Juste la fin du monde est une piĂšce de théùtre Ă©crite par Jean-Luc Lagarce Ă Berlin en 1990, dans le cadre d'une bourse LĂ©onard de Vinci, alors qu'il se savait atteint du sida. Traduite et jouĂ©e en plusieurs langues[1],[2], cette piĂšce a Ă©tĂ© inscrite au programme des sessions 2008 Ă 2010 de l'Ă©preuve théùtre du baccalaurĂ©at et de la session 2012 des agrĂ©gations de lettres modernes, de lettres classiques et de grammaire[3], puis aux programmes des classes de premiĂšres gĂ©nĂ©rales et technologiques du baccalaurĂ©at de français pour les session 2021 et 2022. Le rĂ©alisateur de cinĂ©ma Xavier Dolan a adaptĂ© la piĂšce dans un film franco-canadien du mĂȘme nom sorti en 2016. RĂ©sumĂ© Louis rend visite Ă sa famille pour la premiĂšre fois depuis des annĂ©es. Il retrouve sa mĂšre, sa sĆur Suzanne, son frĂšre Antoine et sa belle-sĆur Catherine. Il a l'intention de leur annoncer sa maladie et que sa mort prochaine est inĂ©luctable, mais son arrivĂ©e fait resurgir souvenirs et tensions familiales. Chacun exprime divers reproches et Louis repart sans avoir pu faire l'annonce de sa mort. Personnages Louis, personnage principal 34 ans Suzanne, sĆur cadette de Louis et d'Antoine 23 ans Antoine, frĂšre cadet de Louis 32 ans Catherine, femme d'Antoine 32 ans La mĂšre 61 ans ThĂšmes La piĂšce aborde la question de l'absence du fils et de son retour auprĂšs de sa famille. Dans ses premiĂšres Ćuvres, Retour Ă la citadelle et Les Orphelins, avant dâapprendre sa sĂ©ropositivitĂ©, Jean-Luc Lagarce sâĂ©tait dĂ©jĂ intĂ©ressĂ© au sujet du retour[4]. La piĂšce s'inspire non seulement de la parabole du Fils prodigue, mais aussi du mythe de CaĂŻn et dâAbel. Antoine sâoffusque du retour de son frĂšre quâil jalouse, il ne veut pas que Suzanne se rĂ©jouisse de sa visite. Selon Antoine, Louis ne mĂ©rite pas quâon lâaccueille avec joie ; il a failli Ă ses responsabilitĂ©s et a menĂ© une existence quâAntoine nâa jamais connue. Les rapports entre la mĂšre et Antoine sont difficiles, dâautant plus que Louis est le fils favori. La piĂšce est aussi liĂ©e Ă lâOdyssĂ©e homĂ©rique. Les deux histoires narrent la quĂȘte, lâodyssĂ©e dâun protagoniste â Louis est Ulysse â qui poursuit un but se faire reconnaĂźtre des siens dans le cas de Louis, retrouver sa patrie dans le cas dâUlysse. La piĂšce est Ă©galement dominĂ©e par les thĂšmes de la solitude, de la difficultĂ© de communication entre les membres de la famille. Enfin face Ă la mort inĂ©luctable, le personnage cherche Ă rassembler des Ă©lĂ©ments de sa vie et Ă donner de la cohĂ©sion Ă son existence. Le titre Le titre ressemble Ă lâexpression ce nâest pas la fin du monde » pour dire ce nâest pas grave ». Ce titre est Ă double sens. Lâadverbe juste » et lâellipse attĂ©nuent de façon ironique la brutalitĂ© de lâaction quâintroduit le titre. Il annonce que ce nâest rien de grave, câest juste la fin du monde. Mais ce monde se rĂ©duit Ă celui de Louis, Ă sa vie menacĂ©e, et non Ă celui de lâhumanitĂ©. Il y a une forme dâironie dans ce titre car Louis est soumis Ă son destin, et ne peut pas de toute façon rĂ©sister Ă sa âfin du mondeâ. Mise en scĂšne L'absence de didascalies octroie au lecteur une grande libertĂ© dâinterprĂ©tation. Les dialogues trahissent parfois une certaine mĂ©fiance Ă lâĂ©gard du langage, mĂ©fiance quâon retrouve chez beaucoup de dramaturges du XXe siĂšcle. Les dialogues sont construits par l'apposition de longs monologues, mettant ainsi l'accent sur l'importance du langage, de la communication et de la formulation de la pensĂ©e. Jean-Luc Lagarce sâabstient de dĂ©crire le dĂ©cor de la scĂšne, sauf pour dire que la maison dâenfance de Louis oĂč vivent dĂ©sormais Suzanne et la mĂšre â câest-Ă -dire le lieu de lâintrigue â se trouve Ă la campagne. Il y a lĂ lâidĂ©e de la routine et dâun monde figĂ©, mais aussi l'idĂ©e d'un isolement. Ceci permet Ă©galement de mettre l'accent sur une opposition entre les espaces associĂ©s au personnage de Louis la grande ville, l'urbanitĂ© et l'espace d'Antoine petite maison de campagne. Structure de la piĂšce La piĂšce repose essentiellement sur des monologues, mĂȘme si ceux-ci sont entrecoupĂ©s de scĂšnes plus dialoguĂ©es. L'impossibilitĂ© de Louis Ă dire son message empĂȘche l'action d'avancer et enferme les autres personnages dans un verbiage logorrhĂ©ique. Chacun parle, mais ne parvient pas rĂ©ellement Ă communiquer avec la personne Ă laquelle il s'adresse. La parole sert de fuite, et paradoxalement l'on pourrait mĂȘme dire que la parole empĂȘche de formuler. Elle est le masque du malaise qui existe entre les personnages. La piĂšce est structurĂ©e temporellement de maniĂšre relativement prĂ©cise dans la mesure oĂč elle suit l'arrivĂ©e de Louis, puis son dĂ©part de la maison. La piĂšce est encadrĂ©e par un prologue et un Ă©pilogue pris en charge par Louis. Ces deux monologues ne sont pas directement adressĂ©s et tendent Ă rendre compte des motivations intĂ©rieures du personnage. Prologue Au moment oĂč il sâadresse Ă son auditoire, Louis, qui a longtemps niĂ© l'approche de sa mort, a acceptĂ© l'idĂ©e de l'au-delĂ . Il veut revoir ses proches pour leur annoncer la nouvelle. Il a toujours feint dâĂȘtre son propre maĂźtre, alors quâen rĂ©alitĂ©, il ne peut dĂ©cider de rien face Ă la mort. Le retour de Louis chez ses proches est un retour sur lui-mĂȘme. Le prologue ressemble au chĆur du théùtre antique. PremiĂšre partie Cette partie narre lâarrivĂ©e de Louis, lâaccueil embarrassĂ© des siens, les banalitĂ©s dâusage, les premiers sous-entendus lors des retrouvailles, lâĂ©vocation du passĂ©, les reproches de moins en moins voilĂ©s sur son absence, lâhostilitĂ© dâAntoine. ScĂšne 1 Louis est isolĂ© de sa famille, il nâembrasse personne. Quand Louis est prĂ©sentĂ© Ă Catherine, sa mĂšre est choquĂ©e. Câest maintenant quâelle sâaperçoit des consĂ©quences que le dĂ©part inexplicable de Louis a engendrĂ©es Louis, tu ne connais pas Catherine ? » Catherine reproche Ă Louis dâavoir boycottĂ© son mariage avec Antoine ; depuis, les occasions ne se sont pas trouvĂ©es ». Suzanne est un peu déçue que Louis ne lâait pas prĂ©venue de son arrivĂ©e, car elle aurait bien voulu aller le chercher. Elle pense que Louis a achetĂ© une voiture, mais celui-ci est en rĂ©alitĂ© venu en taxi depuis la gare. Elle croit que si Louis est parti pour avoir une vie que ses proches nâont pas eue, il a dĂ» rĂ©ussir. Antoine et Suzanne se querellent sans quâon sache pourquoi, les rapports entre Antoine et Suzanne sont hostiles. ScĂšne 2 Les enfants de Catherine sont chez leur grand-mĂšre maternelle. Sâils avaient su que Louis viendrait, ils seraient peut-ĂȘtre venus. Catherine et Antoine auraient voulu que leurs enfants voient leur oncle un autre reproche sur lâabsence de Louis. Catherine laisse entendre que les proches de Louis ignoraient sâils allaient le revoir Nous vous avions, avons envoyĂ© une photographie dâelle [...]. » Louis nâest pas tout Ă fait sĂ»r du nombre de ses neveux et niĂšces, rĂ©vĂ©lant ainsi sa trĂšs longue absence. Il prĂ©tend sâintĂ©resser Ă sa famille. Catherine essaie de justifier le fait que son fils soit prĂ©nommĂ© Louis. Antoine sâindigne, et Louis se sent mal. Antoine sâexcuse sur un ton rĂ©probateur, mais continue de profĂ©rer des injures. Antoine dit que vous nâen aurez pas [dâenfants]. » Catherine ne cesse de se heurter aux limites du langage logique, ce nâest pas un joli mot pour une chose Ă lâordinaire heureuse et solennelle, le baptĂȘme des enfants, bon ». Elle cherche Ă trouver un sujet de discussion pour crĂ©er de la convivialitĂ©, et Ă©voque dans son monologue par sous entendus la possible homosexualitĂ© de Louis, dâoĂč son incapacitĂ© Ă avoir ou vouloir un enfant. ScĂšne 3 Suzanne rĂ©sume sa vie oĂč rien ne sâest passĂ©. Elle admoneste Louis Lorsque tu es parti / â je ne me souviens pas de toi â / je ne savais pas que tu partais pour tant de temps [...]