est rien, je croyais que tu Ă©tais parti. » Elle craint que Louis ne soit dĂ©jĂ  reparti. DeuxiĂšme partie ScĂšne 1 Dans un soliloque, Louis dĂ©voile qu’il a dĂ©cidĂ© de prendre congĂ© de sa famille sans rĂ©vĂ©ler son secret. Il promet qu’il n’y aura plus tout ce temps / avant que je revienne, / je dis des mensonges [...] ». Il passera peut-ĂȘtre quelques coups de fil, donnera de ses nouvelles, mais c’était juste la derniĂšre fois, / ce que je me dis sans le laisser voir ». Antoine [
] dit plusieurs fois qu’il ne veut en aucun cas me presser, / qu’il ne souhaite pas que je parte, [
] mais qu’il est l’heure du dĂ©part, / et bien que tout cela soit vrai, / il semble vouloir me faire dĂ©guerpir, c’est l’image qu’il donne, [...]. » ScĂšne 2 Antoine propose d’accompagner Louis, mais Suzanne prĂ©fĂšre que Louis reste pour dĂźner. Louis prĂ©fĂšre repartir le lendemain, ce qui est ironique puisqu'il dit Mieux encore, je dors ici, je passe la nuit, je ne pars que demain, / mieux encore, je dĂ©jeune Ă  la maison, / mieux encore je ne travaille plus jamais, / je renonce Ă  tout, / j'Ă©pouse ma sƓur, nous vivons trĂšs heureux. » Il est sous-entendu qu'ils se prennent la tĂȘte pour un rien, mais surtout que Louis veut repartir le soir-mĂȘme. Antoine s’offusque des propositions de Suzanne, il ne veut pas changer de plan. Quand Suzanne lui dit qu’il est dĂ©sagrĂ©able, il s’indigne. D’aprĂšs Catherine, Suzanne voulait juste remarquer qu’Antoine est parfois un peu brutal », ce qui aggrave la colĂšre d’Antoine et le pousse Ă  devenir violent envers Louis avec la rĂ©plique Tu me touches je te tue », alors qu'il essayait simplement de le calmer. Il proclame qu’il ne voulait rien de mal, qu’on ne peut pas toujours avoir raison contre lui, et que la rĂ©action des autres est fort injuste. Catherine prĂ©fĂšre qu’Antoine s’en aille avec Louis, ce Ă  quoi Louis acquiesce. Antoine dĂ©clare qu’il est dĂ©solĂ© et fatiguĂ© sans savoir pourquoi. Il ne voulait pas ĂȘtre mĂ©chant, ni brutal, il n’a jamais Ă©tĂ© ainsi. Il se souvient que lui et Louis se battaient sans cesse Ă©tant petits. Antoine sortait toujours vainqueur, parce que je suis plus fort, parce que j’étais plus costaud que lui », ou alors parce que celui-lĂ  se laissait battre ». Il tance les autres pour avoir fait front contre lui et morigĂšne Suzanne qui, selon lui, aurait toujours pris le parti de Louis. ScĂšne 3 Antoine tient un monologue. Ses paroles Tu dis qu’on ne t’aime pas, / je t’entends dire ça, toujours je t’ai entendu, [
] » sont probablement adressĂ©es Ă  son frĂšre. Il ajoute que tu ne manquais de rien et tu ne subissais rien de ce qu’on appelle le malheur. » Il admet cependant que nous n’étions pas bons avec toi, / et nous te faisions du mal. / Tu me persuadais, / j’étais convaincu que tu manquais d’amour. » Enfant, Antoine souffrait pour son frĂšre cette peur que j’avais que personne ne t’aime jamais, / cette peur me rendait malheureux Ă  mon tour, / comme toujours les plus jeunes frĂšres se croient obligĂ©s de l’ĂȘtre par imitation et inquiĂ©tude, [
]. » La famille pensait en effet qu’elle n’aimait pas assez Louis. Épilogue Louis est mort AprĂšs, ce que je fais, / je pars. / Je ne reviens plus jamais. Je meurs quelques mois plus tard, / une annĂ©e tout au plus. » Il mentionne son sĂ©jour dans le Sud de la France Ă©garĂ© dans les montagnes durant une promenade nocturne, il dĂ©cida de suivre une voie ferrĂ©e. ArrivĂ© devant l’entrĂ©e d’un immense viaduc qui dominait une vallĂ©e, il Ă©prouva un farouche besoin de pousser un grand et beau cri, / un long et joyeux cri qui rĂ©sonnerait dans toute la vallĂ©e, [
]. » Mais il se tut. Il clĂŽt en dĂ©clarant Je me remets en route avec seul le bruit de mes pas sur le gravier. / Ce sont des oublis comme celui-lĂ  que je regretterai. » Éditions Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, Besançon, Les Solitaires intempestifs, coll. Bleue », 2000, 77 p. ISBN 2-912464-88-9 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, Paris, Flammarion, coll. Étonnants classiques », 2020, 218 p. ISBN 978-2-0815-1844-5 Jean-Luc Lagarce prĂ©f. Jean-Pierre Sarrazac, Juste la fin du monde, Besançon, Les Solitaires intempestifs, coll. Classiques contemporains », 2020, 155 p. ISBN 978-2-84681-612-0 Adaptations Au théùtre La piĂšce de théùtre a Ă©tĂ© adaptĂ©e dans une mise en scĂšne de François Berreur en 2007[5], avec la distribution suivante DaniĂšle Lebrun, Elizabeth Mazev, Clotilde Mollet, HervĂ© Pierre, Bruno Wolkowitch, et dont les rĂ©pĂ©titions ont fait l'objet d'une vidĂ©o du rĂ©alisateur JoĂ«l Curtz[6]. La piĂšce entre au rĂ©pertoire de la ComĂ©die-Française