Au début, on les a pris pour des farfelus. Des doux dingues qui voulaient élever des chèvres et fabriquer du fromage. Ni mon associé ni moi-même n’étions issus du monde agricole, s’amuse Gérard Breton, du Gaec Desmoutiers-Breton, à Branches Centre Yonne. Joël faisait des robes de mariée à Bleury et moi j’étais cuisinier à Chemilly-sur-Yonne. On ne connaissait rien à l’élevage, rien à la fabrication de fromages. Il a fallu apprendre sur le tas. Comme on n’était pas trop conseillé, on a commis des erreurs. Certains nous disaient qu’on était de mauvais éleveurs une chèvre qui ne faisait pas beaucoup de lait mais qui était gentille, on avait tendance à la garder quand même?! » Trop sensibles, les deux associés?? Sans doute, car l’aventure a bel et bien commencé… à cause de Barbara. Quand Joël a fêté ses 40 ans, on lui a offert une chèvre noire qu’on a appelé Barbara. Pour éviter qu’elle ne s’ennuie, une autre est arrivée. Et c’est parti. » Dix-huit ans ont passé, les deux associés sont aujourd’hui à la tête d’un cheptel de 180 chèvres, de race alpine chamoisée. On a opté pour cette race parce qu’elle offrait un lait riche, avec beaucoup de matières protéiques. » En vente directe exclusivement Paysans sans terres, ils élèvent leur troupeau hors sol, le nourrissant avec des rations de céréales, de foin de pré et de luzerne. Le dernier des trois bâtiments, on l’a monté l’an dernier. Au total, nous disposons de 800 m2 qui ne sont pas attenants au laboratoire de fabrication. » Trop vieux pour prétendre aux aides à l’installation il y a 18 ans, sans terres pour bénéficier des aides Pac, les deux hommes ont tout de même créé deux emplois Julien s’occupe des chèvres avec Joël quand Rémy travaille à la fromagerie et assure la vente sur les six marchés hebdomadaires avec Gérard. La production a repris il y a trois semaines avec les premières mises bas. Nous avons redémarré notre fabrication de crottins, bûches, vézelay, bouchons à apéro et de pâtisseries à base de fromages. Tout est commercialisé en vente directe, à notre boutique 40 % de la production et sur les marchés. » Membre du réseau Bienvenue à la ferme, le Gaec s’est forgé une belle réputation. Et une clientèle locale fidèle. On a du mal à faire face à la demande. Le fromage de chèvre est très prisé. Aujourd’hui, nous sommes à l’étroit dans le labo. Et j’ai en projet de faire de la tomme », note Gérard Breton qui convient n’en avoir jamais confectionné. Mais l’inédit, c’est un peu la marque de fabrique de la fromagerie de Branches. Véronique Sellès