. [...] Ce nâest pas bien que tu sois parti, [...]. » Pendant que Louis voyageait, Suzanne ignorait sâil Ă©tait toujours en vie. Elle vacille sans cesse entre le passĂ© et le prĂ©sent. Louis est un Ă©crivain probablement homosexuel, ce qui lâĂ©loigne de sa famille je pensais que ton mĂ©tier Ă©tait dâĂ©crire serait dâĂ©crire ». Suzanne lui reproche dâavoir Ă©crit Ă beaucoup de personnes sans jamais correspondre avec sa famille, de mĂ©priser les siens, et de leur avoir envoyĂ© des messages superficiels que nâimporte qui pouvait lire. Ă un moment, elle a envie de pleurer, car elle trouve quâelle a dilapidĂ© sa vie Je voudrais partir mais ce nâest guĂšre possible. » ScĂšne 4 Antoine a hĂąte dâinterrompre une conversation que Catherine et sa mĂšre ont Ă peine entamĂ©e. Il veut attĂ©nuer sa fureur en agressant quiconque a lâair joyeux. Antoine sâindigne quand sa mĂšre mentionne son enfance, quâil a partagĂ©e avec Louis. Quand il lance une incorrection, sa mĂšre est rancuniĂšre [âŠ] le mĂȘme mauvais caractĂšre, / bornĂ©, / enfant dĂ©jĂ , rien dâautre ! » Les relations entre Antoine et la mĂšre sont tendues. La famille Ă©tait fiĂšre de la voiture quâelle possĂ©dait malgrĂ© son statut modeste. Le pĂšre Ă©tait apparemment traditionaliste et provincial, il aimait les voitures â peut-ĂȘtre plus que sa femme. Son orgueil Ă©tait nĂ©anmoins mal placĂ©, il nâĂ©tait pas aventurier, nâavait rien dâĂ©tonnant. Symboliquement, la mĂšre raconte la vie de Louis dont la mort est imminente. La famille menait une vie harmonieuse que quelque chose â peut-ĂȘtre le dĂ©part de Louis â a interrompue. La mĂšre aussi a des problĂšmes de communication ; elle hĂ©site entre le prĂ©sent de lâindicatif et celui du subjonctif Avant mĂȘme que nous nous marions, mariions ? » Ses paroles rĂȘveuses trahissent sa tendance Ă vivre dans le passĂ©, Ă©poque oĂč elle et son mari Ă©taient ancrĂ©s Ă leurs coutumes. Puis il y eut un changement AprĂšs, ils eurent treize et quatorze ans, / Suzanne Ă©tait petite, ils ne sâaimaient pas beaucoup, ils se chamaillaient toujours, ça mettait leur pĂšre en colĂšre, ce furent les derniĂšres fois et plus rien nâĂ©tait pareil. » Elle accuse ses fils dâavoir tout gĂąchĂ© en devenant trop grands ». Le retour de Louis lâa Ă©videmment poussĂ©e Ă ressasser ses souvenirs. Grosso modo, elle verbalise des rĂ©flexions trĂšs banales sur une famille plutĂŽt banale. ScĂšne 5 Cette scĂšne est cruciale, car Louis y justifie son retour. Il craint que ses proches aient cessĂ© de lâaimer. Il pense quâils ont renoncĂ© Ă lui aprĂšs avoir tant cherchĂ© Ă me garder auprĂšs dâeux ». Louis croit quâil se sent plus aimĂ© quand les autres font mine de ne pas penser Ă lui. Il est venu les voir parce que cette absence dâamour fit toujours plus souffrir les autres que moi. » Mais sa famille a fini par lâabandonner elle ne lâaime pas comme un vivant, mais comme un mort. Louis se mĂ©fie du langage je ne sais pas si je pourrai bien la dire ». Il s'agit probablement d'un monologue dans lequel Louis, seul sur scĂšne, s'exprime soit Ă lui-mĂȘme, soit aux lecteurs/spectateurs. ScĂšne 6 Les relations entre Antoine et Louis sont toujours tendues Il veut toujours que je ne mâintĂ©resse pas, / il a dĂ» vous prĂ©venir contre moi. » Selon Catherine, Antoine est furieux parce quâil trouve que Louis ne sâintĂ©resse pas Ă lui. La situation dâAntoine nâest pas mauvaise » il travaille dans une petite usine dâoutillage », mais Catherine ignore les dĂ©tails. DâaprĂšs elle, la supposition dâAntoine que Louis ne sâintĂ©resse pas Ă lui nâest peut-ĂȘtre pas tout Ă fait fausse. Elle refuse cependant que Louis lui parle des choses importantes, quâil âest prĂ©fĂ©rable que vous ne me disez rienâ. DâaprĂšs elle, âje ne compte pasâ, et il ne faut pas que Louis passe par elle pour atteindre Antoineâ. ScĂšne 7 Louis et Suzanne ont une brĂšve conversation. Suzanne donne son avis sur cette fille-là », et Louis sâindigne. ScĂšne 8 La mĂšre tient un long monologue. Elle dit Ă Louis Ils veulent te parler, / ils ont su que tu revenais et ils ont pensĂ© quâils pourraient te parler, / un certain nombre de choses Ă te dire depuis longtemps et la possibilitĂ© enfin. » Elle rĂ©vĂšle quâ [i]ls voudront tâexpliquer mais ils tâexpliqueront mal, / car ils ne te connaissent pas, ou mal. » DâaprĂšs elle, ils craignent que Louis ne leur donne pas le temps nĂ©cessaire pour lui expliquer tout ce quâils voudraient. Elle essaie de prĂ©voir la rĂ©action de Louis tu rĂ©pondras Ă peine deux ou trois mots, / ou tu souriras, la mĂȘme chose [...]. [âŠ] et ce sourire aura aggravĂ© les choses entre vous, / ce sera comme la trace du mĂ©pris, la pire des plaies. » DâaprĂšs la mĂšre, Suzanne sera triste », tandis quâAntoine sera plus dur encore ». Elle sait que Suzanne veut changer de vie, et quâAntoine voudrait pouvoir vivre autrement avec sa femme et ses enfants / et ne plus rien devoir [...]. » La mĂšre voit juste [âŠ] la journĂ©e se terminera ainsi comme elle a commencĂ©, / sans nĂ©cessitĂ©, sans importance. » Elle dit Ă Louis que les autres voudraient quâil les encourage, quâil encourage Suzanne Ă lui rendre visite de temps en temps et quâil donne Ă Antoine le sentiment quâil nâest plus responsable de nous ». Antoine aurait toujours cru ĂȘtre responsable de tous, ce qui est faux. Elle veut que Louis lui donne lâillusion quâil pourrait Ă son tour, Ă son heure, mâabandonner ». Ă la fin, la mĂšre demande que Louis lui rĂ©vĂšle son Ăąge. ScĂšne 9 Suzanne demande si Louis et Catherine vont continuer Ă se vouvoyer. Antoine rĂ©torque quâils font comme ils veulent, et Suzanne sâindigne. Leur dispute explose sur une trivialitĂ©, mais celle ci est due Ă lâintĂ©rioritĂ© continue des Ă©motions de ces deux personnages qui ne parviennent pas Ă exprimer leurs pensĂ©es, câest la goutte qui fait dĂ©border le vase. Louis ne semble pas remarquer leurs invectives ; il rĂ©pond Ă Catherine quâil aimerait bien un peu de cafĂ©. Suzanne et Antoine se fĂąchent davantage et finissent par sâen aller, suivis de Louis et de la mĂšre. ScĂšne 10 Louis essaie de se rassurer. Il espĂšre que sa mort fera disparaĂźtre le monde et que les autres le rejoindront pour lui tenir compagnie. Il fait de son mieux pour rĂ©sister Ă la mort Je suis un meurtrier et les meurtriers ne meurent pas, / il faudra mâabattre. » Il croit pouvoir dĂ©cider de tout, la mort incluse. Celle-ci lâa obsĂ©dĂ© durant ses pĂ©riples jusquâĂ ce quâun certain Ă quoi bon » lâencourage Ă terminer ses dĂ©risoires et vaines escapades ». ScĂšne 11 La conversation entre Louis et Antoine est ponctuĂ©e de mercuriales. Quand Louis essaie de justifier son arrivĂ©e, Antoine rĂ©pond Pourquoi est-ce que tu me racontes ça ? » Louis a trouvĂ© son voyage assez banal. Antoine pense que Louis regrette son voyage et quâil ignore les raisons de son propre retour. Il lâaccuse de ne jamais lâavoir rĂ©ellement connu. Les raisons du retour de Louis ne lâintĂ©ressent pas. Que Louis soit prĂ©sent ou pas, aux yeux dâAntoine, cela ne fait aucune diffĂ©rence. Antoine sâen va, il ne veut plus Ă©couter Louis Les gens qui ne disent jamais rien, on croit juste quâils veulent entendre, / mais souvent, tu ne sais pas, / je me taisais pour donner lâexemple. » IntermĂšde ScĂšne 1 Louis se lamente Câest comme la nuit en pleine journĂ©e, on ne voit rien, jâentends juste les bruits, jâĂ©coute, je suis perdu et je ne retrouve personne. » Sa mĂšre ne