en mars 2008, avec la mise en scĂšne de Michel Raskine rĂ©compensĂ©e par le MoliĂšre du meilleur spectacle, et donne lieu Ă  de nouvelles reprĂ©sentations lors de la saison 2009-2010 reprise. Samuel Theis met lui aussi en scĂšne Juste la fin du monde en 2011. Le spectacle remporte les prix SACD et Théùtre 13 Jeunes metteurs en scĂšnes. En 2018, la piĂšce a Ă©galement Ă©tĂ© mise en scĂšne par Julien Tanguy, avec la distribution suivante Adrien Le Merlus, Johanne Lutrot, Clara Le Lay, Coline Marquet et Aymone Clavier. La premiĂšre reprĂ©sentation a eu lieu le 5 dĂ©cembre 2018 Ă  l'amphithéùtre Michel Le Corno Vannes, produite par la Compagnie Catharsis. En 2020, FĂ©licitĂ© Chaton, assistĂ©e de Suzie Baret-Fabry l'ont mise en scĂšne, avec la collaboration artistique d'AngĂšle Peyrade. La distribution a donnĂ© ceci Florent Cheippe pour Louis, AngĂšle Peyrade pour Suzanne, Xavier Broussard pour Antoine, Aurelia Anto pour Catherine et CĂ©cile PĂ©ricorne pour la mĂšre. La mise en scĂšne a lieu au théùtre L'Ă©changeur Ă  Bagnolet. Au cinĂ©ma Olivier Ducastel et Jacques Martineau adaptent la piĂšce en 2008 dans un film avec la distribution de la ComĂ©die-Française Pierre Louis-Calixte Louis, Catherine Ferran Martine, la mĂšre, Elsa Lepoivre Catherine, la femme d'Antoine, Julie Sicard Suzanne, Laurent Stocker Antoine. Xavier Dolan adapte la piĂšce au cinĂ©ma dans le film franco-canadien Juste la fin du monde, sorti le 21 septembre 2016 en France et au QuĂ©bec avec la distribution suivante Gaspard Ulliel Louis, Nathalie Baye Martine, la mĂšre, LĂ©a Seydoux Suzanne, Vincent Cassel Antoine et Marion Cotillard Catherine, la femme d'Antoine. Notes et rĂ©fĂ©rences ↑ Juste la fin du monde » version du 24 mars 2016 sur l'Internet Archive, sur ↑ Avec "Juste la fin du monde", Luca Ronconi consacre Lagarce Ă  Milan », Le 2 avril 2009 lire en ligne, consultĂ© le 22 janvier 2022 ↑ BNF AgrĂ©gation de lettres modernes 2012 Bibliographie des ouvrages disponibles en libre-accĂšs [1] ↑ Jean-Pierre Sarrazac, PrĂ©face Ă  l'Ă©dition 2012 ↑ Juste la fin du monde, mise en scĂšne François Berreur 2007 » version du 21 janvier 2008 sur l'Internet Archive, sur ↑ Association Quelques Ă©claircies » autour des rĂ©pĂ©titions - Juste la fin du monde - Jean-Luc Lagarce, - mise en scĂšne François Berreur, - », sur consultĂ© le 22 janvier 2022 Voir aussi Bibliographie Catherine Brun, Jean-Luc Lagarce et la poĂ©tique du dĂ©tour l'exemple de Juste la fin du monde », Revue d'Histoire littĂ©raire de la France, vol. 109,‎ 2009, p. 183-196 lire en ligne Anne Loncan, Cinq personnages en quĂȘte d’auteur », Le Divan Familial, no 47,‎ 2021, p. 35-48 lire en ligne BĂŒlent Caglakpinar, Dialogue des deux frĂšres une tension historique dans Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce », Studii si Cercetari Filolgice, vol. 1,‎ 2015, p. 29-38 Pascal LĂ©croart dir. et Alexis Leprince dir., Juste la fin du monde, de Lagarce Ă  Dolan, SkĂ©n&graphie, 2018 lire en ligne GeneviĂšve Salvan, Juste la fin du monde. L'excĂšs juste, ou l'hyperbole exagĂšre-t-elle toujours? », Revue Travel,‎ 2014 lire en ligne Catherine Douzou dir., Lectures de Lagarce Derniers remords avant l'oubli, Juste la fin du monde, Presses Universitaires de Rennes, 2011 Liens externes Jean-Pierre Ryngaert Juste la fin du monde – Dire avec une infinie prĂ©cision, article publiĂ© sur CRDP de Franche-ComtĂ©, dossier pĂ©dagogique [2] Les Archives du Spectacle Jean-Luc Lagarce PiĂšces Erreur de construction 1977 Carthage, encore 1978 La Place de l'autre 1979 Voyage de Madame Knipper vers la Prusse Orientale 1980 Ici ou ailleurs 1981 Les Serviteurs 1981 Noce 1982 La bonne de chez Ducatel 1977 Vagues souvenirs de l'annĂ©e de la peste 1982 Hollywood 1983 Histoire d'amour repĂ©rages 1983 Retour Ă  la citadelle 1984 Les Orphelins 1984 De Saxe, roman 1985 La Photographie 1986 Derniers remords avant l'oubli 1987 Music-hall 1988 Les PrĂ©tendants 1989 Juste la fin du monde 1990 Histoire d'amour derniers chapitres 1990 Les RĂšgles du savoir-vivre dans la sociĂ©tĂ© moderne 1994 Nous, les hĂ©ros 1993 Nous, les hĂ©ros version sans le pĂšre 1993 J'Ă©tais dans ma maison et j'attendais que la pluie vienne 1994 Le Pays lointain 1995 Proses Le Bain 1993 L'Apprentissage 1993 Du luxe et de l'impuissance 1993 Le voyage Ă  la Haye 1994

Onpeut aussi se demander si ce n’est pas un indice de la difficultĂ© qu’il aurait Ă  annoncer Ă  sa famille son homosexualitĂ© prĂ©sumĂ©e. Dans son film, Xavier Dolan choisit de montrer, ce qui n’est dans la piĂšce, qu’une hypothĂšse de lecture. Pendant ce temps, Suzanne et Antoine discutent dans une autre piĂšce.