comprend pas. ScĂšne 2 Suzanne dit Ă Antoine quâelle a entendu la dispute entre lui et Louis. Antoine rĂ©pond quâils se sont Ă©nervĂ©s et quâil ne sâĂ©tait pas attendu Ă de telles maniĂšres de la part de Louis. ScĂšne 3 Louis a fait un rĂȘve les piĂšces dans la maison de sa mĂšre Ă©taient tellement Ă©loignĂ©es les unes des autres quâil marchait pendant des heures sans jamais les atteindre, sans rien reconnaĂźtre. ScĂšne 4 Suzanne demande pourquoi Louis ne les a pas visitĂ©s plus souvent et rien de bien tragique non plus, / pas de drames, des trahisons, / cela que je ne comprends pas, / ou ne peux pas comprendre. » Antoine trouve son frĂšre dĂ©sirable et lointain, distant, rien qui se prĂȘte mieux Ă la situation. Parti et nâayant jamais Ă©prouvĂ© le besoin ou la simple nĂ©cessitĂ©. » ScĂšne 5 Catherine aussi a entendu la dispute entre Louis et Antoine, et câest maintenant comme si tout le monde Ă©tait parti / et que nous soyons perdus. » ScĂšne 6 Antoine rassure sa sĆur dâaprĂšs lui, elle nâa jamais Ă©tĂ© malheureuse, câĂ©tait plutĂŽt Louis le malheureux. Il prĂ©tend que Suzanne ressemble Ă Louis et quâelle voulait ĂȘtre malheureuse parce quâil Ă©tait loin, / mais ce nâest pas la raison, ce nâest pas une bonne raison, / tu ne peux le rendre responsable, / pas une raison du tout, / câest juste un arrangement. » ScĂšne 7 La mĂšre dit Ă Catherine quâelle les a cherchĂ©s. Quand elle appelle Louis, câest Suzanne qui rĂ©pond. ScĂšne 8 Suzanne sâindigne parce que soit Antoine, soit Louis â nous ignorons Ă qui elle sâadresse â ne rĂ©pond jamais Ă ses appels. Elle rĂ©vĂšle que la famille a essayĂ© plusieurs fois de contacter Louis. Antoine essaie de rassurer sa sĆur en affirmant quâil nâa jamais Ă©tĂ© loin ou introuvable. Mais Suzanne sâindigne elle prĂ©tend connaĂźtre les petits arrangements » dâAntoine. ScĂšne 9 La mĂšre demande Ă Louis sâil lâa vraiment entendue Je ne sais pas. / Ce nâest rien, je croyais que tu Ă©tais parti. » Elle craint que Louis ne soit dĂ©jĂ reparti. DeuxiĂšme partie ScĂšne 1 Dans un soliloque, Louis dĂ©voile quâil a dĂ©cidĂ© de prendre congĂ© de sa famille sans rĂ©vĂ©ler son secret. Il promet quâil nây aura plus tout ce temps / avant que je revienne, / je dis des mensonges [...] ». Il passera peut-ĂȘtre quelques coups de fil, donnera de ses nouvelles, mais câĂ©tait juste la derniĂšre fois, / ce que je me dis sans le laisser voir ». Antoine [âŠ] dit plusieurs fois quâil ne veut en aucun cas me presser, / quâil ne souhaite pas que je parte, [âŠ] mais quâil est lâheure du dĂ©part, / et bien que tout cela soit vrai, / il semble vouloir me faire dĂ©guerpir, câest lâimage quâil donne, [...]. » ScĂšne 2 Antoine propose dâaccompagner Louis, mais Suzanne prĂ©fĂšre que Louis reste pour dĂźner. Louis prĂ©fĂšre repartir le lendemain, ce qui est ironique puisqu'il dit Mieux encore, je dors ici, je passe la nuit, je ne pars que demain, / mieux encore, je dĂ©jeune Ă la maison, / mieux encore je ne travaille plus jamais, / je renonce Ă tout, / j'Ă©pouse ma sĆur, nous vivons trĂšs heureux. » Il est sous-entendu qu'ils se prennent la tĂȘte pour un rien, mais surtout que Louis veut repartir le soir-mĂȘme. Antoine sâoffusque des propositions de Suzanne, il ne veut pas changer de plan. Quand Suzanne lui dit quâil est dĂ©sagrĂ©able, il sâindigne. DâaprĂšs Catherine, Suzanne voulait juste remarquer quâAntoine est parfois un peu brutal », ce qui aggrave la colĂšre dâAntoine et le pousse Ă devenir violent envers Louis avec la rĂ©plique Tu me touches je te tue », alors qu'il essayait simplement de le calmer. Il proclame quâil ne voulait rien de mal, quâon ne peut pas toujours avoir raison contre lui, et que la rĂ©action des autres est fort injuste. Catherine prĂ©fĂšre quâAntoine sâen aille avec Louis, ce Ă quoi Louis acquiesce. Antoine dĂ©clare quâil est dĂ©solĂ© et fatiguĂ© sans savoir pourquoi. Il ne voulait pas ĂȘtre mĂ©chant, ni brutal, il nâa jamais Ă©tĂ© ainsi. Il se souvient que lui et Louis se battaient sans cesse Ă©tant petits. Antoine sortait toujours vainqueur, parce que je suis plus fort, parce que jâĂ©tais plus costaud que lui », ou alors parce que celui-lĂ se laissait battre ». Il tance les autres pour avoir fait front contre lui et morigĂšne Suzanne qui, selon lui, aurait toujours pris le parti de Louis. ScĂšne 3 Antoine tient un monologue. Ses paroles Tu dis quâon ne tâaime pas, / je tâentends dire ça, toujours je tâai entendu, [âŠ] » sont probablement adressĂ©es Ă son frĂšre. Il ajoute que tu ne manquais de rien et tu ne subissais rien de ce quâon appelle le malheur. » Il admet cependant que nous nâĂ©tions pas bons avec toi, / et nous te faisions du mal. / Tu me persuadais, / jâĂ©tais convaincu que tu manquais dâamour. » Enfant, Antoine souffrait pour son frĂšre cette peur que jâavais que personne ne tâaime jamais, / cette peur me rendait malheureux Ă mon tour, / comme toujours les plus jeunes frĂšres se croient obligĂ©s de lâĂȘtre par imitation et inquiĂ©tude, [âŠ]. » La famille pensait en effet quâelle nâaimait pas assez Louis. Ăpilogue Louis est mort AprĂšs, ce que je fais, / je pars. / Je ne reviens plus jamais. Je meurs quelques mois plus tard, / une annĂ©e tout au plus. » Il mentionne son sĂ©jour dans le Sud de la France Ă©garĂ© dans les montagnes durant une promenade nocturne, il dĂ©cida de suivre une voie ferrĂ©e. ArrivĂ© devant lâentrĂ©e dâun immense viaduc qui dominait une vallĂ©e, il Ă©prouva un farouche besoin de pousser un grand et beau cri, / un long et joyeux cri qui rĂ©sonnerait dans toute la vallĂ©e, [âŠ]. » Mais il se tut. Il clĂŽt en dĂ©clarant Je me remets en route avec seul le bruit de mes pas sur le gravier. / Ce sont des oublis comme celui-lĂ que je regretterai. » Ăditions Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, Besançon, Les Solitaires intempestifs, coll. Bleue », 2000, 77 p. ISBN 2-912464-88-9 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, Paris, Flammarion, coll. Ătonnants classiques », 2020, 218 p. ISBN 978-2-0815-1844-5 Jean-Luc Lagarce prĂ©f. Jean-Pierre Sarrazac, Juste la fin du monde, Besançon, Les Solitaires intempestifs, coll. Classiques contemporains », 2020, 155 p. ISBN 978-2-84681-612-0 Adaptations Au théùtre La piĂšce de théùtre a Ă©tĂ© adaptĂ©e dans une mise en scĂšne de François Berreur en 2007[5], avec la distribution suivante DaniĂšle Lebrun, Elizabeth Mazev, Clotilde Mollet, HervĂ© Pierre, Bruno Wolkowitch, et dont les rĂ©pĂ©titions ont fait l'objet d'une vidĂ©o du rĂ©alisateur JoĂ«l Curtz[6]. La piĂšce entre au rĂ©pertoire de la ComĂ©die-Française en mars 2008, avec la mise en scĂšne de Michel Raskine rĂ©compensĂ©e par le MoliĂšre du meilleur spectacle, et donne lieu Ă de nouvelles reprĂ©sentations lors de la saison 2009-2010 reprise. Samuel Theis met lui aussi en scĂšne Juste la fin du monde en 2011. Le spectacle remporte les prix SACD et Théùtre 13 Jeunes metteurs en scĂšnes. En 2018, la piĂšce a Ă©galement Ă©tĂ© mise en scĂšne par Julien Tanguy, avec la distribution suivante Adrien Le Merlus, Johanne Lutrot, Clara Le Lay, Coline Marquet et Aymone Clavier. La premiĂšre reprĂ©sentation a eu lieu le 5 dĂ©cembre 2018 Ă l'amphithéùtre Michel Le Corno Vannes, produite par la Compagnie Catharsis. En 2020, FĂ©licitĂ© Chaton, assistĂ©e de Suzie Baret-Fabry l'ont mise en scĂšne, avec la collaboration artistique d'AngĂšle Peyrade. La distribution a donnĂ© ceci Florent Cheippe pour Louis, AngĂšle Peyrade pour Suzanne, Xavier Broussard pour Antoine, Aurelia Anto pour Catherine et CĂ©cile PĂ©ricorne pour la mĂšre. La mise en scĂšne a lieu au théùtre L'Ă©changeur Ă Bagnolet. Au cinĂ©ma Olivier Ducastel et Jacques Martineau adaptent la piĂšce en 2008 dans un film avec la distribution de la ComĂ©die-Française Pierre Louis-Calixte Louis, Catherine Ferran Martine, la mĂšre, Elsa Lepoivre Catherine, la femme d'Antoine, Julie Sicard Suzanne, Laurent Stocker Antoine. Xavier Dolan adapte la piĂšce au cinĂ©ma dans le film franco-canadien Juste la fin du monde, sorti le 21 septembre 2016 en France et au QuĂ©bec avec la distribution suivante Gaspard Ulliel Louis, Nathalie Baye Martine, la mĂšre, LĂ©a Seydoux Suzanne, Vincent Cassel Antoine et Marion Cotillard Catherine, la femme d'Antoine. Notes et rĂ©fĂ©rences â Juste la fin du monde » version du 24 mars 2016 sur l'Internet Archive, sur â Avec "Juste la fin du monde", Luca Ronconi consacre Lagarce Ă Milan », Le 2 avril 2009 lire en ligne, consultĂ© le 22 janvier 2022 â BNF AgrĂ©gation de lettres modernes 2012 Bibliographie des ouvrages disponibles en libre-accĂšs [1] â Jean-Pierre Sarrazac, PrĂ©face Ă l'Ă©dition 2012 â Juste la fin du monde, mise en scĂšne François Berreur 2007 » version du 21 janvier 2008 sur l'Internet Archive, sur â Association Quelques Ă©claircies » autour des rĂ©pĂ©titions - Juste la fin du monde - Jean-Luc Lagarce, - mise en scĂšne François Berreur, - », sur consultĂ© le 22 janvier 2022 Voir aussi Bibliographie Catherine Brun, Jean-Luc Lagarce et la poĂ©tique du dĂ©tour l'exemple de Juste la fin du monde », Revue d'Histoire littĂ©raire de la France, vol. 109,â 2009, p. 183-196 lire en ligne Anne Loncan, Cinq personnages en quĂȘte dâauteur », Le Divan Familial, no 47,â 2021, p. 35-48 lire en ligne BĂŒlent Caglakpinar, Dialogue des deux frĂšres une tension historique dans Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce », Studii si Cercetari Filolgice, vol. 1,â 2015, p. 29-38 Pascal LĂ©croart dir. et Alexis Leprince dir., Juste la fin du monde, de Lagarce Ă Dolan, SkĂ©n&graphie, 2018 lire en ligne GeneviĂšve Salvan, Juste la fin du monde. L'excĂšs juste, ou l'hyperbole exagĂšre-t-elle toujours? », Revue Travel,â 2014 lire en ligne Catherine Douzou dir., Lectures de Lagarce Derniers remords avant l'oubli, Juste la fin du monde, Presses Universitaires de Rennes, 2011 Liens externes Jean-Pierre Ryngaert Juste la fin du monde â Dire avec une infinie prĂ©cision, article publiĂ© sur CRDP de Franche-ComtĂ©, dossier pĂ©dagogique [2] Les Archives du Spectacle Jean-Luc Lagarce PiĂšces Erreur de construction 1977 Carthage, encore 1978 La Place de l'autre 1979 Voyage de Madame Knipper vers la Prusse Orientale 1980 Ici ou ailleurs 1981 Les Serviteurs 1981 Noce 1982 La bonne de chez Ducatel 1977 Vagues souvenirs de l'annĂ©e de la peste 1982 Hollywood 1983 Histoire d'amour repĂ©rages 1983 Retour Ă la citadelle 1984 Les Orphelins 1984 De Saxe, roman 1985 La Photographie 1986 Derniers remords avant l'oubli 1987 Music-hall 1988 Les PrĂ©tendants 1989 Juste la fin du monde 1990 Histoire d'amour derniers chapitres 1990 Les RĂšgles du savoir-vivre dans la sociĂ©tĂ© moderne 1994 Nous, les hĂ©ros 1993 Nous, les hĂ©ros version sans le pĂšre 1993 J'Ă©tais dans ma maison et j'attendais que la pluie vienne 1994 Le Pays lointain 1995 Proses Le Bain 1993 L'Apprentissage 1993 Du luxe et de l'impuissance 1993 Le voyage Ă la Haye 1994
2007_01_12________________________________________________________________________
Pour ma part, je pense leur demander, dans un premier temps, de lire la piĂšce et je leur montrerai la mise en scĂšne de Berreur la semaine suivante. Une mise en scĂšne ets une interprĂ©tation et j'aimerais qu'ils se fassent la leur, que nous puissions en discuter avant que ne leur soit imposĂ© un la piĂšce de Lagarde, mais avez-vous apprĂ©ciĂ© la mise en scĂšne de Berreur ? Vraiment ? Suis-je vraiment la seule ? ChlidĂ©Niveau 9En fait, les Ă©lĂšves nâavaient pas lu la piĂšce, je leur ai proposĂ© une heure de travail autour de la lecture seule du prologue, quelques uns ont lu Ă haute voix et ensuite nous avons commentĂ© les lectures et ainsi sommes entrĂ©s dans lâĂ©tude du texte. A lâissue de lâanalyse seulement je leur ai proposĂ© plusieurs mises en scĂšnes. Mais comme toi Mehitabel, celle de Berreur... je nâaccroche pas du tout! Mais jâessaierai de regarder la piĂšce entiĂšre avec le lien donne plus haut. Je nâai vu que le prologue jusque lĂ . Je nâavais pas aimĂ© lâadaptation de Dolan avant dâavoir bien Ă©tudiĂ© la piĂšce avec les Ă©lĂšves. Je lâai revu rĂ©cemment et ai finalement beaucoup apprĂ©ciĂ© et mieux compris les choix ChlidĂ© a Ă©critEn fait, les Ă©lĂšves nâavaient pas lu la piĂšce, je leur ai proposĂ© une heure de travail autour de la lecture seule du prologue, quelques uns ont lu Ă haute voix et ensuite nous avons commentĂ© les lectures et ainsi sommes entrĂ©s dans lâĂ©tude du texte. A lâissue de lâanalyse seulement je leur ai proposĂ© plusieurs mises en scĂšnes. Mais comme toi Mehitabel, celle de Berreur... je nâaccroche pas du tout! Mais jâessaierai de regarder la piĂšce entiĂšre avec le lien donne plus haut. Je nâai vu que le prologue jusque lĂ . Je nâavais pas aimĂ© lâadaptation de Dolan avant dâavoir bien Ă©tudiĂ© la piĂšce avec les Ă©lĂšves. Je lâai revu rĂ©cemment et ai finalement beaucoup apprĂ©ciĂ© et mieux compris les choix engagĂ©s. Il faudrait que je regarde Ă nouveau Dolan d'aprĂšs ce que tu me dis, j'apprĂ©cierais peut-ĂȘtre davantage. Je suis trĂšs trĂšs gĂȘnĂ©e par l'Ăąge des acteurs dans la piĂšce de Berreur, et l'acteur qui joue Louis ChlidĂ©Niveau 9Pour le film, jâai regardĂ© 20 minutes, ai Ă©tĂ© choquĂ©e par la vulgaritĂ© exacerbĂ©e dâAntoine et lâallure outranciĂšre de la mĂšre, puis cette espĂšce de ralenti entre Louis et Catherine que jâai cru ĂȘtre un coup de foudre. Jâai coupĂ©. Finalement jâai discutĂ© avec un collĂšgue qui a la certification de cinĂ©ma et qui mâa expliquĂ© la cinĂ©matographie de Dolan et lâimportance du rĂŽle de la mĂšre. Et vraiment jâai quand mĂȘme apprĂ©ciĂ©, et trouvĂ© puissants certains personnages et trĂšs interessantes certaines scĂšnes. Mais il mâa fallu ce temps nĂ©cessaire dâappropriation de la piĂšce que je ne connaissais pas avant de lâĂ©tudier cette 1 Mehitabel a Ă©critJe suis trĂšs trĂšs gĂȘnĂ©e par l'Ăąge des acteurs dans la piĂšce de Berreur, et l'acteur qui joue Louis En fait cette mise-en-scĂšne rĂ©pond Ă un des questionnements de la piĂšce, Ă de trĂšs nombreuses reprises il est question de jouer un jeu, mentir, de mĂȘme la fameuse didascalie liminaire "l'annĂ©e entiĂšre", ainsi il est tout Ă fait possible de comprendre cette piĂšce comme une reprĂ©sentation imaginaire de Louis, un Louis qui n'a peut-ĂȘtre pas 34 ans mais bien plus. La majoritĂ© des Ă©changes entre Louis et un membre de sa famille est construite de façon Ă ce que son interlocuteur imagine ce qu'il est, comment il agit exemple Suzanne "je ne t'imaginais pas comme ça/ comme ça que je t'imaginais" ou la fameuse scĂšne de Louis au cafĂ© par Antoine, ne serait-ce pas alors un moyen de gagner pour Louis que d'imaginer tout cela ? De prendre sa revanche sans avoir Ă les "tuer un par un" dans le deuxiĂšme ou troisiĂšme monologue je ne sais plus. Berreur connaissant trĂšs bien Lagarce, cette mise-en-scĂšne tĂ©moigne d'une lecture certes spĂ©cifique mais trĂšs intĂ©ressante de la piĂšce. sinanNiveau 8Une idĂ©e de sujet de dissertation ?LDRNiveau 5 sinan a Ă©critUne idĂ©e de sujet de dissertation ? Avec un petit cafĂ©, aussi? gregforeverExpert spĂ©cialisĂ©Dans l'Ă©dition reçue j'ai trouvĂ©Les non-dits et les secrets familiaux constituent-ils des moteurs efficaces de l'action dramatique?"Dire/seulement dire" affirme Louis dans le prologue de Juste la fin du monde. En quoi la parole l'usage qu'on fait du langage sont -ils un puissant ressort dramatique dans les piĂšces qui ont pour thĂšme la famille?sinanNiveau 8 LDR a Ă©crit sinan a Ă©critUne idĂ©e de sujet de dissertation ? Avec un petit cafĂ©, aussi? Merci pour l'offre !J'aime bien ce parcours, mais je trouve qu'il n'est pas facile de trouver un sujet de dissertation. Les deux sujets dans l'Ă©dition Ătonnants classiques ne m'inspirent pas trop...RellNiveau 6Je suis un peu gĂȘnĂ© par le fait que la collection Etonnants Classiques qualifie la scĂšne 3 de la 1Ăšre partie de "monologue" de Suzanne. Pour moi, ce n'est pas un monologue. Certes, elle est seule Ă parler, mais elle s'adresse Ă Louis, prĂ©sent sur scĂšne et prĂ©sent aussi dans le texte puisque l'on sait qu'il rit quand Suzanne parle de son "don" "tu ris". Selon le Dictionnaire du littĂ©raire, "Il y a monologue lorsqu'une personne ou un personnage parle Ă voix haute et pour soi-mĂȘme". Ce n'est pas le cas ici. Qu'en pensez-vous ?