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2007_01_12________________________________________________________________________

Pour ma part, je pense leur demander, dans un premier temps, de lire la piĂšce et je leur montrerai la mise en scĂšne de Berreur la semaine suivante. Une mise en scĂšne ets une interprĂ©tation et j'aimerais qu'ils se fassent la leur, que nous puissions en discuter avant que ne leur soit imposĂ© un la piĂšce de Lagarde, mais avez-vous apprĂ©ciĂ© la mise en scĂšne de Berreur ? Vraiment ? Suis-je vraiment la seule ? ChlidĂ©Niveau 9En fait, les Ă©lĂšves n’avaient pas lu la piĂšce, je leur ai proposĂ© une heure de travail autour de la lecture seule du prologue, quelques uns ont lu Ă  haute voix et ensuite nous avons commentĂ© les lectures et ainsi sommes entrĂ©s dans l’étude du texte. A l’issue de l’analyse seulement je leur ai proposĂ© plusieurs mises en scĂšnes. Mais comme toi Mehitabel, celle de Berreur... je n’accroche pas du tout! Mais j’essaierai de regarder la piĂšce entiĂšre avec le lien donne plus haut. Je n’ai vu que le prologue jusque lĂ . Je n’avais pas aimĂ© l’adaptation de Dolan avant d’avoir bien Ă©tudiĂ© la piĂšce avec les Ă©lĂšves. Je l’ai revu rĂ©cemment et ai finalement beaucoup apprĂ©ciĂ© et mieux compris les choix ChlidĂ© a Ă©critEn fait, les Ă©lĂšves n’avaient pas lu la piĂšce, je leur ai proposĂ© une heure de travail autour de la lecture seule du prologue, quelques uns ont lu Ă  haute voix et ensuite nous avons commentĂ© les lectures et ainsi sommes entrĂ©s dans l’étude du texte. A l’issue de l’analyse seulement je leur ai proposĂ© plusieurs mises en scĂšnes. Mais comme toi Mehitabel, celle de Berreur... je n’accroche pas du tout! Mais j’essaierai de regarder la piĂšce entiĂšre avec le lien donne plus haut. Je n’ai vu que le prologue jusque lĂ . Je n’avais pas aimĂ© l’adaptation de Dolan avant d’avoir bien Ă©tudiĂ© la piĂšce avec les Ă©lĂšves. Je l’ai revu rĂ©cemment et ai finalement beaucoup apprĂ©ciĂ© et mieux compris les choix engagĂ©s. Il faudrait que je regarde Ă  nouveau Dolan d'aprĂšs ce que tu me dis, j'apprĂ©cierais peut-ĂȘtre davantage. Je suis trĂšs trĂšs gĂȘnĂ©e par l'Ăąge des acteurs dans la piĂšce de Berreur, et l'acteur qui joue Louis ChlidĂ©Niveau 9Pour le film, j’ai regardĂ© 20 minutes, ai Ă©tĂ© choquĂ©e par la vulgaritĂ© exacerbĂ©e d’Antoine et l’allure outranciĂšre de la mĂšre, puis cette espĂšce de ralenti entre Louis et Catherine que j’ai cru ĂȘtre un coup de foudre. J’ai coupĂ©. Finalement j’ai discutĂ© avec un collĂšgue qui a la certification de cinĂ©ma et qui m’a expliquĂ© la cinĂ©matographie de Dolan et l’importance du rĂŽle de la mĂšre. Et vraiment j’ai quand mĂȘme apprĂ©ciĂ©, et trouvĂ© puissants certains personnages et trĂšs interessantes certaines scĂšnes. Mais il m’a fallu ce temps nĂ©cessaire d’appropriation de la piĂšce que je ne connaissais pas avant de l’étudier cette 1 Mehitabel a Ă©critJe suis trĂšs trĂšs gĂȘnĂ©e par l'Ăąge des acteurs dans la piĂšce de Berreur, et l'acteur qui joue Louis En fait cette mise-en-scĂšne rĂ©pond Ă  un des questionnements de la piĂšce, Ă  de trĂšs nombreuses reprises il est question de jouer un jeu, mentir, de mĂȘme la fameuse didascalie liminaire "l'annĂ©e entiĂšre", ainsi il est tout Ă  fait possible de comprendre cette piĂšce comme une reprĂ©sentation imaginaire de Louis, un Louis qui n'a peut-ĂȘtre pas 34 ans mais bien plus. La majoritĂ© des Ă©changes entre Louis et un membre de sa famille est construite de façon Ă  ce que son interlocuteur imagine ce qu'il est, comment il agit exemple Suzanne "je ne t'imaginais pas comme ça/ comme ça que je t'imaginais" ou la fameuse scĂšne de Louis au cafĂ© par Antoine, ne serait-ce pas alors un moyen de gagner pour Louis que d'imaginer tout cela ? De prendre sa revanche sans avoir Ă  les "tuer un par un" dans le deuxiĂšme ou troisiĂšme monologue je ne sais plus. Berreur connaissant trĂšs bien Lagarce, cette mise-en-scĂšne tĂ©moigne d'une lecture certes spĂ©cifique mais trĂšs intĂ©ressante de la piĂšce. sinanNiveau 8Une idĂ©e de sujet de dissertation ?LDRNiveau 5 sinan a Ă©critUne idĂ©e de sujet de dissertation ? Avec un petit cafĂ©, aussi? gregforeverExpert spĂ©cialisĂ©Dans l'Ă©dition reçue j'ai trouvĂ©Les non-dits et les secrets familiaux constituent-ils des moteurs efficaces de l'action dramatique?"Dire/seulement dire" affirme Louis dans le prologue de Juste la fin du monde. En quoi la parole l'usage qu'on fait du langage sont -ils un puissant ressort dramatique dans les piĂšces qui ont pour thĂšme la famille?sinanNiveau 8 LDR a Ă©crit sinan a Ă©critUne idĂ©e de sujet de dissertation ? Avec un petit cafĂ©, aussi? Merci pour l'offre !J'aime bien ce parcours, mais je trouve qu'il n'est pas facile de trouver un sujet de dissertation. Les deux sujets dans l'Ă©dition Étonnants classiques ne m'inspirent pas trop...RellNiveau 6Je suis un peu gĂȘnĂ© par le fait que la collection Etonnants Classiques qualifie la scĂšne 3 de la 1Ăšre partie de "monologue" de Suzanne. Pour moi, ce n'est pas un monologue. Certes, elle est seule Ă  parler, mais elle s'adresse Ă  Louis, prĂ©sent sur scĂšne et prĂ©sent aussi dans le texte puisque l'on sait qu'il rit quand Suzanne parle de son "don" "tu ris". Selon le Dictionnaire du littĂ©raire, "Il y a monologue lorsqu'une personne ou un personnage parle Ă  voix haute et pour soi-mĂȘme". Ce n'est pas le cas ici. Qu'en pensez-vous ?_________________Classes 2020-2021 deux classes de 1Ăšre gĂ©nĂ©rale + HLP 1Ăšre"Le temps Ă©tait encore tĂ©nĂ©breux et sentant l'infĂ©licitĂ© et calamitĂ© des Goths, qui avaient mis Ă  destruction toute bonne littĂ©rature ; mais, par la bontĂ© divine, la lumiĂšre et dignitĂ© a estĂ© de mon Ăąge rendue Ăšs lettres [...] Maintenant toutes disciplines sont restituĂ©es, les langues instaurĂ©es, grecque, sans laquelle c'est honte que une personne se die savant, HĂ©braĂŻque, ChaldaĂŻque, Latine "[...]François Rabelais, Les Horribles et Épouvantables Faits et Prouesses du trĂšs renommĂ© Pantagruel, chap. 8, 1Fais soliloquer Suzanne et le problĂšme est rĂ©glĂ© ! LDRNiveau 5Mouais... Je crois pas que le problĂšme soit rĂ©glĂ©. Monologue et soliloque supposent la mĂȘme chose en termes de personnages prĂ©sents sur scĂšne seul celui qui parle, mais diffĂšrent quant Ă  la destination multiple, pour le monologue, sans destination autre qu'Ă  soi-mĂȘme, pas mĂȘme le public, pour le soliloque, d'aprĂšs Ubersfeld qui considĂšre mĂȘme qu'en rĂ©alitĂ© il n'existe que peu de soliloques au théùtre. J'ai repris la terminologie d'Ubersfeld qui thĂ©orise la notion de quasi-monologue quant au théùtre contemporain "le théùtre contemporain ne se contente pas de se servir du monologue, il le rĂ©insĂšre Ă  l'intĂ©rieur mĂȘme du dialogue" comme le suggĂšre Eric DuchĂątel dans son dossier pĂ©dagogique CNDP sur Lagarce pour la spĂ©cialitĂ© théùtre. Le quasi-monologue suppose une parole unique, qui efface complĂštement l'autre voire supprime toute possible communication avec lui, mais rend fragile cette parole d'apparence solitaire du fait mĂȘme de la prĂ©sence d'un autre ou de plusieurs autres personnages. Le quasi-monologue entend comme une volontĂ© de disparaĂźtre par la parole, chez les personnages de Lagarce - tous sont submergĂ©s, tant ceux qui parlent, que ceux qui Ă©coutent et/ou cherchent Ă  DarkNiveau 1Je rĂ©ponds un peu tard mais personnellement je conseillerais la mise en scĂšne de M. Raskine Ă  la ComĂ©die-Française en 2008, bon contrepoint Ă  celle de F. Berreur. Les analyses comparatives des deux mises en scĂšne sont 6 LDR a Ă©critMouais... Je crois pas que le problĂšme soit rĂ©glĂ©. Monologue et soliloque supposent la mĂȘme chose en termes de personnages prĂ©sents sur scĂšne seul celui qui parle, mais diffĂšrent quant Ă  la destination multiple, pour le monologue, sans destination autre qu'Ă  soi-mĂȘme, pas mĂȘme le public, pour le soliloque, d'aprĂšs Ubersfeld qui considĂšre mĂȘme qu'en rĂ©alitĂ© il n'existe que peu de soliloques au théùtre. J'ai repris la terminologie d'Ubersfeld qui thĂ©orise la notion de quasi-monologue quant au théùtre contemporain "le théùtre contemporain ne se contente pas de se servir du monologue, il le rĂ©insĂšre Ă  l'intĂ©rieur mĂȘme du dialogue" comme le suggĂšre Eric DuchĂątel dans son dossier pĂ©dagogique CNDP sur Lagarce pour la spĂ©cialitĂ© théùtre. Le quasi-monologue suppose une parole unique, qui efface complĂštement l'autre voire supprime toute possible communication avec lui, mais rend fragile cette parole d'apparence solitaire du fait mĂȘme de la prĂ©sence d'un autre ou de plusieurs autres personnages. Le quasi-monologue entend comme une volontĂ© de disparaĂźtre par la parole, chez les personnages de Lagarce - tous sont submergĂ©s, tant ceux qui parlent, que ceux qui Ă©coutent et/ou cherchent Ă  parler. J'avais vu ça aussi, mais, pour moi Louis est trĂšs prĂ©sent dans cet Ă©change il est l'objet et le destinataire de la parole de Suzanne, qui rend compte de son attitude avec la didascalie interne "tu ris". Elle ne lui laisse pas la possibilitĂ© de s'exprimer mais ne l'efface pas complĂštement non 2020-2021 deux classes de 1Ăšre gĂ©nĂ©rale + HLP 1Ăšre"Le temps Ă©tait encore tĂ©nĂ©breux et sentant l'infĂ©licitĂ© et calamitĂ© des Goths, qui avaient mis Ă  destruction toute bonne littĂ©rature ; mais, par la bontĂ© divine, la lumiĂšre et dignitĂ© a estĂ© de mon Ăąge rendue Ăšs lettres [...] Maintenant toutes disciplines sont restituĂ©es, les langues instaurĂ©es, grecque, sans laquelle c'est honte que une personne se die savant, HĂ©braĂŻque, ChaldaĂŻque, Latine "[...]François Rabelais, Les Horribles et Épouvantables Faits et Prouesses du trĂšs renommĂ© Pantagruel, chap. 8, 5Justement, ça rend le soliloque obsolĂšte, puisqu'Ubersfeld considĂšre qu'il y a soliloque lorsque la parole n'est destinĂ©e qu'Ă  soi, pas mĂȘme au public. Du point de vue du dispositif scĂ©nique, il n'y a pas que Suzanne, donc ça Ă©limine le monologue. On parle parfois de monologue quand le personnage se croit seul sur scĂšne, ce qui n'est ici pas le cas contrairement Ă  IntermĂšde, scĂšne 3. Ne restent que la tirade, ou le quasi-monologue. Je trouve que le deuxiĂšme contient une connotation stylistique qui sous-entend la volontĂ© d'effacer l'autre - mais peut-ĂȘtre pas l'actualisation de cet effacement. Tout est lĂ , chez Lagarce, et notamment dans la parole rare voire absente de Louis Louis demeure prĂ©sent, se tait-il par faiblesse dans le rapport de force, ou par volontĂ©, comme le laisse penser le Prologue oĂč il se dĂ©finit comme "l'unique messager", donc maĂźtre de sa parole?0massilia0Niveau 6Bonjour, que pensez-vous du sujet sur Lagarce tombĂ© aujourd'hui ? Diriez vous que Juste la fin du monde est un drame intime ?Je le trouve assez dur, et vous ? Rien ne me vient sur une antithĂšse possible... DorineNiveau 9C'est en lien avec le parcours crise personnelle, crise familiale. Je ne le trouve pas particuliĂšrement Ă©dition par Dorine le Jeu 17 Juin 2021 - 1710, Ă©ditĂ© 1 foisSimonellaNiveau 7Dans les textes officiels, ils disent bien que le plan dialectique n'est plus exigĂ©, qu'on accepte une grande souplesse dans le plan 6Du coup, vous auriez des pistes Ă  proposer ? Je veux bien ne pas faire de plan dialectique mais la question engageait tout de mĂȘme une discussion non ? Surtout avec le alors, oui je le dirais pour telle et telle raison ? SimonellaNiveau 7Quoi qu'il en soit, tu as raison, quel que soit le plan adoptĂ©, il faut nuancer, intime et drame familial, la parole qui permettrait de dĂ©passer ces crises devient 6ok, pour moi, ce qui relĂšve de la famille est aussi de l'ordre de l'intime, d'oĂč mon questionnement. Du coup si on considĂšre que "intime" renvoie Ă  la crise personnelle, ça parait