_________________Classes 2020-2021 deux classes de 1Ăšre gĂ©nĂ©rale + HLP 1Ăšre"Le temps Ă©tait encore tĂ©nĂ©breux et sentant l'infĂ©licitĂ© et calamitĂ© des Goths, qui avaient mis Ă destruction toute bonne littĂ©rature ; mais, par la bontĂ© divine, la lumiĂšre et dignitĂ© a estĂ© de mon Ăąge rendue Ăšs lettres [...] Maintenant toutes disciplines sont restituĂ©es, les langues instaurĂ©es, grecque, sans laquelle c'est honte que une personne se die savant, HĂ©braĂŻque, ChaldaĂŻque, Latine "[...]François Rabelais, Les Horribles et Ăpouvantables Faits et Prouesses du trĂšs renommĂ© Pantagruel, chap. 8, 1Fais soliloquer Suzanne et le problĂšme est rĂ©glĂ© ! LDRNiveau 5Mouais... Je crois pas que le problĂšme soit rĂ©glĂ©. Monologue et soliloque supposent la mĂȘme chose en termes de personnages prĂ©sents sur scĂšne seul celui qui parle, mais diffĂšrent quant Ă la destination multiple, pour le monologue, sans destination autre qu'Ă soi-mĂȘme, pas mĂȘme le public, pour le soliloque, d'aprĂšs Ubersfeld qui considĂšre mĂȘme qu'en rĂ©alitĂ© il n'existe que peu de soliloques au théùtre. J'ai repris la terminologie d'Ubersfeld qui thĂ©orise la notion de quasi-monologue quant au théùtre contemporain "le théùtre contemporain ne se contente pas de se servir du monologue, il le rĂ©insĂšre Ă l'intĂ©rieur mĂȘme du dialogue" comme le suggĂšre Eric DuchĂątel dans son dossier pĂ©dagogique CNDP sur Lagarce pour la spĂ©cialitĂ© théùtre. Le quasi-monologue suppose une parole unique, qui efface complĂštement l'autre voire supprime toute possible communication avec lui, mais rend fragile cette parole d'apparence solitaire du fait mĂȘme de la prĂ©sence d'un autre ou de plusieurs autres personnages. Le quasi-monologue entend comme une volontĂ© de disparaĂźtre par la parole, chez les personnages de Lagarce - tous sont submergĂ©s, tant ceux qui parlent, que ceux qui Ă©coutent et/ou cherchent Ă DarkNiveau 1Je rĂ©ponds un peu tard mais personnellement je conseillerais la mise en scĂšne de M. Raskine Ă la ComĂ©die-Française en 2008, bon contrepoint Ă celle de F. Berreur. Les analyses comparatives des deux mises en scĂšne sont 6 LDR a Ă©critMouais... Je crois pas que le problĂšme soit rĂ©glĂ©. Monologue et soliloque supposent la mĂȘme chose en termes de personnages prĂ©sents sur scĂšne seul celui qui parle, mais diffĂšrent quant Ă la destination multiple, pour le monologue, sans destination autre qu'Ă soi-mĂȘme, pas mĂȘme le public, pour le soliloque, d'aprĂšs Ubersfeld qui considĂšre mĂȘme qu'en rĂ©alitĂ© il n'existe que peu de soliloques au théùtre. J'ai repris la terminologie d'Ubersfeld qui thĂ©orise la notion de quasi-monologue quant au théùtre contemporain "le théùtre contemporain ne se contente pas de se servir du monologue, il le rĂ©insĂšre Ă l'intĂ©rieur mĂȘme du dialogue" comme le suggĂšre Eric DuchĂątel dans son dossier pĂ©dagogique CNDP sur Lagarce pour la spĂ©cialitĂ© théùtre. Le quasi-monologue suppose une parole unique, qui efface complĂštement l'autre voire supprime toute possible communication avec lui, mais rend fragile cette parole d'apparence solitaire du fait mĂȘme de la prĂ©sence d'un autre ou de plusieurs autres personnages. Le quasi-monologue entend comme une volontĂ© de disparaĂźtre par la parole, chez les personnages de Lagarce - tous sont submergĂ©s, tant ceux qui parlent, que ceux qui Ă©coutent et/ou cherchent Ă parler. J'avais vu ça aussi, mais, pour moi Louis est trĂšs prĂ©sent dans cet Ă©change il est l'objet et le destinataire de la parole de Suzanne, qui rend compte de son attitude avec la didascalie interne "tu ris". Elle ne lui laisse pas la possibilitĂ© de s'exprimer mais ne l'efface pas complĂštement non 2020-2021 deux classes de 1Ăšre gĂ©nĂ©rale + HLP 1Ăšre"Le temps Ă©tait encore tĂ©nĂ©breux et sentant l'infĂ©licitĂ© et calamitĂ© des Goths, qui avaient mis Ă destruction toute bonne littĂ©rature ; mais, par la bontĂ© divine, la lumiĂšre et dignitĂ© a estĂ© de mon Ăąge rendue Ăšs lettres [...] Maintenant toutes disciplines sont restituĂ©es, les langues instaurĂ©es, grecque, sans laquelle c'est honte que une personne se die savant, HĂ©braĂŻque, ChaldaĂŻque, Latine "[...]François Rabelais, Les Horribles et Ăpouvantables Faits et Prouesses du trĂšs renommĂ© Pantagruel, chap. 8, 5Justement, ça rend le soliloque obsolĂšte, puisqu'Ubersfeld considĂšre qu'il y a soliloque lorsque la parole n'est destinĂ©e qu'Ă soi, pas mĂȘme au public. Du point de vue du dispositif scĂ©nique, il n'y a pas que Suzanne, donc ça Ă©limine le monologue. On parle parfois de monologue quand le personnage se croit seul sur scĂšne, ce qui n'est ici pas le cas contrairement Ă IntermĂšde, scĂšne 3. Ne restent que la tirade, ou le quasi-monologue. Je trouve que le deuxiĂšme contient une connotation stylistique qui sous-entend la volontĂ© d'effacer l'autre - mais peut-ĂȘtre pas l'actualisation de cet effacement. Tout est lĂ , chez Lagarce, et notamment dans la parole rare voire absente de Louis Louis demeure prĂ©sent, se tait-il par faiblesse dans le rapport de force, ou par volontĂ©, comme le laisse penser le Prologue oĂč il se dĂ©finit comme "l'unique messager", donc maĂźtre de sa parole?0massilia0Niveau 6Bonjour, que pensez-vous du sujet sur Lagarce tombĂ© aujourd'hui ? Diriez vous que Juste la fin du monde est un drame intime ?Je le trouve assez dur, et vous ? Rien ne me vient sur une antithĂšse possible... DorineNiveau 9C'est en lien avec le parcours crise personnelle, crise familiale. Je ne le trouve pas particuliĂšrement Ă©dition par Dorine le Jeu 17 Juin 2021 - 1710, Ă©ditĂ© 1 foisSimonellaNiveau 7Dans les textes officiels, ils disent bien que le plan dialectique n'est plus exigĂ©, qu'on accepte une grande souplesse dans le plan 6Du coup, vous auriez des pistes Ă proposer ? Je veux bien ne pas faire de plan dialectique mais la question engageait tout de mĂȘme une discussion non ? Surtout avec le alors, oui je le dirais pour telle et telle raison ? SimonellaNiveau 7Quoi qu'il en soit, tu as raison, quel que soit le plan adoptĂ©, il faut nuancer, intime et drame familial, la parole qui permettrait de dĂ©passer ces crises devient 6ok, pour moi, ce qui relĂšve de la famille est aussi de l'ordre de l'intime, d'oĂč mon questionnement. Du coup si on considĂšre que "intime" renvoie Ă la crise personnelle, ça parait plus simple, mais il ne faut pas trop approfondir le sens des mots je trouve. Et parler de la parole, oui de toutes façons. Mercicannelle21VĂ©nĂ©rableBonjour Ă tous,Je commence Ă ĂȘtre en retard avec mes STMG. J'aimerais faire avec eux un commentaire d'un texte de théùtre avant les vacances. J'aimerais qu'il soit plutĂŽt en lien avec le parcours, mĂȘme si je sais que ce n'est pas