plus simple, mais il ne faut pas trop approfondir le sens des mots je trouve. Et parler de la parole, oui de toutes façons. Mercicannelle21VĂ©nĂ©rableBonjour Ă  tous,Je commence Ă  ĂȘtre en retard avec mes STMG. J'aimerais faire avec eux un commentaire d'un texte de théùtre avant les vacances. J'aimerais qu'il soit plutĂŽt en lien avec le parcours, mĂȘme si je sais que ce n'est pas obligatoire. Est-ce que quelqu'un aurait un sujet et un corrigĂ© ? Je sais que j'abuse mais j'ai Ă©tĂ© malade et suis complĂštement Ă  la y a des gens si bĂȘtes que si une idĂ©e apparaissait Ă  la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiĂ©e de spĂ©cialisĂ©Le passage d'Antigone avec la tirade CrĂ©on ça rentre dans le parcours et comme le passage a Ă©tĂ© donnĂ© au bac il y a des corrigĂ©s gregforever a Ă©critLe passage d'Antigone avec la tirade CrĂ©on ça rentre dans le parcours et comme le passage a Ă©tĂ© donnĂ© au bac il y a des corrigĂ©s partout. Mais oui !!! Super. Tu sauves mon cerveau en y a des gens si bĂȘtes que si une idĂ©e apparaissait Ă  la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiĂ©e de 9 cannelle21 a Ă©critBonjour Ă  tous,Je commence Ă  ĂȘtre en retard avec mes STMG. J'aimerais faire avec eux un commentaire d'un texte de théùtre avant les vacances. J'aimerais qu'il soit plutĂŽt en lien avec le parcours, mĂȘme si je sais que ce n'est pas obligatoire. Est-ce que quelqu'un aurait un sujet et un corrigĂ© ? Je sais que j'abuse mais j'ai Ă©tĂ© malade et suis complĂštement Ă  la ramasse. Tu as aussi Les Mouches, de Sartre, le monologue d'Electre pendant qu'Oreste tue leur similairesJuste la fin du monde Lagarce / Dolan[Programme 1re] Juste la fin du monde Lagarce - Mise en scĂšne CF disparue ! HELP[Lettres lycĂ©e] Lecture cursive en parallĂšle Ă  Juste la fin du monde [Lettres lycĂ©e] Parcours et OI ou parcours avec OIParcours Ă©ducatifs le "parcours d'excellence"Sauter versPermission de ce forumVous ne pouvez pas rĂ©pondre aux sujets dans ce forum

laphilosophie nous éloigne-t-elle du monde. tarte camembert lardons poireaux; exemple de courrier de demande de rattachement; soupe poireaux sans pomme de terre ; location piscine privée tours. chambre d'hÎte ingersheim; location poussette paris; pubalgie huile essentielle; pùtes aux crevettes thermomix; ACCESSIBLE FINANCIAL RESOURCES > Uncategorized >

Juste la fin du monde est l'une des derniĂšres piĂšces de théùtre de Jean-Luc Lagarce, Ă©crite peu de temps aprĂšs qu'il a appris sa sĂ©ropositivitĂ©. Les notes de crĂ©ation conservĂ©es dans son Journal rĂ©vĂšlent que cette piĂšce s'intitulait Ă  l'origine Quelques Ă©claircies. Si la trame reste la mĂȘme un homme dĂ©cide de rendre visite Ă  sa famille pour lui annoncer sa mort prochaine, l'Ă©volution du titre manifeste le changement de tonalitĂ© de l'Ɠuvre l'optimisme esquissĂ© par les Ă©claircies laisse place Ă  un sentiment de fin du monde, perçu tantĂŽt comme tragique, tantĂŽt comme Du drame familial Ă  la comĂ©die de la familleUne reconnaissance manquĂ©eLe retour du hĂ©ros dans la maison familiale aprĂšs plusieurs annĂ©es d'absence s'accompagne d'un dĂ©sir celui d'ĂȘtre reconnu par les siens. Il peut ĂȘtre compris comme une volontĂ© de donner Ă  ses proches une seconde chance de le connaĂźtre re-connaĂźtre prend alors le sens de connaĂźtre une seconde fois et de leur permettre de dĂ©couvrir ses qualitĂ©s reconnaĂźtre prend alors le sens d'obtenir la considĂ©ration des autres. Sur le plan dramaturgique, la reconnaissance » est aussi un procĂ©dĂ© théùtral, employĂ© habituellement Ă  la fin d'une piĂšce pour en permettre le dans cette piĂšce, tout se joue dĂšs le dĂ©but Louis doit se faire reconnaĂźtre par ses proches et il a un secret Ă  leur avouer. Mais il ne parvient Ă  faire ni l'un ni l'autre. C'est son frĂšre, Antoine, qui entĂ©rine cette reconnaissance manquĂ©e tu ne sais pas qui je suis, / tu ne l'as jamais su, / ce n'est pas ta faute et ce n'est pas de la mienne / non plus, moi non plus, je ne te connais pas [
] / on ne se connaĂźt pas » partie 1, sc. 11. Si toute reconnaissance est impossible, c'est que les personnages avouent ne s'ĂȘtre jamais connus. Ils se rĂ©vĂšlent prisonniers des rĂŽles qu'ils se sont attribuĂ©s les uns aux vaine tentative de dĂ©-jouerLe retour de Louis peut de ce fait apparaĂźtre comme une tentative de dĂ©-jouer dĂ©jouer l'intrigue qu'il prĂ©voit, dĂ©-jouer la distribution des rĂŽles. Lorsqu'il a entrepris son voyage, il savait dĂ©jĂ  quelle tournure allaient prendre les Ă©vĂ©nements c'est exactement ainsi, / lorsque j'y rĂ©flĂ©chis, / que j'avais imaginĂ© les choses, / vers la fin de la journĂ©e, / sans avoir rien dit de ce qui me tenait Ă  cƓur / – c'est juste une idĂ©e mais elle n'est pas jouable » partie 2, sc. 1. PrĂ©voyant tout ce qui va advenir, Louis voudrait en contrarier le cours et imposer une nouvelle trame Ă  l'histoire familiale. Mais il rĂ©alise vite que ce projet n'est pas jouable » il est condamnĂ©, comme les autres, Ă  endosser son costume chacun joue en effet sa comĂ©die familiĂšre et familiale. Louis est le frĂšre aĂźnĂ© dĂ©sirable et lointain, distant » intermĂšde, sc. 5, Antoine, le frĂšre au mauvais caractĂšre, bornĂ© » partie 1, sc. 4, Suzanne, la petite sƓur qui parle trop, la mĂšre, celle qui ressasse et Catherine, la belle-sƓur simple, claire, prĂ©cise » partie 1, sc. 7. Chaque personnage Ă©nonce un jugement sur les autres dont aucun ne peut se libĂ©rer, comme le dĂ©clare Antoine Ă  Louis car tu le voudrais, tu ne saurais plus t'en dĂ©faire, tu es pris Ă  ce rĂŽle » partie 2, sc. 3. À tel point que Suzanne, la petite sƓur, indique Ă  Louis le moment de la conversation oĂč il faudrait qu'il lui dise Ta gueule, Suzanne » et que celui-ci, pour respecter le jeu de rĂŽles, s'exĂ©cute partie 1, sc. 7. II. Une piĂšce sans actionUne structure statiqueL'une des particularitĂ©s de cette piĂšce est l'absence d'action qu'elle prĂ©sente il ne se passe rien, les seuls actes observables sont des actes de langage. La structure de la piĂšce repose sur des scĂšnes comme juxtaposĂ©es, une suite de paroles isolĂ©es soit le dialogue ne prend pas entre les personnages dans les scĂšnes de groupe, soit la parole est confisquĂ©e par un seul personnage durant une scĂšne entiĂšre, donnant lieu Ă  une succession de parole solitaire de Louis vient rĂ©guliĂšrement ponctuer la piĂšce au dĂ©but prologue, Ă  la fin Ă©pilogue et au dĂ©but de la seconde partie sc. 1. Au centre de la piĂšce survient l'intermĂšde, comme dans un hors-temps, un hors-lieu, Ă  mi-chemin entre le rĂȘve et le fantasme, contribuant Ă  fragmenter un peu plus la temporalitĂ©, Ă  disloquer le rĂ©el. Pas de pĂ©ripĂ©ties, pas de coups de théùtre, il n'est question que de langage de la volontĂ© de dire, de l'incapacitĂ© de en l'airTout comme aucune action ne s'engage, aucune parole ne se rĂ©alise le langage ne fait que sanctionner l'impossibilitĂ© de l'action. Les personnages ne font que dire ce qu'ils feraient si, Ă©noncer ce qu'ils diraient si Je souhaite quant Ă  moi, / ce que je souhaitais, / je serais heureux de pouvoir
 » partie 1, sc. 6. Les nombreuses Ă©panorthoses, le plus souvent exprimĂ©es par des changements de temps et de modes des verbes, indiquent le caractĂšre vellĂ©itaire des paroles la vellĂ©itĂ© au mensonge, il n'y a d'ailleurs qu'un pas et les personnages se complaisent en fausses promesses. La mĂšre demande ainsi Ă  Louis de mentir mĂȘme si ce n'est pas vrai, un mensonge qu'est-ce que ça fait ? Juste une promesse qu'on fait en sachant par avance qu'on ne la tiendra pas » partie 1, sc. 8.III. Dire la lente paralysie de la vieDialogues de sourds-muetsJuste la fin du monde met en scĂšne l'Ă©chec du dialogue chacun se heurte Ă  la difficultĂ© de dire Ă  l'autre ce qu'il voudrait exprimer. Louis le premier, dans la scĂšne 5 de la premiĂšre partie, avoue qu'il ne trouve pas les mots » avant de conclure que sa famille l'aime comme un mort, sans pouvoir ni savoir jamais rien [lui] dire ». Il est pris entre priĂšres de parler et priĂšres de se taire. Suzanne et la mĂšre veulent qu'il se dĂ©voile, qu'il raconte. À l'inverse, Catherine et Antoine lui intiment l'ordre de ne rien la difficultĂ© pour Louis de parler rĂ©pond le refus d'Antoine d'Ă©couter tu voudras me parler / et il faudra que j'Ă©coute / et je n'ai pas envie d'Ă©couter » partie 1, sc. 11. DĂšs lors que l'un des personnages prend la parole, ou il s'excuse de le faire ou il s'emploie Ă  fournir une interprĂ©tation des mots qu'il prononce, comme la mĂšre qui ne cesse de commenter son propre discours ce que j'essaie de dire » partie 1, sc. 4. MinĂ© de toutes parts, le dialogue ne peut s' l'inĂ©luctableSi les personnages ne parviennent pas Ă  communiquer, c'est aussi que toutes leurs amorces de conversations sont arrimĂ©es au passĂ©. Un passĂ© que chacun recrĂ©e Ă  sa façon, sur lequel chacun a son mot dĂ©finitif Ă  dire, comme l'explique la mĂšre dans la scĂšne 8 de la premiĂšre partie. Pour chacun des personnages, il ne s'agit que d'exposer son point de vue, sa vĂ©ritĂ©, comme le permet au théùtre la focalisation cette piĂšce, et cela fait sa singularitĂ©, semble adopter une focalisation interne en privilĂ©giant le point de vue de Louis qui, dĂ©passant les limites du personnage de théùtre, se place en narrateur et en tĂ©moin d'une histoire qu'il raconte autant qu'il la rejoue, brouillant les frontiĂšres entre les genres pour la dissertation les enjeux du parcours– Festen de Thomas Vinterberg, 1998Helge, pĂšre de famille danois, fĂȘte ses soixante ans. À cette occasion, il invite toute sa famille pour une grande cĂ©lĂ©bration. Son fils aĂźnĂ©, qui a fait sa vie Ă  Paris et dont la sƓur jumelle s'est suicidĂ©e des annĂ©es auparavant, revient spĂ©cialement et prononce un discours en l'honneur de son pĂšre, que tous attendent avec impatience. Il y rĂ©vĂšle devant l'assemblĂ©e que son pĂšre les a violĂ©s, lui et sa sƓur, durant leur enfance, et qu'il est temps qu'il rende des points communs avec la piĂšce de Lagarce sont nombreux on retrouve le retour d'un membre de la famille venu dans l'intention d'apporter une nouvelle qui va en bouleverser l'Ă©quilibre. Le protagoniste est lui aussi blessĂ© et traumatisĂ© par ce qu'il vient annoncer et sait qu'il va devoir faire face Ă  des rĂ©actions hostiles. La crise est donc personnelle, mais aussi familiale elle implique les autres, et le rĂ©cit va s'attacher Ă  dĂ©crire l'interaction entre un individu et le groupe auquel il appartient, et qui a tendance Ă  faire bloc contre diffĂ©rence rĂ©side dans le mobile de cette nouvelle chez Lagarce, Louis doit annoncer sa maladie et sa mort prochaine. Chez Vinterberg, Christian va dĂ©truire la famille en dĂ©voilant les crimes du pĂšre. Pourtant, le traitement est assez similaire est surtout dĂ©crite la maniĂšre dont le groupe rĂ©agit, et s'organise presque inconsciemment pour rejeter celui qui se distingue. Christian et Louis sont en effet tous les deux des Ă©lectrons libres, qui ont fait leur vie ailleurs, pour se protĂ©ger d'une cellule qu'ils jugent toxique. Lagarce et Vinterberg veulent tous les deux dissĂ©quer son fonctionnement, et la maniĂšre dont une hystĂ©rie collective peut se mettre en place pour empĂȘcher le rebelle de parler, pour le discrĂ©diter ou l' question de la famille rejoint les thĂ©matiques universelles de la tragĂ©die on le voit dans le rapport au pĂšre, mais aussi dans la rivalitĂ© entre les frĂšres, qui existe aussi bien chez le dramaturge que le cinĂ©aste entre jalousie et convoitise du statut du fils prĂ©fĂ©rĂ©, les liens fraternels se nouent toujours avec agressivitĂ© et maladresse, empĂȘchant une rĂ©elle communication. Le lien Ă  la mĂšre, enfermĂ©e dans un rĂŽle qu'elle a Ă©crit au fil des annĂ©es, est Ă©galement similaire incapable de voir les ĂȘtres changer autour d'elle, convaincue de la lĂ©gende dans laquelle elle a figĂ© sa famille, elle est celle qui, malgrĂ© des sentiments sincĂšres, oppose le plus de rĂ©sistance Ă  la prĂ©sence de celui qui voudrait parler, rĂ©vĂ©ler et assainir les le plan esthĂ©tique, la diffĂ©rence entre théùtre et cinĂ©ma est particuliĂšrement intĂ©ressante le monologue prĂ©domine chez Lagarce, et une rĂ©flexion sur la langue et sa capacitĂ© Ă  dire juste est une des thĂ©matiques essentielles de la piĂšce. Vinterberg a quant Ă  lui optĂ© pour une esthĂ©tique trĂšs particuliĂšre, issue du Dogme95, dans laquelle l'authenticitĂ© la plus grande est requise plans-sĂ©quences, camĂ©ra Ă  l'Ă©paule, cris, interruptions et interactions violentes donnent Ă  l'Ɠuvre une force fondĂ©e sur la spontanĂ©itĂ©.