obligatoire. Est-ce que quelqu'un aurait un sujet et un corrigĂ© ? Je sais que j'abuse mais j'ai Ă©tĂ© malade et suis complĂštement Ă la y a des gens si bĂȘtes que si une idĂ©e apparaissait Ă la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiĂ©e de spĂ©cialisĂ©Le passage d'Antigone avec la tirade CrĂ©on ça rentre dans le parcours et comme le passage a Ă©tĂ© donnĂ© au bac il y a des corrigĂ©s gregforever a Ă©critLe passage d'Antigone avec la tirade CrĂ©on ça rentre dans le parcours et comme le passage a Ă©tĂ© donnĂ© au bac il y a des corrigĂ©s partout. Mais oui !!! Super. Tu sauves mon cerveau en y a des gens si bĂȘtes que si une idĂ©e apparaissait Ă la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiĂ©e de 9 cannelle21 a Ă©critBonjour Ă tous,Je commence Ă ĂȘtre en retard avec mes STMG. J'aimerais faire avec eux un commentaire d'un texte de théùtre avant les vacances. J'aimerais qu'il soit plutĂŽt en lien avec le parcours, mĂȘme si je sais que ce n'est pas obligatoire. Est-ce que quelqu'un aurait un sujet et un corrigĂ© ? Je sais que j'abuse mais j'ai Ă©tĂ© malade et suis complĂštement Ă la ramasse. Tu as aussi Les Mouches, de Sartre, le monologue d'Electre pendant qu'Oreste tue leur similairesJuste la fin du monde Lagarce / Dolan[Programme 1re] Juste la fin du monde Lagarce - Mise en scĂšne CF disparue ! HELP[Lettres lycĂ©e] Lecture cursive en parallĂšle Ă Juste la fin du monde [Lettres lycĂ©e] Parcours et OI ou parcours avec OIParcours Ă©ducatifs le "parcours d'excellence"Sauter versPermission de ce forumVous ne pouvez pas rĂ©pondre aux sujets dans ce forumlaphilosophie nous Ă©loigne-t-elle du monde. tarte camembert lardons poireaux; exemple de courrier de demande de rattachement; soupe poireaux sans pomme de terre ; location piscine privĂ©e tours. chambre d'hĂŽte ingersheim; location poussette paris; pubalgie huile essentielle; pĂątes aux crevettes thermomix; ACCESSIBLE FINANCIAL RESOURCES > Uncategorized >
Juste la fin du monde est l'une des derniĂšres piĂšces de théùtre de Jean-Luc Lagarce, Ă©crite peu de temps aprĂšs qu'il a appris sa sĂ©ropositivitĂ©. Les notes de crĂ©ation conservĂ©es dans son Journal rĂ©vĂšlent que cette piĂšce s'intitulait Ă l'origine Quelques Ă©claircies. Si la trame reste la mĂȘme un homme dĂ©cide de rendre visite Ă sa famille pour lui annoncer sa mort prochaine, l'Ă©volution du titre manifeste le changement de tonalitĂ© de l'Ćuvre l'optimisme esquissĂ© par les Ă©claircies laisse place Ă un sentiment de fin du monde, perçu tantĂŽt comme tragique, tantĂŽt comme Du drame familial Ă la comĂ©die de la familleUne reconnaissance manquĂ©eLe retour du hĂ©ros dans la maison familiale aprĂšs plusieurs annĂ©es d'absence s'accompagne d'un dĂ©sir celui d'ĂȘtre reconnu par les siens. Il peut ĂȘtre compris comme une volontĂ© de donner Ă ses proches une seconde chance de le connaĂźtre re-connaĂźtre prend alors le sens de connaĂźtre une seconde fois et de leur permettre de dĂ©couvrir ses qualitĂ©s reconnaĂźtre prend alors le sens d'obtenir la considĂ©ration des autres. Sur le plan dramaturgique, la reconnaissance » est aussi un procĂ©dĂ© théùtral, employĂ© habituellement Ă la fin d'une piĂšce pour en permettre le dans cette piĂšce, tout se joue dĂšs le dĂ©but Louis doit se faire reconnaĂźtre par ses proches et il a un secret Ă leur avouer. Mais il ne parvient Ă faire ni l'un ni l'autre. C'est son frĂšre, Antoine, qui entĂ©rine cette reconnaissance manquĂ©e tu ne sais pas qui je suis, / tu ne l'as jamais su, / ce n'est pas ta faute et ce n'est pas de la mienne / non plus, moi non plus, je ne te connais pas [âŠ] / on ne se connaĂźt pas » partie 1, sc. 11. Si toute reconnaissance est impossible, c'est que les personnages avouent ne s'ĂȘtre jamais connus. Ils se rĂ©vĂšlent prisonniers des rĂŽles qu'ils se sont attribuĂ©s les uns aux vaine tentative de dĂ©-jouerLe retour de Louis peut de ce fait apparaĂźtre comme une tentative de dĂ©-jouer dĂ©jouer l'intrigue qu'il prĂ©voit, dĂ©-jouer la distribution des rĂŽles. Lorsqu'il a entrepris son voyage, il savait dĂ©jĂ quelle tournure allaient prendre les Ă©vĂ©nements c'est exactement ainsi, / lorsque j'y rĂ©flĂ©chis, / que j'avais imaginĂ© les choses, / vers la fin de la journĂ©e, / sans avoir rien dit de ce qui me tenait Ă cĆur / â c'est juste une idĂ©e mais elle n'est pas jouable » partie 2, sc. 1. PrĂ©voyant tout ce qui va advenir, Louis voudrait en contrarier le cours et imposer une nouvelle trame Ă l'histoire familiale. Mais il rĂ©alise vite que ce projet n'est pas jouable » il est condamnĂ©, comme les autres, Ă endosser son costume chacun joue en effet sa comĂ©die familiĂšre et familiale. Louis est le frĂšre aĂźnĂ© dĂ©sirable et lointain, distant » intermĂšde, sc. 5, Antoine, le frĂšre au mauvais caractĂšre, bornĂ© » partie 1, sc. 4, Suzanne, la petite sĆur qui parle trop, la mĂšre, celle qui ressasse et Catherine, la belle-sĆur simple, claire, prĂ©cise » partie 1, sc. 7. Chaque personnage Ă©nonce un jugement sur les autres dont aucun ne peut se libĂ©rer, comme le dĂ©clare Antoine Ă Louis car tu le voudrais, tu ne saurais plus t'en dĂ©faire, tu es pris Ă ce rĂŽle » partie 2, sc. 3. Ă tel point que Suzanne, la petite sĆur, indique Ă Louis le moment de la conversation oĂč il faudrait qu'il lui dise Ta gueule, Suzanne » et que celui-ci, pour respecter le jeu de rĂŽles, s'exĂ©cute partie 1, sc. 7. II. Une piĂšce sans actionUne structure statiqueL'une des particularitĂ©s de cette piĂšce est l'absence d'action qu'elle prĂ©sente il ne se passe rien, les seuls actes observables sont des actes de langage. La structure de la piĂšce repose sur des scĂšnes comme juxtaposĂ©es, une suite de paroles isolĂ©es soit le dialogue ne prend pas entre les personnages dans les scĂšnes de groupe, soit la parole est confisquĂ©e par un seul personnage durant une scĂšne entiĂšre, donnant lieu Ă une succession de parole solitaire de Louis vient rĂ©guliĂšrement ponctuer la piĂšce au dĂ©but prologue, Ă la fin Ă©pilogue et au dĂ©but de la seconde partie sc. 1. Au centre de la piĂšce survient l'intermĂšde, comme dans un hors-temps, un hors-lieu, Ă mi-chemin entre le rĂȘve et le fantasme, contribuant Ă fragmenter un peu plus la temporalitĂ©, Ă disloquer le rĂ©el. Pas de pĂ©ripĂ©ties, pas de coups de théùtre, il n'est question que de langage de la volontĂ© de dire, de l'incapacitĂ© de en l'airTout comme aucune action ne s'engage, aucune parole ne se rĂ©alise le langage ne fait que sanctionner l'impossibilitĂ© de l'action. Les personnages ne font que dire ce qu'ils feraient si, Ă©noncer ce qu'ils diraient si Je souhaite quant Ă moi, / ce que je souhaitais, / je serais heureux de pouvoir⊠» partie 1, sc. 6. Les nombreuses Ă©panorthoses, le plus souvent exprimĂ©es par des changements de temps et de modes des verbes, indiquent le caractĂšre vellĂ©itaire des paroles la vellĂ©itĂ© au mensonge, il n'y a d'ailleurs qu'un pas et les personnages se complaisent en fausses promesses. La mĂšre demande ainsi Ă Louis de mentir mĂȘme si ce n'est pas vrai, un mensonge qu'est-ce que ça fait ? Juste une promesse qu'on fait en sachant par avance qu'on ne la tiendra pas » partie 1, sc. 8.III. Dire la lente paralysie de la vieDialogues de sourds-muetsJuste la fin du monde met en scĂšne l'Ă©chec du dialogue chacun se heurte Ă la difficultĂ© de dire Ă l'autre ce qu'il voudrait exprimer. Louis le premier, dans la scĂšne 5 de la premiĂšre partie, avoue qu'il ne trouve pas les mots » avant de conclure que sa famille l'aime comme un mort, sans pouvoir ni savoir jamais rien [lui] dire ». Il est pris entre priĂšres de parler et priĂšres de se taire. Suzanne et la mĂšre veulent qu'il se dĂ©voile, qu'il raconte. Ă l'inverse, Catherine et Antoine lui intiment l'ordre de ne rien la difficultĂ© pour Louis de parler rĂ©pond le refus d'Antoine d'Ă©couter tu voudras me parler / et il faudra que j'Ă©coute / et je n'ai pas envie d'Ă©couter » partie 1, sc. 11. DĂšs lors que l'un des personnages prend la parole, ou il s'excuse de le faire ou il s'emploie Ă fournir une interprĂ©tation des mots qu'il prononce, comme la mĂšre qui ne cesse de commenter son propre discours ce que j'essaie de dire » partie 1, sc. 4. MinĂ© de toutes parts, le dialogue ne peut s' l'inĂ©luctableSi les personnages ne parviennent pas Ă communiquer, c'est aussi que toutes leurs amorces de conversations sont arrimĂ©es au passĂ©. Un passĂ© que chacun recrĂ©e Ă sa façon, sur lequel chacun a son mot dĂ©finitif Ă dire, comme l'explique la mĂšre dans la scĂšne 8 de la premiĂšre partie. Pour chacun des personnages, il ne s'agit que d'exposer son point de vue, sa vĂ©ritĂ©, comme le permet au théùtre la focalisation cette piĂšce, et cela fait sa singularitĂ©, semble adopter une focalisation interne en privilĂ©giant le point de vue de Louis qui, dĂ©passant les limites du personnage de théùtre, se place en narrateur et en tĂ©moin d'une histoire qu'il raconte autant qu'il la rejoue, brouillant les frontiĂšres entre les genres pour la dissertation les enjeux du parcoursâ Festen de Thomas Vinterberg, 1998Helge, pĂšre de famille danois, fĂȘte ses soixante ans. Ă cette occasion, il invite toute sa famille pour une grande cĂ©lĂ©bration. Son fils aĂźnĂ©, qui a fait sa vie Ă Paris et dont la sĆur jumelle s'est suicidĂ©e des annĂ©es auparavant, revient spĂ©cialement et prononce un discours en l'honneur de son pĂšre, que tous attendent avec impatience. Il y rĂ©vĂšle devant l'assemblĂ©e que son pĂšre les a violĂ©s, lui et sa sĆur, durant leur enfance, et qu'il est temps qu'il rende des points communs avec la piĂšce de Lagarce sont nombreux on retrouve le retour d'un membre de la famille venu dans l'intention d'apporter une nouvelle qui va en bouleverser l'Ă©quilibre. Le protagoniste est lui aussi blessĂ© et traumatisĂ© par ce qu'il vient annoncer et sait qu'il va devoir faire face Ă des rĂ©actions hostiles. La crise est donc personnelle, mais aussi familiale elle implique les autres, et le rĂ©cit va s'attacher Ă dĂ©crire l'interaction entre un individu et le groupe auquel il appartient, et qui a tendance Ă faire bloc contre diffĂ©rence rĂ©side dans le mobile de cette nouvelle chez Lagarce, Louis doit annoncer sa maladie et sa mort prochaine. Chez Vinterberg, Christian va dĂ©truire la famille en dĂ©voilant les crimes du pĂšre. Pourtant, le traitement est assez similaire est surtout dĂ©crite la maniĂšre dont le groupe rĂ©agit, et s'organise presque inconsciemment pour rejeter celui qui se distingue. Christian et Louis sont en effet tous les deux des Ă©lectrons libres, qui ont fait leur vie ailleurs, pour se protĂ©ger d'une cellule qu'ils jugent toxique. Lagarce et Vinterberg veulent tous les deux dissĂ©quer son fonctionnement, et la maniĂšre dont une hystĂ©rie collective peut se mettre en place pour empĂȘcher le rebelle de parler, pour le discrĂ©diter ou l' question de la famille rejoint les thĂ©matiques universelles de la tragĂ©die on le voit dans le rapport au pĂšre, mais aussi dans la rivalitĂ© entre les frĂšres, qui existe aussi bien chez le dramaturge que le cinĂ©aste entre jalousie et convoitise du statut du fils prĂ©fĂ©rĂ©, les liens fraternels se nouent toujours avec agressivitĂ© et maladresse, empĂȘchant une rĂ©elle communication. Le lien Ă la mĂšre, enfermĂ©e dans un rĂŽle qu'elle a Ă©crit au fil des annĂ©es, est Ă©galement similaire incapable de voir les ĂȘtres changer autour d'elle, convaincue de la lĂ©gende dans laquelle elle a figĂ© sa famille, elle est celle qui, malgrĂ© des sentiments sincĂšres, oppose le plus de rĂ©sistance Ă la prĂ©sence de celui qui voudrait parler, rĂ©vĂ©ler et assainir les le plan esthĂ©tique, la diffĂ©rence entre théùtre et cinĂ©ma est particuliĂšrement intĂ©ressante le monologue prĂ©domine chez Lagarce, et une rĂ©flexion sur la langue et sa capacitĂ© Ă dire juste est une des thĂ©matiques essentielles de la piĂšce. Vinterberg a quant Ă lui optĂ© pour une esthĂ©tique trĂšs particuliĂšre, issue du Dogme95, dans laquelle l'authenticitĂ© la plus grande est requise plans-sĂ©quences, camĂ©ra Ă l'Ă©paule, cris, interruptions et interactions violentes donnent Ă l'Ćuvre une force fondĂ©e sur la spontanĂ©itĂ©.â Serre-moi fort de Mathieu Amalric, 2021Ce film est adaptĂ© d 'une piĂšce de théùtre qui n 'a jamais Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ©e sur scĂšne. Les premiĂšres sĂ©quences montrent une mĂšre de famille quittant discrĂštement la maison au petit matin et s 'enfuyant en voiture vers la mer. On voit, en parallĂšle, la vie de ceux qui restent â son mari, sa fille, son fils â, et qui vont devoir apprendre Ă vivre avec son absence. Mais le rĂ©cit fragmentaire va progressivement rĂ©vĂ©ler des vĂ©ritĂ©s bien cellule familiale Ă©voquĂ©e ici est plus jeune que chez Lagarce les enfants y ont encore toute leur innocence, et les sĂ©quences qui leur sont consacrĂ©es dressent le portrait d'un bonheur simple et quotidien, entre repas, retour de l'Ă©cole, jeux et partage. Mais la crise n'est pas moins prĂ©sente. Mathieu Amalric montre, du point de vue de la mĂšre qui s'absente, ce Ă quoi elle n'a plus droit, sans qu'on sache dans un premier temps la raison pour laquelle elle se prive de vivre auprĂšs d'eux, alors qu'elle passe visiblement son temps Ă penser Ă eux. Sa crise personnelle est une sorte d'odyssĂ©e en dehors de la maison familiale, un road movie qui lui fait expĂ©rimenter une solitude qu'elle ne connaissait plus. Mais le montage la ramĂšne sans cesse aux siens, qu'elle ne parvient pas Ă oublier.[Avertissement si vous comptez voir le film, ne lisez les lignes suivantes qu'aprĂšs le visionnage, qui serait gĂąchĂ© par les rĂ©vĂ©lations qu'elles contiennent.] La construction non linĂ©aire du rĂ©cit nous apprendra progressivement la vĂ©ritĂ© en rĂ©alitĂ©, la famille a disparu dans une avalanche, et la mĂšre doit attendre la fonte des glaces pour rĂ©cupĂ©rer les corps. Durant cette pĂ©riode de flottement, elle parcourt la rĂ©gion autour de chez elle, et s'invente une fugue en imaginant les siens continuer Ă vivre, ce qui lui rend plus supportable le deuil auquel elle va devoir immanquablement se confronter. La crise est donc surtout personnelle la mĂšre voit subitement tout son univers disparaĂźtre et doit composer avec la plus terrible des douleurs. En Ă©crivant la vie de son mari, sa fille et son fils, elle construit la crise familiale qui pourrait rĂ©sulter de son dĂ©part une façon, pour elle, de se consoler de sa perte en pensant Ă quel point elle pourrait aussi manquer Ă ceux qui ne sont plus lĂ pour la Corpus crise personnelle, crise familialeTragĂ©die et familleDans la tragĂ©die, le hĂ©ros ou l'hĂ©roĂŻne tente vainement d'Ă©chapper Ă une malĂ©diction familiale. Ainsi, l'histoire des grandes familles tragiques de la mythologie grĂ©co-romaine que sont les Atrides Agamemnon, MĂ©nĂ©las, Clytemnestre, IphigĂ©nie, Oreste et Ălectre et les Labdacides Ćdipe, Jocaste, ĂtĂ©ocle et Polynice, Antigone, IsmĂšne ont inspirĂ© les trois grands auteurs tragiques grecs, Eschyle, Sophocle et Euripide. Eschyle s'intĂ©resse aux Labdacides dans Les Sept contre ThĂšbes et aux Atrides dans l'Orestie. Sophocle consacre trois piĂšces aux Labdacides, Antigone, Ćdipe roi, Ćdipe Ă Colone et une aux Atrides, Ălectre. Euripide quant Ă lui s'intĂ©resse aux Atrides avec Ălectre, Oreste, IphigĂ©nie en