– Serre-moi fort de Mathieu Amalric, 2021Ce film est adaptĂ© d 'une piĂšce de théùtre qui n 'a jamais Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ©e sur scĂšne. Les premiĂšres sĂ©quences montrent une mĂšre de famille quittant discrĂštement la maison au petit matin et s 'enfuyant en voiture vers la mer. On voit, en parallĂšle, la vie de ceux qui restent — son mari, sa fille, son fils —, et qui vont devoir apprendre Ă  vivre avec son absence. Mais le rĂ©cit fragmentaire va progressivement rĂ©vĂ©ler des vĂ©ritĂ©s bien cellule familiale Ă©voquĂ©e ici est plus jeune que chez Lagarce les enfants y ont encore toute leur innocence, et les sĂ©quences qui leur sont consacrĂ©es dressent le portrait d'un bonheur simple et quotidien, entre repas, retour de l'Ă©cole, jeux et partage. Mais la crise n'est pas moins prĂ©sente. Mathieu Amalric montre, du point de vue de la mĂšre qui s'absente, ce Ă  quoi elle n'a plus droit, sans qu'on sache dans un premier temps la raison pour laquelle elle se prive de vivre auprĂšs d'eux, alors qu'elle passe visiblement son temps Ă  penser Ă  eux. Sa crise personnelle est une sorte d'odyssĂ©e en dehors de la maison familiale, un road movie qui lui fait expĂ©rimenter une solitude qu'elle ne connaissait plus. Mais le montage la ramĂšne sans cesse aux siens, qu'elle ne parvient pas Ă  oublier.[Avertissement si vous comptez voir le film, ne lisez les lignes suivantes qu'aprĂšs le visionnage, qui serait gĂąchĂ© par les rĂ©vĂ©lations qu'elles contiennent.] La construction non linĂ©aire du rĂ©cit nous apprendra progressivement la vĂ©ritĂ© en rĂ©alitĂ©, la famille a disparu dans une avalanche, et la mĂšre doit attendre la fonte des glaces pour rĂ©cupĂ©rer les corps. Durant cette pĂ©riode de flottement, elle parcourt la rĂ©gion autour de chez elle, et s'invente une fugue en imaginant les siens continuer Ă  vivre, ce qui lui rend plus supportable le deuil auquel elle va devoir immanquablement se confronter. La crise est donc surtout personnelle la mĂšre voit subitement tout son univers disparaĂźtre et doit composer avec la plus terrible des douleurs. En Ă©crivant la vie de son mari, sa fille et son fils, elle construit la crise familiale qui pourrait rĂ©sulter de son dĂ©part une façon, pour elle, de se consoler de sa perte en pensant Ă  quel point elle pourrait aussi manquer Ă  ceux qui ne sont plus lĂ  pour la Corpus crise personnelle, crise familialeTragĂ©die et familleDans la tragĂ©die, le hĂ©ros ou l'hĂ©roĂŻne tente vainement d'Ă©chapper Ă  une malĂ©diction familiale. Ainsi, l'histoire des grandes familles tragiques de la mythologie grĂ©co-romaine que sont les Atrides Agamemnon, MĂ©nĂ©las, Clytemnestre, IphigĂ©nie, Oreste et Électre et les Labdacides ƒdipe, Jocaste, ÉtĂ©ocle et Polynice, Antigone, IsmĂšne ont inspirĂ© les trois grands auteurs tragiques grecs, Eschyle, Sophocle et Euripide. Eschyle s'intĂ©resse aux Labdacides dans Les Sept contre ThĂšbes et aux Atrides dans l'Orestie. Sophocle consacre trois piĂšces aux Labdacides, Antigone, ƒdipe roi, ƒdipe Ă  Colone et une aux Atrides, Électre. Euripide quant Ă  lui s'intĂ©resse aux Atrides avec Électre, Oreste, IphigĂ©nie en Tauride et IphigĂ©nie Ă  Aulis. La tragĂ©die explique le destin funeste du hĂ©ros ou de l'hĂ©roĂŻne tragique par leur ascendance ils sont condamnĂ©s Ă  expier malgrĂ© eux des crimes commis par leurs ancĂȘtres, comme PhĂšdre encore, protagoniste des piĂšces de SĂ©nĂšque et de fratricidesSujet Ă  la fois mythologique Romulus et RĂ©mus et biblique CaĂŻn et Abel, la lutte entre deux frĂšres a souvent Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ©e sur scĂšne. Le combat entre ÉtĂ©ocle et Polynice, les fils d'ƒdipe, a par exemple inspirĂ© Eschyle Les Sept contre ThĂšbes d'Eschyle et Racine La ThĂ©baĂŻde. C'est encore ce thĂšme qui intĂ©resse Racine dans sa tragĂ©die Britannicus qui met en scĂšne l'assassinat de Britannicus par son frĂšre et familleLa comĂ©die est elle aussi fondĂ©e sur des histoires de famille mais, par dĂ©finition, plus lĂ©gĂšre. Le mariage en est la grande affaire et il s'agit pour le hĂ©ros ou l'hĂ©roĂŻne d'Ă©chapper Ă  un mariage d'affaires conclu par son pĂšre ou sa mĂšre afin d'Ă©pouser l'Ă©lue de son cƓur et fonder sa propre famille. La comĂ©die se plaĂźt alors Ă  croquer les membres de la famille en types » souvent hĂ©ritĂ©s de la commedia dell'arte la grand-mĂšre parangon de morale chrĂ©tienne, le pĂšre avare ou hypocondriaque, la belle-mĂšre vĂ©nale, la jeune fille innocente, le fils naĂŻf, etc. On retrouve ces personnages dans diffĂ©rentes piĂšces de MoliĂšre comme L'École des femmes, Tartuffe, Le MĂ©decin malgrĂ© lui, Le Malade imaginaire, etc. Dans la comĂ©die comme dans la tragĂ©die, le hĂ©ros ou l'hĂ©roĂŻne tentent d'Ă©chapper Ă  l'emprise sƓurs, cinq sƓursDans le théùtre du xxe siĂšcle, le personnage de la sƓur reprĂ©sente souvent le type de la femme qui n'a pas rĂ©ussi Ă  vivre sa vie, dĂ©chirĂ©e entre aspirations personnelles et fidĂ©litĂ© Ă  l'ordre familial dont elle finit par rester prisonniĂšre. Plusieurs auteurs se