Tauride et IphigĂ©nie Ă Aulis. La tragĂ©die explique le destin funeste du hĂ©ros ou de l'hĂ©roĂŻne tragique par leur ascendance ils sont condamnĂ©s Ă expier malgrĂ© eux des crimes commis par leurs ancĂȘtres, comme PhĂšdre encore, protagoniste des piĂšces de SĂ©nĂšque et de fratricidesSujet Ă la fois mythologique Romulus et RĂ©mus et biblique CaĂŻn et Abel, la lutte entre deux frĂšres a souvent Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ©e sur scĂšne. Le combat entre ĂtĂ©ocle et Polynice, les fils d'Ćdipe, a par exemple inspirĂ© Eschyle Les Sept contre ThĂšbes d'Eschyle et Racine La ThĂ©baĂŻde. C'est encore ce thĂšme qui intĂ©resse Racine dans sa tragĂ©die Britannicus qui met en scĂšne l'assassinat de Britannicus par son frĂšre et familleLa comĂ©die est elle aussi fondĂ©e sur des histoires de famille mais, par dĂ©finition, plus lĂ©gĂšre. Le mariage en est la grande affaire et il s'agit pour le hĂ©ros ou l'hĂ©roĂŻne d'Ă©chapper Ă un mariage d'affaires conclu par son pĂšre ou sa mĂšre afin d'Ă©pouser l'Ă©lue de son cĆur et fonder sa propre famille. La comĂ©die se plaĂźt alors Ă croquer les membres de la famille en types » souvent hĂ©ritĂ©s de la commedia dell'arte la grand-mĂšre parangon de morale chrĂ©tienne, le pĂšre avare ou hypocondriaque, la belle-mĂšre vĂ©nale, la jeune fille innocente, le fils naĂŻf, etc. On retrouve ces personnages dans diffĂ©rentes piĂšces de MoliĂšre comme L'Ăcole des femmes, Tartuffe, Le MĂ©decin malgrĂ© lui, Le Malade imaginaire, etc. Dans la comĂ©die comme dans la tragĂ©die, le hĂ©ros ou l'hĂ©roĂŻne tentent d'Ă©chapper Ă l'emprise sĆurs, cinq sĆursDans le théùtre du xxe siĂšcle, le personnage de la sĆur reprĂ©sente souvent le type de la femme qui n'a pas rĂ©ussi Ă vivre sa vie, dĂ©chirĂ©e entre aspirations personnelles et fidĂ©litĂ© Ă l'ordre familial dont elle finit par rester prisonniĂšre. Plusieurs auteurs se sont plu Ă mettre en scĂšne des fratries uniquement composĂ©es de sĆurs qui attendent indĂ©finiment dans leur maison que quelque chose arrive, comme Tchekhov avec Les Trois SĆurs, GarcĂa Lorca avec La Maison de Bernarda Alba et Lagarce avec J'Ă©tais dans ma maison et j'attendais que la pluie pour l'oralâ Juste la fin du monde de Xavier Dolan, 2016L'adaptation de la piĂšce de Lagarce par Xavier Dolan peut bien Ă©videmment ĂȘtre Ă©voquĂ©e lors de l'oral. Il sera alors important d'en mentionner les spĂ©cificitĂ©s et de montrer dans quelle mesure on peut la considĂ©rer comme un prolongement du texte. Pour cela, prĂ©voir une comparaison entre une captation de la piĂšce et la version qu'en propose le choix divergents ont Ă©tĂ© faits par rapport Ă la piĂšce le texte est lĂ©gĂšrement remaniĂ©, il n'y a pas d'Ă©pilogue. De la mĂȘme maniĂšre, l'ajout de flash-back permet quelques Ă©chappĂ©es hors du prĂ©sent, ainsi que la matĂ©rialisation Ă l'image de souvenirs d'un temps perdu pour Louis, lors de sĂ©quences trĂšs lyriques. Le langage cinĂ©matographique pourra lui aussi faire l'objet de certaines remarques. Xavier Dolan, par l'usage d'objectifs Ă longues focales, fait le point sur des visages et isole le reste du dĂ©cor, voire des autres personnages Ă proximitĂ©, qui resteront flous. Cela crĂ©e un effet Ă©touffant qui permet de souligner l'incommunicabilitĂ© entre les ĂȘtres, qui ne partagent que rarement la mĂȘme zone de nettetĂ©. C'est aussi une façon de rendre invisible le lieu oĂč se dĂ©roule l'action la mention Quelque part, il y a quelque temps dĂ©jà » ouvre le film, pour faire de cette famille un groupe universel, qui renvoie Ă des thĂ©matiques explorĂ©es depuis l'AntiquitĂ© et l'invention de la la question de la tonalitĂ© est cruciale dans le film. FidĂšle Ă son cinĂ©ma voir Ă ce titre le trĂšs Ă©mouvant Mommy, sorti en 2014, traitant de la relation complexe d'un adolescent atteint de troubles du comportement avec sa mĂšre et une voisine, Xavier Dolan explore tous les ressorts du lyrisme et du registre pathĂ©tique. ConfinĂ©s dans un espace exigu qui exacerbe les passions, les membres de la famille s'affrontent, crient, pleurent, se dĂ©chirent, permettant aux comĂ©diens des performances extrĂȘmes, mais s'Ă©loignant assez de la sobriĂ©tĂ© et de l'intimitĂ© construites par Lagarce. Cette diffĂ©rence sera Ă prĂ©senter pour attester d'une bonne connaissance du texte original, et des spĂ©cificitĂ©s de l'adaptation cinĂ©matographique.â La vie est belle de Frank Capra, 1946La question de la crise personnelle est donc ici Ă©vidente c'est celle d'un homme arrivĂ© au bout de tout espoir et ne trouvant plus de solution Ă sa situation. Ă la diffĂ©rence de bien des exemples proposĂ©s, le motif est ici exclusivement Ă©conomique si George souhaite en finir, c'est parce qu'un de ses employĂ©s a Ă©garĂ© une importante somme d'argent, et que tout le projet qu'il avait mis en place pour permettre aux plus dĂ©shĂ©ritĂ©s d'accĂ©der Ă un logement est sur le point de s'effondrer. George est une sorte de saint, un homme moral, intĂšgre et dĂ©bordant d'initiative comme on en voit beaucoup dans le cinĂ©ma de Capra, et souvent incarnĂ© par le mĂȘme comĂ©dien, James Stewart. Il est dĂ©vouĂ© Ă sa communautĂ© et sa famille, mais assailli par la figure du mal, Mr Potter, qui reprĂ©sente tout ce que le capitalisme peut avoir de violent et d'indiffĂ©rent. La crise familiale est trĂšs courte dans un film qui s'attache surtout Ă montrer la maniĂšre dont la cellule s'est construite dans une certaine prĂ©caritĂ©, mais avec un amour et une rage de vivre lumineuse. Peu avant sa tentative de suicide, George, accablĂ© par la perte de l'argent, rentre chez lui, dans une demeure en pleins prĂ©paratifs de la veille de NoĂ«l, et passe sa frustration sur ses proches son Ă©pouse et ses enfants qui ignorent tout de ses problĂšmes. Une scĂšne terrible qui dissĂšque en quelques minutes les origines du mal en ce qui concerne l'Ă©quilibre d'une famille, et la maniĂšre dont les contrariĂ©tĂ©s liĂ©es Ă un domaine extĂ©rieur ici, professionnel et Ă©conomique peuvent avoir des consĂ©quences collatĂ©rales sur d'autres individus, gĂ©nĂ©ralement fragiles et innocents. Le dĂ©nouement de ce film prĂ©sentĂ© comme un conte, puisque les anges y interviennent, tend donc Ă souligner l'indispensable valeur qu'est la cellule familiale et, d'une maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale, le dĂ©vouement de l'individu Ă la collectivitĂ©. L'ange venu aider George rĂ©pond Ă son dĂ©sir de n'avoir jamais existĂ© et lui prĂ©sente un monde qui n'aurait pas pu bĂ©nĂ©ficier de sa prĂ©sence, pour lui rĂ©vĂ©ler Ă quel point son apport a Ă©tĂ© indispensable aux autres. La crise personnelle se rĂ©sout par la prise de conscience de sa valeur au regard des autres sa famille, et sa communautĂ©, avant le grand chant collectif de NoĂ«l en guise de rĂ©fĂ©rences sur la famille au cinĂ©maâ Une affaire de famille de Hirokazu Kore-eda, 2018Portrait d'une famille pauvre dans le Japon contemporain, qui, en dĂ©pit de ses larcins comme le vol Ă l'Ă©talage, parvient Ă construire bonheur et solidaritĂ© dans l'adversitĂ©. Palme d'or Ă Cannes en 2018.â La Famille Tenenbaum de Wes Anderson, 2001Portrait atypique, insolite et poĂ©tique d'une famille dans laquelle la mĂšre Ă©lĂšve ses enfants pour en faire des gĂ©nies de la finance, du théùtre et du tennis. Cette comĂ©die porte tout le charme de l'esthĂ©tique unique de son rĂ©alisateur.â Un dimanche Ă la campagne de Bertrand Tavernier, 1984Autre variation sur un dimanche de rĂ©union de famille, celle-ci se situant en 1912. Deux enfants dĂ©jĂ adultes viennent rendre visite Ă leur pĂšre, qu'ils n'Ă©coutent plus vraiment, alors que celui-ci est sur le point de mourir. Q033wC.