sont plu Ă  mettre en scĂšne des fratries uniquement composĂ©es de sƓurs qui attendent indĂ©finiment dans leur maison que quelque chose arrive, comme Tchekhov avec Les Trois SƓurs, GarcĂ­a Lorca avec La Maison de Bernarda Alba et Lagarce avec J'Ă©tais dans ma maison et j'attendais que la pluie pour l'oral– Juste la fin du monde de Xavier Dolan, 2016L'adaptation de la piĂšce de Lagarce par Xavier Dolan peut bien Ă©videmment ĂȘtre Ă©voquĂ©e lors de l'oral. Il sera alors important d'en mentionner les spĂ©cificitĂ©s et de montrer dans quelle mesure on peut la considĂ©rer comme un prolongement du texte. Pour cela, prĂ©voir une comparaison entre une captation de la piĂšce et la version qu'en propose le choix divergents ont Ă©tĂ© faits par rapport Ă  la piĂšce le texte est lĂ©gĂšrement remaniĂ©, il n'y a pas d'Ă©pilogue. De la mĂȘme maniĂšre, l'ajout de flash-back permet quelques Ă©chappĂ©es hors du prĂ©sent, ainsi que la matĂ©rialisation Ă  l'image de souvenirs d'un temps perdu pour Louis, lors de sĂ©quences trĂšs lyriques. Le langage cinĂ©matographique pourra lui aussi faire l'objet de certaines remarques. Xavier Dolan, par l'usage d'objectifs Ă  longues focales, fait le point sur des visages et isole le reste du dĂ©cor, voire des autres personnages Ă  proximitĂ©, qui resteront flous. Cela crĂ©e un effet Ă©touffant qui permet de souligner l'incommunicabilitĂ© entre les ĂȘtres, qui ne partagent que rarement la mĂȘme zone de nettetĂ©. C'est aussi une façon de rendre invisible le lieu oĂč se dĂ©roule l'action la mention Quelque part, il y a quelque temps dĂ©jĂ  » ouvre le film, pour faire de cette famille un groupe universel, qui renvoie Ă  des thĂ©matiques explorĂ©es depuis l'AntiquitĂ© et l'invention de la la question de la tonalitĂ© est cruciale dans le film. FidĂšle Ă  son cinĂ©ma voir Ă  ce titre le trĂšs Ă©mouvant Mommy, sorti en 2014, traitant de la relation complexe d'un adolescent atteint de troubles du comportement avec sa mĂšre et une voisine, Xavier Dolan explore tous les ressorts du lyrisme et du registre pathĂ©tique. ConfinĂ©s dans un espace exigu qui exacerbe les passions, les membres de la famille s'affrontent, crient, pleurent, se dĂ©chirent, permettant aux comĂ©diens des performances extrĂȘmes, mais s'Ă©loignant assez de la sobriĂ©tĂ© et de l'intimitĂ© construites par Lagarce. Cette diffĂ©rence sera Ă  prĂ©senter pour attester d'une bonne connaissance du texte original, et des spĂ©cificitĂ©s de l'adaptation cinĂ©matographique.– La vie est belle de Frank Capra, 1946La question de la crise personnelle est donc ici Ă©vidente c'est celle d'un homme arrivĂ© au bout de tout espoir et ne trouvant plus de solution Ă  sa situation. À la diffĂ©rence de bien des exemples proposĂ©s, le motif est ici exclusivement Ă©conomique si George souhaite en finir, c'est parce qu'un de ses employĂ©s a Ă©garĂ© une importante somme d'argent, et que tout le projet qu'il avait mis en place pour permettre aux plus dĂ©shĂ©ritĂ©s d'accĂ©der Ă  un logement est sur le point de s'effondrer. George est une sorte de saint, un homme moral, intĂšgre et dĂ©bordant d'initiative comme on en voit beaucoup dans le cinĂ©ma de Capra, et souvent incarnĂ© par le mĂȘme comĂ©dien, James Stewart. Il est dĂ©vouĂ© Ă  sa communautĂ© et sa famille, mais assailli par la figure du mal, Mr Potter, qui reprĂ©sente tout ce que le capitalisme peut avoir de violent et d'indiffĂ©rent. La crise familiale est trĂšs courte dans un film qui s'attache surtout Ă  montrer la maniĂšre dont la cellule s'est construite dans une certaine prĂ©caritĂ©, mais avec un amour et une rage de vivre lumineuse. Peu avant sa tentative de suicide, George, accablĂ© par la perte de l'argent, rentre chez lui, dans une demeure en pleins prĂ©paratifs de la veille de NoĂ«l, et passe sa frustration sur ses proches son Ă©pouse et ses enfants qui ignorent tout de ses problĂšmes. Une scĂšne terrible qui dissĂšque en quelques minutes les origines du mal en ce qui concerne l'Ă©quilibre d'une famille, et la maniĂšre dont les contrariĂ©tĂ©s liĂ©es Ă  un domaine extĂ©rieur ici, professionnel et Ă©conomique peuvent avoir des consĂ©quences collatĂ©rales sur d'autres individus, gĂ©nĂ©ralement fragiles et innocents. Le dĂ©nouement de ce film prĂ©sentĂ© comme un conte, puisque les anges y interviennent, tend donc Ă  souligner l'indispensable valeur qu'est la cellule familiale et, d'une maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale, le dĂ©vouement de l'individu Ă  la collectivitĂ©. L'ange venu aider George rĂ©pond Ă  son dĂ©sir de n'avoir jamais existĂ© et lui prĂ©sente un monde qui n'aurait pas pu bĂ©nĂ©ficier de sa prĂ©sence, pour lui rĂ©vĂ©ler Ă  quel point son apport a Ă©tĂ© indispensable aux autres. La crise personnelle se rĂ©sout par la prise de conscience de sa valeur au regard des autres sa famille, et sa communautĂ©, avant le grand chant collectif de NoĂ«l en guise de rĂ©fĂ©rences sur la famille au cinĂ©ma– Une affaire de famille de Hirokazu Kore-eda, 2018Portrait d'une famille pauvre dans le Japon contemporain, qui, en dĂ©pit de ses larcins comme le vol Ă  l'Ă©talage, parvient Ă  construire bonheur et solidaritĂ© dans l'adversitĂ©. Palme d'or Ă  Cannes en 2018.– La Famille Tenenbaum de Wes Anderson, 2001Portrait atypique, insolite et poĂ©tique d'une famille dans laquelle la mĂšre Ă©lĂšve ses enfants pour en faire des gĂ©nies de la finance, du théùtre et du tennis. Cette comĂ©die porte tout le charme de l'esthĂ©tique unique de son rĂ©alisateur.– Un dimanche Ă  la campagne de Bertrand Tavernier, 1984Autre variation sur un dimanche de rĂ©union de famille, celle-ci se situant en 1912. Deux enfants dĂ©jĂ  adultes viennent rendre visite Ă  leur pĂšre, qu'ils n'Ă©coutent plus vraiment, alors que celui-ci est sur le point de mourir. Q033wC.
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  • juste la fin du monde antoine analyse